Isabelle Desesquelles
Belfond Pointillés
Parution : 16 août 2018
Pages : 208
EAN : 9782714479488
Prix : 18 €
Présentation de l'éditeur
arrive vraiment trop tôt, on est fauché net. On peut mourir et vivre longtemps. »
Loin du bruit du monde, Clémence grandit auprès de parents rivalisant de fantaisie. Mais elle n’a pas la voix d’une petite fille et ses mots sont ceux d’un mystère cruel. Que s’est-il passé pour que l’innocence se borde ainsi de noir ?
Plongée vertigineuse et poétique dans l’univers de l’enfance, Je voudrais que la nuit me prenne raconte le danger du bonheur. Entre trouble et éclairs de joie, ce roman explore le lien fragile et inaltérable qui nous unit à nos plus proches.
Et la redoutable force du souvenir.
Mon avis
C'est Clémence la narratrice, une petite fille de huit ans qui nous raconte ses souvenirs d'enfance, son quotidien. Elle nous parle de ses petits bonheurs, de son père instituteur amoureux des mots et des livres, de sa mère qui adore chanter, de l'amour incommensurable qui a baigné son enfance. Elle nous parle de ses Noël, de sa grand-mère, de son ami Just, de sa cousine Lise, de Trottinette sa tortue.
Un merveilleux bonheur décrit mais aussi de ses failles et de ses gouffres.
La vie est belle, on chante beaucoup chez elle, c'est un roman d'ambiance qui décrit avec beaucoup de poésie l'amour de ses parents.
C'est troublant la maturité de cette fillette baignée dans les livres et utilisant le pouvoir des mots.
Mais une ombre au tableau survient l'année de ses huit ans, tout bascule, le pourquoi reste flou.
Elle imagine l'amour, le bonheur bien avant elle, avant sa naissance, ce qui peut l'entacher. Et puis il y a aussi la préoccupation constante de la mort. La vie et la mort qui s'entrecroisent, la vie dans la mort, la mort dans la vie... la relation avec celle-ci.
Une écriture magnifique, de très jolies phrases et réflexions.
Néanmoins, je ne pense pas l'avoir lu au bon moment, je n'ai pas éprouvé le plaisir de lecture escompté. Un plaisir de lecture assez inégal qui ne m'a emporté qu'à certains moments.
Plaisir de lecture : 7/10
Les jolies phrases
Ressentir. Ce qu'il m'aura appris avant tout. La sensation des choses. D'un tout.
Quand on est un adulte, il y a tant de choses qui paraissent impossibles.
Mon père arrivait à rendre tout plus vaste, il ne nous apprenait pas seulement à lire, à écrire, à calculer, mais aussi à réfléchir. Il vous donnait envie de l'intelligence, de ne pas être des copiés-collés.
...je réalisais combien l'absence est une présence.
Un mort, est-ce qu'il peut attendre beaucoup d'années un vivant ?
- Grand-père Pierre, tu sais où il est dans le ciel ? C'est quand même grand. Faut qu'on arrive à mourir au même endroit tous les trois, qu'il y ait pas de cachette possible.
- Grand-père Pierre tu le sais il est avec nous.
- Mais où ? On la voit pas la fin du ciel. Il va t'attendre, tu crois ? Il pourra rester assez longtemps mort ?
Mes enfants, grandir c'est renoncer tant que l'on veut tout, on ne peut qu'être insatisfait. La vie elle passe vite, pensez-y, le pire est toujours à venir.
Le cimetière, tu parles d'une résidence secondaire. C'est l'embouteillage. La terre a le ventre plein mais elle a toujours faim.
C'est difficile et c'est long de faire de son enfant un homme ou une femme. Ça dure toute une vie de parents et ce n'est pas encore assez.
Il n'y avait rien à dire, on ne se désirait pas, on désirait le désir.
Quelle plus grande présence que celle qui nous hante ?
En donnant la vie on oublie tellement qu'elle n'est qu'un prêt.
La mort d'un enfant ça s'arrête jamais, c'est comme une trahison.
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