Héloïse d'Ormesson
Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin
Parution le 07 juin 2018
Pages : 512
ISBN : 978-2-35087-450-0
Prix : 23 €
Présentation de l'éditeur
des autres ?
D’une plume tendre, Griet Op de Beeck déploie une comédie dramatique d’une sincérité criante où les non-dits façonnent l’équilibre familial. Viens ici que je t’embrasse est la preuve que l’on peut toujours bouleverser le cours tracé d’une existence.
L'auteure
Née en 1973 à Turnhout, Belgique, Griet Op de Beeck a donné pendant dix ans des cours de théâtre. Elle est aujourd'hui chroniqueuse pour De Morgen. Bien des ciels au dessus du septième, son premier roman - adapté au cinéma par Jan Matthys -, a reçu en 2013 le Prix Bronze Owl Audience. Son succès phénoménal a immédiatement propulsé Griet au premier rang des lettres néerlandaises.
Son premier roman traduit en français chez Héloïse d'Ormesson en mai 2017 "Bien des ciels au-dessus du septième"
Mon avis
Quelle belle découverte ! ♥
C'est le second roman de cette auteure flamande traduit en français par Isabelle Rosselin. Bravo pour cette belle traduction.
Mona a 9 ans, son frère Alexandre 6 lorsque leur mère meurt dans un accident de voiture dont on ne leur explique pas les circonstances. Une maman qui été très dure, à qui il arrivait d'enfermer Mona dans la cave durant quelques heures.
C'est la grand-mère qui va prendre le relais et s'imposer. Photos, vêtements, toute trace de sa présence disparaissent du jour au lendemain, ce qui n'aidera pas Mona à faire son deuil.
Très vite, son père, dentiste qui a tendance à se réfugier dans le travail leur présentera Marie et l'épousera . En janvier 1978 Marie est enceinte. Elle n'est pas toujours simple Marie, elle a des sautes d'humeur, Mona fait tout pour plaire mais du haut de ses 11 ans s'inquiète car elle craint d'être moins aimée par Marie car elle n'est pas son enfant. Marie veut d'ailleurs qu'elle l'appelle maman.
Dans cette première partie, Mona avec son regard et sa naïveté d'enfant se livre à nous , elle nous raconte avec ses mots son ressenti, ses angoisses, un raisonnement visionnaire d'adulte.
Mona fait toujours tout pour bien faire, pour être transparente, faire en sorte d'arrondir les angles, d'éviter les disputes. Elle s'occupe énormément de sa petite soeur Anne-Sophie. Elle aimerait tant que son père soit plus présent, le peu de contact et le manque de démonstration de sa part lui pèse, c'est difficile pour eux de communiquer, parler, de se dire les choses..
Second volet ; Nous sommes en 1991, Mona a 24 ans. Très vite elle a fuit la maison, son frère Alexandre a fait de même. Elle est dramaturge et travaille avec Marcus Meereman, un metteur en scène pas toujours facile. Mona rencontre Louis, un écrivain célèbre, plus âgé qu'elle, un égocentrique. Mona recherche-t-elle le père en Louis son aîné ?
Mona comme par le passé continue à s'effacer, à s'oublier, à arrondir les angles jusqu'au jour où un secret, une révélation va changer le cours des choses... à vous de le découvrir en lisant ce palpitant roman.
La dernière partie de ce roman débute en 2002 et est celle qui m'a le plus émue... mais je n'ai pas envie de vous en dire plus au niveau de cette histoire qui m'a captivée.
Une plume tout en tendresse, tout en douceur qui nous dévoile la personnalité de Mona. Une écriture qui évolue au fil du récit. Dans le premier volet, Mona est enfant, l'écriture aussi, une fraîcheur, une naïveté mais aussi une authenticité s'en dégage. Au fil de l'histoire le vocabulaire et le style évoluent, la dramaturge apparaît dans l'écriture aussi.
C'est l'histoire d'un équilibre familial, une famille comme beaucoup à l'époque je pense dans le Nord de la Belgique qui est réservée, qui n'exprime pas ses sentiments. Une certaine froideur et incommunicabilité avec le père.
Un secret pour préserver un équilibre familial, ses non-dits et puis soudain une brèche, un dialogue père fille qui se crée. Un père et une fille qui se rapprochent. J'étais émue à la lecture, les larmes aux yeux lorsqu'enfin la digue se rompt et les confidences arrivent. Vous n'êtes pas au bout de vos surprises...
Un magnifique récit sur l'amour filial. C'est un petit bijou, une plume que je vais relire c'est certain.
Ma note : un coup de coeur ♥
Les jolies phrases
Parfois c'est plus dans le vide de l'autre que l'on reconnaît le sien.
Retourner vers ce qu'on veut laisser derrière soi est plus difficile que d'y être toujours resté.
J'étais déjà grande soeur, mais maintenant je suis encore plus grande.
Je regarde Louis et me demande pourquoi au fond il existe des mots différents pour la solitude, le chagrin et l'angoisse, car ils procurent souvent la même impression. Peut-être cela vient-il de moi ?
Quand les gens me regardent gentiment, je deviens sensible. Et être sensible, ce n'est pas bon dans la vie, c'est ce que disait toujours maman.
Elle a une ride profonde entre les sourcils, comme si quelqu'un avait gravé un sillon dans l'argile avec le dos d'un couteau de cuisine, et quand elle fronce les sourcils, le sillon se creuse encore plus. Maman avait ça aussi, mais moins.
J'ai trouvé injuste que Dieu ne ressuscite que son enfant.
Les personnes qui minimisent leur souffrance, c'est toujours plus triste que celles qui passent leur temps à se plaindre.
Si vous avez une vie aussi intense que le silence que vous osez faire durer avec une inconnue sur une terrasse en haut des toits, je serais aussi tentée de ne parler qu'avec vous.
C'est souvent en signalant qu'une chose n'est pas grave qu'elle ne nous fait pas peur, qu'elle ne nous a pas attristé, que nous trahissons au contraire la violence de nos véritables émotions, même si nous croyons à l'illusion que nous nous efforçons de faire naître dans notre propre récit.
Parfois c'est dans le vide de l'autre qu'on reconnaît le sien.
Je me dis parfois que la Vérité avec un grand "V" n'existe pas, il n'y a que différentes versions des faits qui en disent long avant tout sur les différentes personnes qui les racontent, et que les gens n'entendent que ce qu'ils peuvent, ou veulent entendre, et que parfois les versions se recoupent.
1 commentaire:
Merci Nathalie pour cette belle chronique qui me donne envie de lire ce roman ! J’aime beaucoup la couverture.
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