jeudi 30 mai 2019

DOUBLE JEU - Jean-Philippe Blondel

Double jeu     -       Jean-Philippe Blondel

"Double jeu" de Jean-Philippe Blondel chez Actes Sud ...

Actes Sud Junior
Collection : roman ado
Dès 15 ans
Parution : août 2013
Pages : 144
ISBN 978-2-330-02211-2
Prix : 11,00 €

Présentation de l'éditeur

Renvoyé de son lycée, Quentin est placé dans un lycée bourgeois du centre-ville. D'origine beaucoup plus modeste que ses nouveaux camarades de classe et loin de ses amis d'enfance, le garçon se sent étranger, exclu. Dans sa classe de première L, la majorité des élèves suit les cours de théâtre de Mme Fernandez, la professeur de français.

Rapidement fasciné par cette femme charismatique, Quentin va se laisser convaincre et intégrer le cours d'art dramatique pour incarner Tom, le héros de La Ménagerie de verre, la pièce de Tennessee Williams.

Quentin accepte progressivement de baisser la garde, de remettre en cause ses propres préjugés et se familiarise peu à peu avec les codes de ce nouveau milieu... Il se rapproche de ses partenaires de jeu, d'Heathcliff, jeune dandy solitaire, et de Julie, dont le charme ne le laisse pas longtemps indifférent. Mais, de plus en plus absent pour ses proches, Quentin se sent tiraillé entre deux mondes. Ce malaise latent fait écho à la pièce de Tennessee Williams et, entre la vie et les répétitions du spectacle, l'acteur et son personnage, les frontières tendent à s'abolir. Finalement, un seul choix s'impose à Quentin : celui de faire du théâtre sa vie.



Questions à Jean-Philippe Blondel :


Dans Double jeu, l’expression artistique est une étape déterminante pour le héros, et l’occasion d’une reconstruction de lui-même. Ce sujet semble être une thématique essentielle dans vos romans pour adolescents ((Re)play !, Brise-glace…). Comment commenteriez-vous cette facette de votre écriture ?

La découverte de soi à travers l’expression artistique est effectivement au centre de mes préoccupations dans mes romans, parce que je l’observe chez mes élèves – qui révèlent une partie d’eux souvent insoupçonnée des adultes quand ils se lancent dans l’artistique (le slam, la musique, la danse, le théâtre) –, et aussi parce que cet élément a une résonance autobiographique certaine : je me suis construit par l’écriture, elle m’a stabilisé. Elle m’a aidé à survivre dans les moments de tempête. Elle m’a permis de me comprendre et de comprendre les autres, et le monde autour de moi. Trouver l’expression artistique qui permet l’épanouissement me paraît central – encore plus à l’adolescence, qui à la fois a besoin de cadres et d’intimité. Il n’y a guère que l’art qui permette de faire coexister une subjectivité et un format.




Dans votre roman Double jeu, le contexte social est particulièrement marqué. Il met en scène un adolescent en décalage, en hésitation entre deux mondes. Quelles raisons vous ont poussé vers cette voie ?



Une fois de plus, c’est un faisceau d’éléments : beaucoup d’observation face aux injustices sociales subies par certains de mes élèves (au lycée, elles sont cachées mais prégnantes, notamment dans les choix d’orientation) et une part autobiographique indéniable (l’accès à la culture quand on vient de la petite classe moyenne provinciale et qu’on a grandi dans les années 1970 n’est pas une évidence, et la “montée” à Paris révèle les manques et les inadéquations). Mais ce qui m’intéresse avant tout, c’est de construire des ponts, entre les univers, les classes sociales, les gens, la littérature jeunesse et la littérature générale. Quentin Silber est un de ces ponts. J’espère en être un aussi. Je trouve que c’est beau, d’être un pont – de se faire rouler dessus, soit, mais d’amener les autres d’un point à un autre, plus loin, plus avant…

Source /  Actes Sud Junior

Mon avis

Quentin Silber est adolescent, il change de collège à la rentrée, c'est sa seconde chance !  Il arrive au lycée Clémenceau, un autre univers que le sien.  En effet il vit avec sa soeur Anna, son père ouvrier d'usine et sa mère caissière dans un HLM, à l'école , il n'y a que des riches !

Différence de classe, il a du mal à s'intégrer.

Un jour en classe, il a la tête ailleurs.  Il pense à Dylan, son ancien pote de la cité.  Il est repéré par la Fernandez, sa prof qui lui demande ce qu'elle vient de dire.   Et là avec beaucoup d'applomb, il sort la réplique, un peu arrogant, et lui sert presque mot à mot les cinq dernières minutes de cours.

Il pense être puni mais pas du tout, au contraire, il impressionne , on s'intéresse enfin à lui., il devient populaire au point que, quelques jours plus tard, on lui suggère de rejoindre le groupe de théâtre.  La Fernandez y monte chaque année un spectacle, c'est un peu le "Graal" du lèycée d'en être.

Fernandez lui propose le rôle principal de "La cage de verre" de Tennessee William.  Une histoire qui ressemble un peu à la sienne.., il est tiraillé entre l'envie de tout plaquer pour voir le monde et celle de se battre.

Affronter les autres, soi-même, se dépasser.  La différence des classes, l'amitié, la littérature, beaucoup de thèmes dans ce roman jeunesse passionnant , c'est super bien écrit, fluide.

Lu et approuvé par mon ado de 14 ans.

Quel bonheur de trouver des enseignants qui donnent l'envie de lire come "La Fernandez" donne à Quentin les repères pour évoluer, pour se construire.

Une très belle lecture.

Ma note : 9/10

Les jolies phrases

Chacun sa route. Il y a un moment où c'est important d'être égoïste.  Tu vis pour toi, pas pour les autres.

Son regard e fait penser aux phares, sur les bords de mer : c'est un faisceau qui tourne et éclaire la plage, les vagues, les navires, l'horizon.

Si tu lui ressembles trop, tu vas t'identifier et une des premières choses qu'on apprend dans le cours de théâtre, c'est que la scène, ce n'est pas la vie.  Qu'il faut savoir redevenir soi-même quand les lunières s'éteignent.

En classe, vous jouez.  Constamment.  Tous.  Vous avez vos petits rôles que vous vous êtes distribués, ou que d'autres vous ont distribués.  Et vous vous jouez la comédie, toute la journée.  L'intéressant, Silber, chez vous, c'est que le changement d'établissement vous a poussé à changer de rôle.  C'est comme une mue, pour les reptiles.  Vous êtes le même mais vous avez été obliger d'abandonner votre vieille peau à l'extérieur.  Par moments, ça doit tirer et être douloureux, mais c'est avec la douleur et le souvenir de la douleur qu'on fait du bon théâtre, n'est-ce pas ?

Un metteur en scène, avant de vraiment mettre en scène, il rêve, il visite les personnages, il trouve des similarités, des dissemblances, il fait le tour du propriétaire. Et ensuite, il frappe dans ses mains, il sonne le rappel - fini de jouer, au travail.


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