Editions Noir sur blanc
Notabilia
Parution : 07/03/2019
Pages : 160
ISBN 978-2-88250-568-2
Prix : 14 €
Présentation de l'éditeur
« Raconter Vivian Maier, c’est raconter la vie d’une invisible, d’une effacée. Une nurse, une bonne d’enfants.
Une photographe de génie qui n’a pas vu la plupart de ses propres photos.
Une Américaine d’origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, nostalgique de ses années d’enfance heureuse dans la verte vallée des Hautes-Alpes où elle a rêvé de s’ancrer et de trouver une famille.
Son œuvre, pleine d’humanité et d’attention envers les démunis, les perdants du rêve américain, a été retrouvée par hasard – une histoire digne des meilleurs romans – dans des cartons oubliés au fond d’un garde-meubles de la banlieue de Chicago.
Vivian Maier venait alors de décéder, à quatre-vingt-trois ans, dans le plus grand anonymat. Elle n’aura pas connu la célébrité, ni l’engouement planétaire qui accompagne aujourd’hui son travail d’artiste.
Une vie de solitude, de pauvreté, de lourds secrets familiaux et d’épreuves ; une personnalité complexe et parfois déroutante, un destin qui s’écrit entre la France et l’Amérique.
L’histoire d’une femme libre, d’une perdante magnifique, qui a choisi de vivre les yeux grands ouverts.
Je vais vous dire cette vie-là, et aussi tout ce qui me relie à elle, dans une troublante correspondance ressentie avec mon travail d’écrivain. »
G.J.
Dix ans après la mort de Vivian Maier, Gaëlle Josse nous livre le roman d’une vie, un portrait d’une rare empathie, d’une rare acuité sur ce destin troublant, hors norme, dont la gloire est désormais aussi éclatante que sa vie fut obscure.
Gaëlle Josse
Venue à l’écriture par la poésie, Gaëlle Josse publie son premier roman Les Heures silencieuses en 2011 aux éditions Autrement, suivi de Nos vies désaccordées en 2012 et Noces de neige en 2013. Également parus en édition de poche, ces trois titres ont remporté plusieurs prix, dont le Prix Alain-Fournier en 2013 pour Nos vies désaccordées. Ils sont étudiés dans de nombreux lycées et collèges, où Gaëlle Josse est régulièrement invitée à intervenir. Le roman Les Heures silencieuses a été traduit en plusieurs langues et Noces de neige fait l’objet d’un projet d’adaptation au cinéma.
Aux Éditions Notabilia/Noir sur Blanc, Gaëlle Josse a publié trois romans : Le Dernier Gardien d’Ellis Island (2014), L’Ombre de nos nuits (2016) et Une longue impatience (2018).
Gaëlle Josse est diplômée en droit, en journalisme et en psychologie clinique. Après quelques années passées en Nouvelle-Calédonie, elle travaille à Paris et vit en région parisienne.
Elle anime, par ailleurs, des rencontres autour de l’écoute d’œuvres musicales et des ateliers d’écriture auprès d’adolescents ou d’adultes.
Gaëlle Josse a reçu le prix 2015 de littérature de l’Union européenne pour Le Dernier Gardien d’Ellis Island (Notabilia/Noir sur Blanc).
Comme à chaque fois, lire un livre de Gaëlle Josse c'est se laisser emporter dans une écriture magnifique, elle a le don de sublimer son sujet, merci d'avoir mis en lumière le destin de Vivian Maier.
C'est une biographie-roman que l'auteure nous propose. Cela commence l'hiver 2008 à Chicago où une femme glisse et tombe sur une plaque de verglas. Elle vit dans le dénuement, dans la solitude. Elle décédera le 26/04/2009 à l'âge de 83 ans, sans famille. Mais qui était cette femme ? C'est ce qu'aimerait savoir John Maloof, un jeune agent immobilier qui a acquis d'elle en 2007 des cartons de photos et pellicules, le tout pour 400 dollars dans une vente aux enchères. Il espérait trouver des photos du quartier pour illustrer un livre mais ce sont des milliers de photos de visages qu'il a découverts.
Il sent qu'il détient quelque chose de rare et veut "révéler" "inventer" Vivian Maier, le nom inscrit au crayon sur une enveloppe.
Il va remuer ciel et terre, enquêter et retrouver et faire éclore l'oeuvre de l'artiste.
