samedi 5 mars 2016

Un homme dangereux Emilie Frèche

Un homme dangereux

Emilie Frèche

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Stock
Collection : La Bleue
Parution : 19/08/2015
288 pages
Format : 135 x 215 mm
EAN : 9782234079854
Prix : 19.50 €



Présentation de l'éditeur

« Pourquoi est-on toujours attiré par les histoires qui ne sont pas faites pour nous ? »


«  Maintenant que tu as vraiment quitté ton mari, on va pouvoir parler. Je veux que tu deviennes ma femme. Je t'aime, je veux vivre avec toi, mais avant, il faut que tu laisses tes enfants.? Pardon ?? Je suis sérieux. Il faut que tu les laisses à leur père, je te dis ça pour leur bien. Elles seront très heureuses avec lui ; ils partiront vivre en Israël, ce sera beaucoup plus simple, et tu iras leur rendre visite pour les vacances.? T'es complètement malade.? Tu sais bien que non, puisque c'est comme ça que ça va se terminer pour les juifs de France. Sept mille juifs sont partis rien que cette année, c'est moi qui l'invente ? Bientôt, il n'y aura plus de juifs en France. Plus un seul juif. Tu te rends compte, un peu ? Le grand rêve de Vichy réalisé par des Merah, des Nemmouche, des Kouachi. Que des petits enfants de bicots qu'on a fait venir du bled pour assembler des boulons, et qui feront mieux que les idéologues du Troisième Reich, sans même avoir besoin de vous mettre dans des trains. Tout ça simplement en jouant avec votre peur. Quelle intelligence ! Quelle économie, surtout. La France nettoyée pour pas un rond. »


L'auteur





Nationalité : France
Né(e) à : Neuilly-sur-Seine , le 12/04/1976

Biographie :

Emilie Frèche est romancière et cinéaste.

Elle est l’auteur de romans: "Les Vies denses" (Ramsay, 2001), "Une femme normale" (Ramsay, 2002), "Le Sourire de l’ange" (Ramsay, 2004), "Le Film de Jacky Cukier" (Anne Carrière, 2006), "Chouquette" (Actes Sud, 2010).

Et de deux documents autour de la mort d’Ilan Halimi : "La Mort d’un pote" (Panama, 2006) et, en 2009, avec Ruth Halimi, "24 jours: La vérité sur la mort d’Ilan Halimi" (Seuil), "Deux étrangers", "Un homme dangereux"...

Emilie Frèche poursuit aussi une carrière de scénariste. En 2014, elle co-signe le prochain film d’Yvan Attal (sortie prévue en 2016), une comédie à sketchs sur l'antisémitisme.

En 2015, elle co-écrit avec Marie-Castille Mention-Schaar ("Les Héritiers") un drame sur des jeunes filles candidates au djihad.

Sa première pièce, "Un prince" devrait voir le jour en 2016 avec Sami Bouajila dans le rôle principal.

source Babelio


Un extrait de On n'est pas couché



Mon avis


Emilie vit depuis quinze ans avec Adam et ses deux filles Suzanne et Léa. Elle aime son mari mais il ne se passe plus rien entre eux sexuellement depuis sept ans. Emilie comme l'auteur écrit livres et films.  Emilie, c'est troublant utilise le "je" et l'on se demande constamment quelle est la part de fiction et d'autobiographie.  Elle sème le trouble dans notre esprit et se dégage à la lecture un sentiment un peu dérangeant et "voyeuriste".

D'origine juive, sa grand-mère vient d'Odessa.  Emilie rencontre régulièrement des étudiants pour lutter à sa manière contre l'antisémitisme.  L'histoire de sa grand-mère est très importante et elle raisonnera à travers elle de manière forte, elle la vivra en quelque sorte à travers sa propre histoire.

Un jour, Emilie rencontre Benoît Parent, chroniqueur littéraire, écrivain ayant eu son heure de gloire. Petit à petit, elle se sentira piégée, elle s'engluera dans cette relation qui lui est nuisible.  Sous son emprise elle sera son obsession.

