A la découverte d'une maison d'édition de chez nous :
Quadrature
L'an dernier dans le cadre de Nuits d'encre , j'avais découvert l'existence de la maison d'édition Quadrature, établie non loin de chez moi à Louvain-La-Neuve. Je découvre cette année toujours dans le même cadre une auteure de leur maison, Agnès Dumont. L'occasion est trop belle pour que je vous la présente, d'autant plus que Quadrature fête cette année son dixième anniversaire.
Un sacré défi car ce genre littéraire est passionnant certes mais aussi capricieux et multiforme. Il n'était pas simple en 2005 d'éditer des nouvelles alors quoi de tel que de se donner l'ambition de devenir la référence dans ce domaine. Car ce genre adoré de certains - car c'est court à lire - est aussi rejeté par beaucoup d'autres pour les mêmes raisons. De plus il y a beaucoup plus de gens qui en écrivent que de gens qui en lisent.
Ce défi est, on peut le dire aujourd'hui, entièrement réussi car Quadrature s'impose comme LA référence dans son genre.
Le principe de fonctionnement de Quadrature repose sur un double pilier. Quadrature, c’est d’abord un radeau où règne une belle amitié au sens « copains d’abord » cher à Brassens: « Quadrature est un plaisir et doit le rester ». Un manuscrit publié chez Quadrature aura été chèrement défendu non seulement avant et pendant mais après l’assemblée au cours de laquelle un vote aura emporté la décision positive. Résultat : l’auteur qui entre dans l’écurie Quadrature devient par le fait même membre d’un groupe ; ses parrains deviennent presque toujours ses amis.
Le deuxième pilier de Quadrature, c’est le professionnalisme. Si aucun membre de l’équipe regroupée en asbl ne doit réellement vivre de cette activité éditoriale, il n’est pas question pour autant de bâcler le travail.
Dès l’origine, cette exigence s’est traduite par une collaboration avec le portail i6doc.com et par une impression numérique de qualité (à la CIACO de Louvain-la-Neuve), par une recherche de cohérence graphique (notamment par les photographies de couverture dues à l’association artistique Xris&Cat, une membre du groupe et son mari), par une attention éveillée à l’évolution des techniques d’édition (tous les livres sont disponibles sous forme d’ebooks pour les tablettes et autres smartphones), par le choix âprement débattu de publier en orthographe rectifiée (ce n’est pas le cas pour le présent article), par une politique de prix réaliste et optimiste et par une présence en librairie appuyée sur le relationnel plutôt que sur une diffusion classique.
Passons donc à la matière première du « labo».
Passons donc à la matière première du « labo».
Concrètement, ils reçoivent de nombreuses propositions de manuscrits, des centaines par an. Dès le départ un tri s’opère sur la base de plusieurs critères. Malgré la clarté des informations données sur leur site Internet (http:// www. editionsquadrature.be), trop de manuscrits qui leur parviennent sont encore des romans ou des nouvelles isolées (beaucoup leur écrivent spontanément pour leur demander leur avis sur un texte, ce qui n’est pas leur rôle).
Pour les manuscrits restants, qui sont de véritables « recueils », interviennent d’abord des critères purement formels, tels que le nombre de signes, une donnée qu'ils ont dû apprendre à mesurer pour avoir un «produit » relativement homogène tant pour le prix que pour le nombre de pages.
Il y a des exceptions: la qualité irrésistible des Histoires jivaros de Luc-Michel Fouassier (exercice d’ailleurs oulipien par la forme et le contenu) les a convaincus de l’éditer malgré son format réduit comme son nom l’indique... et dans l’autre sens, ils ont publié Kenan Görgun (L’enfer est à nous) dont le débit impétueux était d’une qualité tout aussi irrésistible.
Sont examinés ensuite par deux d’entre eux des aspects plus délicats et qui amènent à des discussions intéressantes. Tels que le fait que ce soit bien un recueil de nouvelles et non un roman, de la poésie, des contes... Et si le même personnage revient dans plusieurs nouvelles ? Et si la même histoire est racontée selon plusieurs points de vue ? Et si une des nouvelles fait cinquante pages ? Se pose donc très régulièrement la question de la définition de la nouvelle. En dix ans leur approche a fortement évolué et évoluera encore. Il est très probable que des manuscrits refusés au début seraient acceptés aujourd’hui, et inversement !
Beaucoup d’apprentis écrivains s’essaient à la nouvelle. Certains la conçoivent comme un tremplin pour passer au roman. L'expérience leur a montré que la nouvelle est bien un genre à part – et un genre à part entière ! – et qu’un bon nouvelliste n’est pas forcément un bon romancier, tout comme un bon romancier ne fait pas un bon nouvelliste.
C’est en effet une écriture qui demande d’entrer dans le vif du sujet avec un minimum de moyen, avec une grande économie de mots. Quadrature ne fait pas de compte d’auteur. Quadrature ne fait pas d’auto-édition (même si deux membres du groupe sont eux-mêmes des nouvellistes publiés par ailleurs).
La bonne quarantaine de recueils parus présente un tel éventail des manières de décliner la nouvelle qu’on pourrait dire que Quadrature offre une représentation crédible de la nouvelle en tant que genre littéraire. Quadrature est en ce sens un laboratoire littéraire, une « petite fabrique de littérature », pour reprendre l’appellation d’une collection passionnante (chez Magnard).
