Le salon - Oscar lalo
Parution : 18/08/2022
Pages : 160
Isbn : 9782259306881
Prix : 18 €
Prix : 18 €
Présentation de l'éditeur
« Vous connaissez une personne, vous, qui a lu La Tentation de saint Antoine ? »
Le malentendu commence devant le bac à un euro d’une librairie de quartier. Le narrateur de cette histoire ne saurait expliquer pourquoi ce livre l’appelle, mais il tend une pièce au libraire pour que Gustave Flaubert ne fasse plus le trottoir.
Le malentendu se poursuit chez un styliste visagiste où notre héros, à la faveur d’un mauvais coup de tondeuse, se retrouve dans l’obligation de rembourser une dette colossale. Sans un sou dans le portefeuille, mais persuadé du trésor que contient son livre de poche, il propose de faire salon littéraire dans ledit salon de coiffure.
Le Salon est l’histoire inclassable et enchanteresse d’un éveil à la vie par le biais de la littérature, sur fond de relation triangulaire entre un coiffeur autodidacte, un libraire au grand cœur, et un adolescent… de trente-neuf ans.
Oscar Lalo
sur le site de l'auteur ici
Mon avis
Notre narrateur a 39 ans, orphelin de mère depuis ses 14 ans, son père veille sur lui, si bien qu'il n'a jamais rien pu faire à l'extérieur, il l'empêche de vivre à force de le couver. Le narrateur passe sa vie à regarder des séries enfermé dans sa chambre, il aide bien son père à faire du rangement une fois par semaine moyennant un peu d'argent de poche.... Sa vision du monde est limitée.
Un jour se rendant chez son coiffeur, il trouve dans un bac de livres à 1 € "La tentation de Saint Antoine" de Flaubert. Mais que fait Flaubert dans un bac à soldes.... interpellé, il achète le livre et du coup arrive en retard à son rendez-vous chez le coiffeur qui l'éconduit. Pas grave, il achète une tondeuse à 20 €, le prix de la coupe..... Il se rate ..... de retour chez le coiffeur qui encaisse son dû et l'envoie promener...
Pas grave, il traverse la rue et entre chez Fabrice, un coiffeur visagiste qui le chouchoute et lui réclame la somme de 540 €, qu'il n'a pas. Il propose alors de payer sa dette en transformant ce salon de coiffure en salon littéraire, lui qui est un grand spécialiste de Flaubert.
Bien entendu il ne l'est point mais peu importe car il a aujourd'hui enfin un but dans la vie !
Il va se mettre à tout découvrir de Flaubert avec l'aide du libraire qu'il retourne voir et va l'ouvrir à la littérature. S'installe alors un joli trio avec le coiffeur et le libraire.
C'est original, très différent de ses deux premiers romans. Oscar Lalo avec beaucoup d'humour, de sensibilité et profondeur nous propose une belle ode à l'écriture et à la littérature.
Beaucoup de citations de grands auteurs, Homère, de Nerval, Rousseau .... pour rendre hommage à la littérature, au pouvoir des mots. Lire c'est se sentir libre. Il nous démontre comment un livre peut changer une vie ! Le pouvoir de la transmission.
La plume est drôle, poétique, sensible. Les mots sont choisis avec une grande finesse, c'est réconfortant, inattendu, jouissif.
Un bon moment en perspective pour les amoureux des mots.
Ma note : 9/10
Les jolies phrases
Être bien vu c'est n'être pas vu. C'est se brader !
Quand on éteint la musique, les gens se taisent. L'absence soudain de bruit les surprend en délit de bavardage.
Bien que confiné dans cette chambre minuscule, je fais l'expérience du grand large.
Accepte d'aimer sans comprendre pourquoi tu aimes.
Avec des mensonges, tu peux aller loin dans le monde, mais tu ne peux pas revenir.
L'ignorance est un luxe quand il s'agit d'écrire. On ne ploie point sous les siècles. On plagie malgré soi. Sans risques. De nos jours, l'immense majorité des lecteurs se complaît dans la même ignorance que l'immense majorité des écrivains.
Ça, c'est un des rôles de la littérature : attirer notre attention sur ces spectacles infimes sans liens apparents avec notre existence, mettre en valeur l'inutile.
La fiction exige une vraisemblance. Le réel, lui, s'en fout ; il nous traite avec moins de prévenance qu'un écrivain ne traite ses lecteurs.
"Tout est dans le vide", le grand vide de l'univers. Selon eux, le coeur de l'homme doit tendre vers ce vide pour se libérer. Ce qui est exaltant, c'est d'arriver à faire communiquer ces deux vides.
C'est peut-être ça, la définition du métier d'écrivain : se ressouvenir pour inventer.
Rester chez soi sans bouger, ça me connaît ; je sais que c'est la mort. C'est la vie qui pourrit, qui meurt d'usure; oui, la vie elle s'use aussi à ne pas être vécue.
...Un livre rassasie quelques heures, tient chaud pendant l'hiver ou nourrit toute une vie.
Tu as l'occasion de comprendre que la vie est toute dans l'instant, mais qu'un instant est fait de toute la vie humaine et de tout ce qui l'a précédée.
Le moi libre est un moi vide. Un moi débarassé de l'ego. Le trop, c'est l'ego. Le rien ne s'atteint que délivré de ce trop.
Les meilleurs psys sont ceux qui savent se taire. Quand ils prescrivent les bons ouvrages, les libraires font de bons psys.
On ne voit bien que dans sa propre boue. C'est en acceptant notre vase telle qu'elle est qu'on cesse enfin de s'agiter, qu'on laisse une chance au vide de s'installer en nous.
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