Gallimard
La Blanche
Parution : le 24 août 2023Pages 168
ISBN : 9782073026989
Prix : 18.50 €
Présentation de l'éditeur
Décembre 1941. René Blum est arrêté à son domicile parisien avec le concours de la police française, au cours d’une vaste rafle de notables de confession juive. Il est déplacé des camps d’internement français à celui d’Auschwitz, où il perd la vie.
Frère cadet de Léon Blum, la grande figure du Front populaire, René Blum est un homme de son temps, au service des arts. Tour à tour journaliste et critique à la Revue blanche et à Gil Blas, il fut aussi directeur artistique de casinos et du théâtre de Monte-Carlo — où il succéda à Diaghilev à la direction des Ballets russes. Il fréquenta aussi bien les écrivains que les peintres et les musiciens avant-gardistes. Profondément humaniste et courageux, il mena pourtant une vie de famille chaotique.
Un premier roman riche, passionnant, qui nous fait découvrir les multiples facettes de ce personnage historique méconnu dont l’engagement pour son pays fut considérable.
Mon avis
C'est un très beau premier roman qui met en avant le destin oublié de René Blum, le frère oublié de Léon.
Par un jeu de double fil narratif, on va découvrir l'homme et la vie de René d'une part, et de l'autre sa fin tragique dans les camps depuis le moment de son arrestation à l'âge de 63 ans.
René est avant tout un homme d'honneur qui a toujours refusé tout privilège, il se devait de montrer l'exemple car l'honneur de son patronyme Blum était en danger.
René Blum a toujours été un défenseur des arts et de la littérature. Attiré par ce domaine dès son plus jeune âge, il a été critique pour le journal "Gil Blas", a contribué à faire connaître Proust, Pagnol. Il a dirigé le théâtre de Monte Carlo, est devenu propriétaire en 1937 de la Compagnie des Ballets qui avait rendu célèbre Nijinski et "Le sacre du printemps". Il a dirigé la troupe jusqu'à son arrestation. Il était rentré des États-Unis, toujours dans le but de sauvegarder l'honneur du nom des BLUM, c'était son devoir d'être là.
Le 12 décembre 1941, lors de la rafle des notables, lui français est arrêté, coupable d'être juif et devient un étranger dans son propre pays.
Aurélien Cressely décrit alors son internement, la vie des camps en France, où René va organiser et participer activement à des causeries pour oublier leur condition, la déshumanisation qu'on leur fait subir. On va vivre avec lui les fausses libérations, la déportation et son rendez-vous avec la mort.
Ce livre est très documenté, il nous fait découvrir un homme attachant, profondément humain. Il permet de mettrre en lumière sa vie, son combat pour les arts et de le sortir de l'ombre.
La plume est sensible, sobre et d'une très grande justesse. Un premier roman prometteur et bouleversant.
Les jolies phrases
René avait suffisamment vécu pour savoir que la vie n'en offrait pas. La vie était uniquement constellée de questions. Il appartenait à chacun de vivre avec elles.
La volonté des hommes de faire changer les choses s'arrêtait à leur égoïsme, celui de défendre le droit des ouvriers, en oubliant les ouvrières. Ces dernières étaient souvent décriées et critiquées pour leur concurrence déloyale : elles travaillaient plus et pour moins cher que les hommes.
L'art permettait de traduire la conscience, de retranscrire des époques, de révéler des peurs, et contribuait à réduire l'ignorance.
Il avait dédié sa vie à l'art et n'en attendait aucune rétribution, hormis, peut-être, de contribuer modestement à son expansion dans le monde.
L'amitié c'était aussi comprendre l'autre, tenter d'aller plus loin, chercher à connaître, à fouiller au plus profond, à découvrir ce qui se cachait, derrière le cuir dur des êtres. Peut-être, aussi, à percevoir la sensibilité.
La vie était faite d'oubli. Ce qui comptait, c'était le sens de sa vie.
3 commentaires:
Merci pour ce commentaire qui me donne envie de découvrir ce livre. Armelle
Merci pour cette chronique sur ce roman
Merci à vous et belle lecture. N'hésitez pas à venir dire ce que vous en pensez après lecture.
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