Avec le temps et le succès, Quadrature a désormais pignon sur rue et bénéficie depuis peu de l’appui financier de la Promotion des lettres. Au départ, c’était la quadrature du cercle. Aujourd’hui, le « cercle de Quadrature » a tout d’un cercle vertueux…
L’équipe de Quadrature : Bérengère Deprez, Jean-Louis Dufays, Patrick Dupuis, Dominique Keustermans, Catherine Nyssens, Marie Tafforeau, Stéphane de Vos. Catherine Ferdin est toujours présente dans leur coeur, elle les regarde de l'autre rive depuis ce mois de mars 2015.
extrait de Quadrature dans Nos Lettres, décembre 2013 ((l'article complet)
Quadrature c'est aujourd'hui un peu plus de 30 auteurs , retrouvez-les ici
ainsi que le catalogue complet
Voilà alors comme moi faites la découverte, je vous parle très vite de deux recueils parus chez Quadrature. J'ai vraiment apprécié la découverte de ce genre que je lisais trop peu.
Un article de Mina et "Mon petit salon littéraire"
Pour les manuscrits restants, qui sont de véritables « recueils », interviennent d’abord des critères purement formels, tels que le nombre de signes, une donnée qu'ils ont dû apprendre à mesurer pour avoir un «produit » relativement homogène tant pour le prix que pour le nombre de pages.
Il y a des exceptions: la qualité irrésistible des Histoires jivaros de Luc-Michel Fouassier (exercice d’ailleurs oulipien par la forme et le contenu) les a convaincus de l’éditer malgré son format réduit comme son nom l’indique... et dans l’autre sens, ils ont publié Kenan Görgun (L’enfer est à nous) dont le débit impétueux était d’une qualité tout aussi irrésistible.
Sont examinés ensuite par deux d’entre eux des aspects plus délicats et qui amènent à des discussions intéressantes. Tels que le fait que ce soit bien un recueil de nouvelles et non un roman, de la poésie, des contes... Et si le même personnage revient dans plusieurs nouvelles ? Et si la même histoire est racontée selon plusieurs points de vue ? Et si une des nouvelles fait cinquante pages ? Se pose donc très régulièrement la question de la définition de la nouvelle. En dix ans leur approche a fortement évolué et évoluera encore. Il est très probable que des manuscrits refusés au début seraient acceptés aujourd’hui, et inversement !
Beaucoup d’apprentis écrivains s’essaient à la nouvelle. Certains la conçoivent comme un tremplin pour passer au roman. L'expérience leur a montré que la nouvelle est bien un genre à part – et un genre à part entière ! – et qu’un bon nouvelliste n’est pas forcément un bon romancier, tout comme un bon romancier ne fait pas un bon nouvelliste.
C’est en effet une écriture qui demande d’entrer dans le vif du sujet avec un minimum de moyen, avec une grande économie de mots. Quadrature ne fait pas de compte d’auteur. Quadrature ne fait pas d’auto-édition (même si deux membres du groupe sont eux-mêmes des nouvellistes publiés par ailleurs).
La bonne quarantaine de recueils parus présente un tel éventail des manières de décliner la nouvelle qu’on pourrait dire que Quadrature offre une représentation crédible de la nouvelle en tant que genre littéraire. Quadrature est en ce sens un laboratoire littéraire, une « petite fabrique de littérature », pour reprendre l’appellation d’une collection passionnante (chez Magnard).
Avec le temps et le succès, Quadrature a désormais pignon sur rue et bénéficie depuis peu de l’appui financier de la Promotion des lettres. Au départ, c’était la quadrature du cercle. Aujourd’hui, le « cercle de Quadrature » a tout d’un cercle vertueux…
L’équipe de Quadrature : Bérengère Deprez, Jean-Louis Dufays, Patrick Dupuis, Dominique Keustermans, Catherine Nyssens, Marie Tafforeau, Stéphane de Vos. Catherine Ferdin est toujours présente dans leur coeur, elle les regarde de l'autre rive depuis ce mois de mars 2015.
extrait de Quadrature dans Nos Lettres, décembre 2013 ((l'article complet)
Quadrature c'est aujourd'hui un peu plus de 30 auteurs , retrouvez-les ici
ainsi que le catalogue complet
Voilà alors comme moi faites la découverte, je vous parle très vite de deux recueils parus chez Quadrature. J'ai vraiment apprécié la découverte de ce genre que je lisais trop peu.
Un article de Mina et "Mon petit salon littéraire"
4 commentaires:
Belle présentation, très complète ! Il n'y manque que quelques lectures, que je me permets de proposer : http://monsalonlitteraire.blogspot.be/2014/12/a-la-decouverte-de-quadrature.html J'avais invité à découvrir Quadrature l'an dernier, et quelques blogueurs m'avaient suivies dans ces lectures. Peu d'unanimité, mais de belles découvertes, variées, dans l'ensemble, à l'image de la maison si j'en crois ton article.
Bonjour,
Librel est le portail de livres numériques des libraires indépendants de la Fédération Wallonie-Bruxelles, soutenu par le Service général des Lettres et du Livre et regroupant actuellement 31 librairies. Sans être de taille à concurrencer les géants de l'Internet tels qu'Amazon, nous avons l'ambition de proposer une vraie solution qui privilégie les libraires indépendants. Le projet entend en effet montrer que, à l'heure du numérique, les libraires ont encore (et plus que jamais) toute leur place pour défendre le livre.
Nous sommes actuellement à la recherche de partenaires. Étant convaincus, sans remettre en cause la place des libraires, du rôle croissant d'autres types de prescripteurs - au premier rang desquels les blogs littéraires -, nous aimerions vous proposer un partenariat. Si vous êtes intéressés, pourriez-vous me recontacter à l'adresse info[at]librel.be ?
En vous remerciant d'avance de l'intérêt que vous porterez à ma demande,
Bien cordialement,
Martha Beullens
Merci beaucoup pour cette présentation très intéressante. Les billets sur les éditeurs se font trop rares à mon sens sur la blogosphère.
Merci Mina, j'active le lien. Merci à vous pour vos témoignages.
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