J'ai adoré l'écriture, étant moi aussi "hypnotisée"  par celle-ci.  Un livre que je n'ai lâché qu'une fois terminé.  Une écriture simple, fluide, efficace et superbe.  Le récit était captivant, créant au départ un trouble en me sentant un peu intruse à observer la vie d'Emilie, femme piégée.

Des questions fusent. Quelle est la part d'autobiographie du récit ?  Jusqu'où peut-on aller par amour ? A quoi peut-on renoncer ?

Le sujet est la manipulation amoureuse, l'emprise. 

J'ai souvent eu l'envie de secouer l'héroïne, de lui dire ; Va t'en tant qu'il est encore temps, avant de la voir sombrer sous l'emprise partant à la recherche du séducteur du départ qui était devenu destructeur.

Un livre aussi traitant de l'écriture, d'une prise de conscience que seule l'écriture lui permettra d'être salvatrice, de faire la part des choses entre la fiction et la réalité.

Le hasard des choses a fait que le jour de la fin de cette lecture j'ai eu la chance de rencontrer son auteur. Je peux vous dire que ce fut un moment chargé en émotions, une belle rencontre et de beaux échanges.  Merci Emilie Frèche pour votre spontanéité et votre simplicité.

Une belle lecture et une plume que j'ai bien l'envie d'approfondir.



Ma note : 8.5/10




Les jolies phrases

Adam était mon sang.  L'unique personne sur cette terre dont je ne me sentais jamais étrangère, et j'adorais la vie que nous nous étions construite.

Il avait compris que la propriété était comme le mariage, un contrat qui, si on le laissait courir, pouvait survivre à tous les renoncements.

Je savais seulement que cette rencontre serait un miracle ou un mirage et que, de toute façon, je ne déciderais rien.

Il n'y avait de liberté que seul, évidemment.  A deux, c'était impossible. A deux, la liberté n'était qu'une servitude volontaire, et elle ne survivait pas à l'amour.

Pourquoi ris-tu ? a encore dit Benoît.  Tu sais bien que nous allons vivre une grande histoire d'amour et que tu vas foutre ta famille en l'air.

Quitter ma femme ..., a répété Benoît d'un air songeur.  J'ai essayé déjà, plusieurs fois, mais tu sais, rien n'est plus difficile que de quitter quelqu'un avec qui on n'est plus.

..il n'y a pas de violence plus grande que d'aller fouiller en soi.

Je me suis dit que l'âge adulte n'était qu'un correcteur, une seconde chance qu'on passait sa vie à réparer son enfance.

Il me restait l'écriture.  Elle était même la dernière arme dont je disposais pour me battre contre lui.  Seulement si je décidais de m'en servir, l'histoire ne faisait que commencer.

Plus il me malmenait et plus, c'est vrai, j'en tirais du plaisir : celui de voir mon livre s'enrichir.

C'était un homme trop cinglant pour ne pas être abîmé, or, comme tous les grands abîmés, je le soupçonnais d'être capable du pire.  Et les gens capables de cela m'ont toujours pétrifiée.

L'écriture n'est pas chez moi une façon d'aimer les gens, c'était un moyen de m'en libérer.

les pages 196 et 197

..On n'écrit jamais à partir de rien, mais de ses lectures ; on écrit à partir des mots des autres, de ses pairs.

L'écriture n'est jamais qu'un face-à-face avec soi-même.

L'écriture est donc comme la vie : on s'imaginait qu'on maîtrisait les choses, qu'on avait ce pouvoir d'influer sur nos destins mais, en vérité, on ne décidait jamais rien ; ce qui devait être advenait, et ce qui n'avait pas de raison d'exister finissait toujours, de lui-même, par s'éteindre.

1 commentaire:

Brigt a dit…

J'avais aussi beaucoup aimé ce livre, et je m'étais posé les mêmes questions que toi : savoir si c'était autobiographique ou non. Le fait que l'auteure et la narratrice aient autant de ressemblances m'ont un peu génée. Lui as-tu posé la question ?