vendredi 17 décembre 2021

Kérozène - Adeline Dieudonné ♥♥♥♥♥

 Kérozène   -    Adeline Dieudonné  ♥♥♥♥♥


























L'iconoclaste
Parution : avril 2021
Pages : 312
Isbn : 978237880201759638
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur


Drôle comme une comédie, tendu comme un thriller, mordant comme un pamphlet : le retour de la patte Dieudonné !


Une station-service, une nuit d’été, dans les Ardennes. Sous la lumière crue des néons, ils sont douze à se trouver là, en compagnie d’un cheval et d’un macchabée. Juliette, la caissière, et son collègue Sébastien, marié à Mauricio. Alika, la nounou philippine, Chelly, prof de pole dance, Joseph, représentant en acariens… Il est 23h12. Dans une minute tout va basculer. Chacun d’eux va devenir le héros d’une histoire, entre lesquelles vont se tisser parfois des liens. Un livre composite pour rire et pleurer ou pleurer de rire sur nos vies contemporaines.

Comme dans son premier roman, La Vraie Vie, l’autrice campe des destins délirants, avec humour et férocité. Elle ne nous épargne rien, Adeline Dieudonné : meurtres, scènes de baise, larmes et rires. Cependant, derrière le rire et l’inventivité débordante, Kerozene interroge le sens de l’existence et fustige ce que notre époque a d’absurde.

L'auteure





Adeline Dieudonné est née en 1982, elle habite Bruxelles. Elle a remporté avec son premier roman, La Vraie Vie, un immense succès. Multi-primé, traduit dans plus de 20 langues, ce livre a notamment reçu en 2018 le prix FNAC, le prix Renaudot des lycéens, le prix Russell et le prix Filigranes en Belgique ainsi que le Grand Prix des lectrices de ELLE en 2019.
Il s’est vendu à 300 000 exemplaires.
Source L'Iconoclaste








Mon avis

Kérozène a pour décor une station service sur l'autoroute des Ardennes, 14 personnages, un cadavre et un cheval vont d'y croiser à 23h12.

Le décor est planté pour le deuxième roman d'Adeline Dieudonné, mais peut-on parler de roman ou de nouvelles ?  Mon sentiment penche pour le roman car l'auteure distille habilement par ci, par là des indices qui vont établir des liens entre les protagonistes qui vivront à 23h12 quelque chose en commun. 
Je ne vais pas vous dévoiler le final que j'aurais aimé plus explosif ! 

Quelle galerie de personnages !

Il y a Juliette à la caisse de la station service, Chelly une danseuse de pool dance, influenceuse sur les réseaux sociaux qui ne supporte plus la médiocrité de son mari !  Elle passe à l'acte de manière violente, on baigne dans le sang, avant d'embarquer le cadavre de son mari dans son Hummer, direction pour les Ardennes.  

Du sang, elle n'est pas la seule à en faire l'expérience, Victoire, mannequin a bien l'intention d'assister aux massacres traditionnels de dauphins à Grindadrap !  Allergique à l'eau, elle déteste les dauphins...
Julianne aussi en a vu de près....  mais je vous rassure il n'y a pas que du sang, il y a surtout des personnages cabossés par la vie, souffrant souvent de solitude, de soumission, ayant vécu des drames..  Et puis il y a Red Appel, un cheval qui m'a semblé étrangement être le plus humain de tous.

Surprise on retrouve Monica de "La vraie vie", elle a 93 ans et va un peu être le lien avec les autres personnages.

L'écriture d'Adeline Dieudonné est addictive, sobre, spontanée.  Quelle imagination débordante, elle nous entraîne dans des situations improbables, trash parfois mais aussi dans l'intériorité des personnages.  Elle dépeint avec brio les malaises de notre société contemporaine, l'ultraviolence existante, nos rapports homme/femme, la domination, la lutte des classes, nos pulsions.

Elle décrit formidablement bien nos démons intérieurs.

C'est souvent féroce, parfois macabre, ironique avec un humoir noir.  C'est parfois dur, violent mais aussi invraisemblant, décalé ... mais ça fonctionne grave.  j'ai adoré.

Ma note : 9.5/10


Les jolies phrases

La vieille observait la procession de ces voyageurs nocturnes en pensant à leurs combats, à leurs peurs, à cet enchevêtrement d'événements aléatoires qui dessinnent une vie, unique et irremplaçable.

Tu bosses, tu survis, tu bosses pas, tu crèves.

Si le psychisme de Victoire avait été une maison, on aurait pu dire que ce souvenir y vivait, occupant tout l'espace, la chambre, la cuisine, le salon, la salle de bains, le jardin.  Et que Victoire se terrait, cachée dans une malle au grenier, sortant la nuit pour aller grignoter quelques restes dans la cuisine, faisant ses besoins dans un seau, pour petre sûre de ne jamais, croiser son souvenir. 

Devenir mère, ça devait être un peu comme faire sa totemisation aux scouts, une espèce de rite de passage pour accèder au cercle fermé  des initiées.  Une façon d'entrer dans la cour des grandes. 

L'important c'est de raconter.  De ne pas rentrer chez elle, où l'attend le silence.  Trouver une présence inoffensive, et tisser un lien avec elle.  La garder captive le plus longtemps possible. Raconter, revivre encore.  Cette nuit  durant laquelle tous ses voisins sont morts.  C'était il y a deux ans.  Mais c'est là encore, à chaque seconde.

Elle se dit qu'elle ressemble à son intérieur.  Froide, vide, pas habitée.

La télé devait être à Julianne ce que le feu de camp devait être aux hommes primitifs.  Elle éloignait les ténèbres, réchauffait son corps et la protégeait des prédateurs.  Lorsqu'elle l'éteignait, l'obscurité et la solitude la frappaient.  Un uppercut dans le bas du ventre qui distillait sa petite dose de déprime quotidienne.  Pour adoucir le choc, elle baissait d'abord progressivement le volume.

Il n'existe pas de luxe plus grand que celui de choisir le jour de sa mort.  La dernière bouche qu'on embrasse, le dernier regard que l'on échange.  Les bras qui nous serrent au moment de partir.

Je n'ai jamais compris pourquoi les sirènes étaient sexy.  Comment une créature sans sexe peut-elle être sexy ?


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