C'est sur cette énigme que Gaëlle Josse avec sa plume tout en pudeur, tout en délicatesse nous fait découvrir une femme bien particulière et remplie de mystère.
Vivian Maier , une femme franco-américaine avec une enfance et une filiation difficiles qui a choisi d'être nounou, qui sa vie durant n'a jamais quitté son appareil photo, c'était sa vie.
Une femme Libre, qui en pleine ségrégation raciale dans les années 50 photographiait des visages noirs, hispanos, des exclus, des marginaux, des abîmés, des fracassés de la vie. Elle ne pouvait s'empêcher de prendre des clichés, de collecter la vie autour d'elle, d'accumuler, développer et puis d'entasser chez un garde-meubles jusqu'à voir disparaître le sens de sa vie, faute de moyens pour les conserver.
Une femme libre avec une personnalité ambivalente, qui voyage, traverse l'atlantique à plusieurs reprises vers ses racines françaises. Une famille complexe où planent le mensonge et le mystère. Une femme qui dès qu'elle possède un peu d'argent plaque son travail de nurse pour voyager à travers le monde, pour le capturer avec sa petite boîte noire.
Une femme qui semble avoir peur des hommes ? Un choix ? Un besoin d'indépendance ?
Une femme dont on a des auto-portraits, dont l'oeuvre sera mise au monde et reconnue bien après son décès. Pourquoi ne pas avoir voulu montrer son travail de son vivant ? Par peur ? Par amour propre ? Par paranoïa ? Pourquoi tant de mensonges dans son entourage ? Par refus de l'échec ? Vivian Maier était pourtant consciente de son talent, elle en était fière. Encore un mystère !
De nombreuses questions dont Gaëlle Josse essaie de décoder et de découvrir la véritable personnalité de Vivian Mayer. Un livre qui m'a tenu en haleine . Comme souvent Gaëlle Josse s'inspire du monde artistique. Il faut dire que l'écriture est un art en soi et que de nombreux parallèles existent entre l'écriture et la photo.
Une autre question est soulevée également, celle du rêve américain et ce qui m'a particulièrement marqué est le rapport existant entre la solitude , le déchirement, les angoisses et l'équilibre mental de Vivian Maier, et la création. L'ignorance des oeuvres, des similitudes avec Camille Claudel ou Séraphine de Senlis.
J'ai adoré ce récit d'une femme à l'esprit libre et solidaire. Je remercie Net Galley , Notabilia pour leur confiance.
Ma note : coup de ♥
Les jolies phrases
Par cet oeil posé sur la vie, sur toutes ces histoires qui se dévoilent en un cliché, histoires urbaines, dans le mouvement, dans la matière compacte de la ville. Le terrible, le tendre, le drôle, l'insolite. Le vrai. Le presque rien qui révèle un destin.
Elle ne se séparait jamais de son appareil, elle photographiait comme elle respirait, comme si sa vie en dépendait. Une sorte de troisième oeil, ou de bouclier. Ou les deux à la fois.
Entrer dans une vie, c'est brasser des ténèbres, déranger des ombres, convoquer des fantômes. C'est interroger le vide et tendre l'oreille vers des échos perdus.
Le secret demeurera, car il touche au secret de l'être, à la façon unique pour chacun, de conduire ses jours, à ses contradictions, à ses blessures. Et le mystère forge une légende, car il nous faut donner un sens à ce qui nous échappe.
Le mystère demeurera, car il touche au secret de l'être, à la façon unique pour chacun, de conduire ses jours, à ses contradictions, ses blessures. Et le mystère forge une légende,car il nous faut donner un sens à ce qui nous échappe.
Elle n'est pas une nourrice qui prend des photos pour se distraire, mais une artiste qui se contente d'un travail alimentaire.
Photographier, c'est incorporer le sujet, symboliquement. Pour cette raison-là, et pour nulle autre, il n'y a pas de voyeurisme dans son travail, en dépit des scènes de disgrâce, de désespoir, d'abandon.
Le travail de Vivian Maier me renvoie, de façon frontale, impérieuse, à ce que je poursuis en écrivant. Faire passer un peu de lumière dans l'opacité des êtres, dans leur mystère, leur fragilité, dans leurs errances, et dire ce qu'on entrevoit, ce qu'on devine, ce qui se dérobe. Assemblage unique, pour chacun, de chair et de rêves. Au détour d'une phrase, parfois, surgit notre nudité. Qui va nous faire face dans le miroir ? Quels anges déchus et quelles enfances oubliées ?
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