vendredi 14 octobre 2016

La mémoire des embruns - Karen Viggers

La mémoire des embruns

Karen Viggers




















Le livre de Poche
576 pages
Date de parution: 30/03/2016
ISBN:9782253066217

Présentation de l'éditeur

Mary est âgée, sa santé se dégrade. Elle décide de passer ses derniers jours à Bruny, île de Tasmanie balayée par les vents où elle a vécu ses plus belles années auprès de son mari, le gardien du phare. Les retrouvailles avec la terre aimée prennent des allures de pèlerinage. Entre souvenirs et regrets, Mary retourne sur les lieux de son ancienne vie pour tenter de réparer ses erreurs. Entourée de Tom, le seul de ses enfants à comprendre sa démarche, un homme solitaire depuis son retour d'Antarctique et le divorce qui l'a détruit, elle veut trouver la paix avant de mourir. Mais le secret qui l'a hantée durant des décennies menace d'être révélé et de mettre en péril son fragile équilibre.
Une femme au crépuscule de sa vie, un homme incapable de savourer pleinement la sienne, une émouvante histoire d'amour, de perte et de non-dits sur fond de nature sauvage et mystérieuse.


Absolument sublime. Gérard Collard, librairie La Griffe noire.


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Mon avis

Mary arrive au terme de sa vie, elle est malade et souhaite la finir sur l'île de Bruny en Tasmanie. C'est l'île du vent, celle où elle fut heureuse avec son mari Jack, le gardien du phare disparu.  Elle veut y vivre ses souvenirs.  Une lettre reçue il y a peu, la hante, et la pousse à partir.

Que contient-elle ?  Va-t-elle la remettre à son destinataire ou la faire disparaître ?

Mary a eu trois enfants :
- Jan, sa fille avec qui elle est en conflit - car celle-ci souhaiterait la mettre en maison de repos, Gary plus neutre , ce sont les aînés.  Jan lui en veut un peu de l'isolement vécu pendant son enfance sur l'île.

- Tom , le cadet, qui comprend lui le désir de sa maman. Il est plus proche, plus solidaire.  Il essaie de reprendre pied dans sa vie depuis un long voyage en Antarctique dans une station scientifique qui lui a coûté son couple.  Il vit seul avec son chien Jess.  Tom est passionné d'ornithologie.  Il s'exprimera à la première personne durant le récit.

Son récit alternera avec celui de Mary mais une troisième voix, celle de Léon nous accompagnera.

Léon est le garde-forestier de l'île.  Il a pour mission de passer voir Mary chaque jour, voir si elle va bien. Il nous donnera sa version.

La vie de Mary va défiler avec ses joies, ses peines, ses regrets, son secret.

Il est vrai que l'intrigue, le secret est un peu cousu de fil blanc, prévisible mais ce n'est pas le plus important car pour moi l'essentiel et la force du récit résident dans la description magnifique de la nature qui en fait un acteur à part entière.  L'île de Bruny, ses paysages, l'île du vent où l'on sent presque les bourrasques à la lecture (un point commun avec Peter May dans la trilogie écossaise)

Karen Viggers donne ici une place essentielle à la nature, l'île mais aussi les descriptions de l'Antarctique, le royaume du froid, des icebergs.

On parle d'amour, de souvenirs, des relations maternelles, de la solitude, de l'isolement, de la vieillesse, du choix de sa fin de vie.   Elle explore la nature humaine et les sentiments avec brio.  Ses personnages avec leurs failles sont extrêmement bien construits.

Tout un questionnement servi par une écriture fluide, agréable, sincère qui transporte et qui nous envoûte par les paysages juste sublimes.  Une belle invitation au voyage.


Ma note : 9/10 un presque coup de coeur




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Les jolies phrases

Les périodes de calme avaient une raison d'être. Elles permettaient de recharger les batteries. Car il fallait beaucoup d'énergie pour affronter les épreuves de l'existence.

Le chagrin a parfois la puissance dévastatrice d'un tsunami - ça enfle, gonfle, se dresse à une hauteur phénoménale pour vous submerger en emportant tout sur son passage. Vous avez beau vous débattre, cette force impitoyable vous maintient sous la surface.

Une fois qu'on obtient ce que l'on veut, on est souvent insatisfait.

Mais où sont tes racines, alors ? Voilà ce que je suis : un arbre sans racines. A la moindre bourrasque, je tombe.

Il fallait que tout le monde retrouve sa place. Et avoir sa place, ce n'est pas que géographique, c'est aussi exister dans le regard de l'autre. Il ne fallait pas que nous cessions d'exister.

Du haut de son grand âge, elle distinguait la maille qui avait sauté dans le tricot de leur vie commune. Elle avait mis des années à comprendre que, si on ne les prononce pas à point nommé , les mots s'effacent pour toujours. Quand elle avait commencé à discerner ce qui n'allait pas dans sa relation avec Jack, le fil avait déjà été rompu. Le vent l'avait emporté et tout ce qui restait, c'était du vide.

Jeune, on pense que l’existence n’a pas de fin. Et, quand la vie vous rattrape au tournant, on regrette de ne pas avoir mieux utilisé son temps.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je dois être une des rares personnes à ne pas être tombée sous le charme ...