mardi 26 décembre 2023

Minuit dans la ville des songes - René Frégni ♥♥♥♥♥

 Minuit dans la ville des songes    -  René Frégni  ♥♥♥♥♥






















Folio n ° 7277
Edition originale : Gallimard
Parution : 12/10/2023
Pages : 288
EAN : 9782073017598
Prix : 8.70 €



Présentation de l'éditeur


« J’avais été jadis un voyageur insouciant. Je devins un lecteur de grand chemin, toujours aussi rêveur mais un livre à la main. Je lus, adossé à tous les talus d’Europe, à l’orée de vastes forêts. Je lus dans des gares, sur de petits ports, des aires d’autoroute, à l’abri d’une grange, d’un hangar à bateaux où je m’abritais de la pluie et du vent. Le soir je me glissais dans mon duvet et tant que ma page était un peu claire, sous la dernière lumière du jour, je lisais.
J’étais redevenu un vagabond, mal rasé, hirsute, un vagabond de mots dans un voyage de songes. »

Ce roman est le récit d’une vie d’errance et de lectures, aussi dur que sensuel, aussi sombre que solaire. Le chaos d’une vie, éclairée à chaque carrefour périlleux par la découverte d’un écrivain. René Frégni, conteur-né, ne se départit jamais de son émerveillement devant la beauté du monde et des femmes. Fugueur, rebelle, passionné de paysages grandioses, qui restent pour lui indissociables des chocs littéraires. Un homme qui marche un livre et un cahier à la main.

René Frégni



René Frégni, né le 8 juillet 1947 à Marseille, est un écrivain français.

Dès l'entrée au CP, il subit les moqueries des enfants qui l'appellent "quatre oeil". Blessé, René jette ses lunettes et n'en portera plus jusqu'à l'âge de 19 ans. Il rate sa scolarité et traîne, toute sa jeunesse, avec une bande de chenapans dans les rues de Marseille.

Déserteur à 19 ans, il vit cinq ans de petits boulots à l'étranger sous une identité d'emprunt puis revient en Franc.

Il a connu une existence mouvementée avant de se consacrer à l’écriture. Il a exercé divers métiers, dont celui d’infirmier psychiatrique, et a longtemps animé des ateliers d’écriture à la prison des Baumettes de Marseille.

Lors de son séjour en prison militaire, il découvre tour à tour les grands écrivains qui l'accompagneront toute sa vie : Giono, Céline, Camus et Flaubert. C'est là aussi qu'il écrit son premier poème : il ne lâchera plus ni son cahier ni son stylo. Quarante ans d'écriture et d'évasions.

Il est aujourd'hui l’auteur d’une quinzaine de livres, imprégnés de ses voyages et de son expérience avec des détenus.

L’essentiel de son œuvre est disponible dans la collection Folio-Gallimard.



La ville est au centre de tous les romans qu'il écrit mais chaque page traverse des forêts, des hameaux perdus, des plateaux sauvages. Toute l'oeuvre chemine entre la noirceur des hommes, la lumière de la mer et la beauté des femmes. Son âme est Manosquine autant que Marseillaise.


Il écrit également des livres pour enfants.

La plupart de ses romans ont reçu un Prix littéraire et sont traduits en 6 langues.

Source : le site de l'auteur que je vous invite à découvrir : ici  



Mon avis


Que je suis heureuse d'avoir lu ce livre et d'être allée à la rencontre de René Frégni, par les mots et en vrai à l'initiative de la Librairie Claudine de Wavre qui l'a invité dernièrement.

Ce roman est magnifique, poétique.  René se raconte à nous sans filtre, il nous raconte l'enfant qu'il était, lui qui détestait l'école et trainaît dans les rues de Marseille. Lui qui a eu un destin chaotique, déserteur à l'armée, rêveur, voyageur, enfermé en prison, où  paradoxalement il a trouvé la liberté dans ce qui lui semblait être une torture enfant.  C'est là qu'il a découvert le pouvoir des mots, grâce à Ange-Marie...

Pendant toute mon enfance et mon adolescence, les livres et les cahiers avaient été des machines de torture, ils devenaient brusquement des machines d'évasion. 

La vie ne tient parfois qu'à un fil, son destin aurait peut-être être tout autre si le regard des autres, ces fichues lunettes épaisses qu'il ne voulait pas porter enfant, qui lui empêchait de découvrir les mots.
Les mots qu'il aimait pourtant quand sa maman - pour qui on ressent l'immensité de son amour à travers le récit - lui lisait les trois romans qu'ils possédaient.

C'est "Colline" de Giono, son premier livre lu qui lui apprend le pouvoir des mots, l'évasion, 

Par quel tour de magie cet homme m'emportait dans le Sud brûlant où j'avais grandi.  Mon corps était traversé de bruits, d'odeurs, de silences, de souvenirs, d'émotions...   La journée précédente avait duré cinq ans, celle-ci avait filé comme la lumière et le vent.  Chaque mot que j'avais lu avait aboli, les barreaux, les murs, la cour de la prison.  

A partir de ce moment il va continuellement être un livre et un carnet rouge à la main.  Il sera en fuite, se réfugiera en Corse pour une des plus belles années de sa vie, la description de la nature est juste magnifique.  On ressent la mer, l'odeur des fleurs, du maquis, on visualise les magnifiques paysages décrits.  Une plume poétique et enchanteresse.


René nous partage sa vie et l'importance des livres toujours en toutes circonstances, et comment il est devenu écrivain.  C'est un merveilleux conteur, en toute simplicité et humanité.  Une plume à découvrir absolument.

Ma note :  Immense coup de ♥♥♥♥♥


D'autres jolies phrases

On n'est pas d'un pays, on est de son enfance.

Je ramasse un mot, je le regarde, le flaire, le caresse, je le mets dans ma bouche, comme un petit galet rouge ou vert de rivière, puis dans l'une des mille poches secrètes que je me suis inventées. Je voyage avec ce bourdonnement de mots qui ne pèse rien, ce nuage d'émotion. Chaque jour je marche, je parle avec tout ce qui bouge autour de moi et je ramasse des mots. Je ne possède que cette maison de mots.

Qu'est-ce qui m'a poussé vers les mots, irrésistiblement, que vais-je chercher sous chaque mot, depuis cinquante ans, que je ne trouve pas dans la vie ?

Il y a trois ans que je lis un livre par jour. Je suis dans ce piège, parce qu'on m'a pris un calibre à la main. J'ai beaucoup mieux qu'un calibre aujourd'hui, j'ai des mots, j'ai leurs mots ! Ils ne savent plus comment m'attraper. On n'attrape pas un type qui a des mots. Ils me craignent parce que je les connais, je connais leur pouvoir et leurs faiblesses. Ils ne savent plus qui je suis... Lis, René, tu leur feras très peur !

On a toujours raison de penser à nos mères, où qu'elles soient elles nous montrent le chemin le moins périlleux, le plus tendre.

Je ne possédais rien, même pas un lit pour dormir, une table pour manger, une chaise pour m’asseoir. Deux chemises et mon blazer suspendus à une ficelle tendue dans la chambre. J’avais la lumière immense de la mer, l’odeur du maquis, l’eau fraîche d’une source, tous ces arbres qui allaient fleurir, des livres que je choisissais moi-même, que je comprenais maintenant. J’étais l’homme le plus riche du monde, ma liberté était sans limites !



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