vendredi 11 novembre 2022

Au moins nous aurons vu la nuit - Alexandre Valassidis

 Au moins nous aurons vu la nuit  -   Alexandre Valassidis




















Gallimard
Scribes
Parution : 25 août 2022
Pages : 128
Isbn : 9782072995361
Prix : 15.50 €


Présentation de l'éditeur


« Toute cette époque, c’étaient des jours comme aujourd’hui. Des jours du ventre mou de l’été. Où le ciel s’affaisse. En se couvrant de longues traînées mauve et noir. De grandes fleurs tristes. »

Dans une ville où règnent la langueur et l’ennui, où des immeubles sombres barrent l’horizon, un jeune homme, Dylan, disparaît dans des circonstances propres à susciter toutes les interrogations. S’agit-il d’une fuite, d’une fugue, d’un meurtre ? Pour combler cette absence, le narrateur retrace ce qu’il sait de Dylan, approfondit son mystère, raconte les heures qu’ils ont passées tous les deux à errer au cœur de la nuit et qui ont peu à peu scellé leur amitié. Ces nuits à ne rien se dire, à observer. Jusqu’au jour où les deux jeunes hommes se surprennent à faire un détour dans leur itinéraire…
Au moins nous aurons vu la nuit est un livre fait d’ambiances, de brume, où les mystères semés sur le chemin ne sont pas certains d’être résolus. Entre rêve et réalité, entre récit et prose poétique, c’est le portrait émouvant et hypnotique de deux êtres qui cherchent désespérément à habiter le monde,
comme un hommage au cinéma et au roman noir.


Mon avis

C'est une nouvelle collection que nous propose Gallimard :  "Scribes".  C'est un auteur belge qui l'inaugure avec son premier roman. Alexandre Valassidis est né à Liège en 1984.  Il a déjà publié de la poésie sous le pseudo Louis Adran et l'on ressent sa poésie dans ce récit.

C'est un roman composé de 42 courts chapitres de trois pages environ qu'il nous propose.

Dylan a disparu !  Le narrateur, un post adolescent, nous raconte son quartier, la barre d'immeubles, la cité, les grands, le trou dans le grillage, l'étang, la brume, et plus loin..., le quartier des villas.

Il nous partage son inquiétude pour Dylan mais avant tout sa rencontre, le début d'une amitié, leurs balades nocturnes, leurs errances...

Les chapitres sont très courts.  Les phrases longues ou courtes souvent inachevées.  L'auteur casse les codes de la syntaxe, cela perturbe un peu au début, mais on s'y habitue très vite.

J'ai commencé la lecture à voix haute pour entendre la musicalité de la langue.  C'est noir et poétique.

Ce style particulier nous fait ressentir la nuit, une ambiance, l'errance et la solitude du narrateur.  Cela intensifie le mystère et la tension palpable dans l'écriture.

Une belle découverte, une écriture visuelle, cinématographique qui fait avant tout ressentir la nuit, entre rêve et réalité, poésie et noirceur.

Ma note : 8.5/10


Les jolies phrases

Les frontières de son monde connu, pourrait-on dire. Tout petit monde. Inscrit à l'intérieur d'un minuscule périmètre. Incluant d'une part la barre d'immeubles.  Avec le grillage autour et l'étang derrière.  Puis le studio de la cousine, d'autre part.  Juste à côté de la gare et du passage souterrain qui débouchait sur le fleuve.  Et ces deux pöles, les deux extrémités de son monde, reliés par un long terrain vague.

Nos yeux s'étaient habitués à l'absence de lumière.  Presque d'un coup.  Sans qu'on s'en soit véritablement aperçu.  Et j'ai pensé qu'il y avait des moments dans la vie où c'était comme ça.  Des moments où il fallait accepter de ne rien y voir, de ne rien savoir.  D'avancer vraiment dans la nuit.  Parfois durant un temps qui pouvait ne pas être très long.  Au bout duquel on finissait toujours par voir les lignes se dessiner.  Des chemins apparaître, ou la forme d'une idée. 

C'est alors que j'ai cru comprendre ce qu'avait peut-être été l'abri en ville de Dylan?  Malgré la noirceur qui allait avec.  Il devait y avoir cet aspect de lieu hors du temps.  Comme une vie à l'intérieur de la vie.  Une sorte de passage secret entre deux endroits.  Où jamais personne ne pourrait venir nous chercher. 






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