jeudi 26 juillet 2018

Les bons, les taupes et le truand - Alessandra d'Angelo

Les bons, les taupes et les truands

Alessandra d'Angelo

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Now future éditions
Parution juin 2018
Pages 160
ISBN 978-2-930940-13-7
Prix : 19.90 €

Présentation de l'éditeur

Jean-Claude Deffet devant ses juges


Des guerres de gangs aux « truands hybrides »

Jean-Claude Deffet (72 ans) est bien connu des autorités judiciaires. Braqueur maintes fois recherché par la police, il fut, dans les années 1970, considéré comme l’ennemi public no 1 en région de Charleroi.

Excès de zèle policier ? Dérives d’une enquête qui veut aboutir à tout prix ? Écoutes, surveillances, filatures, infiltrations, malgré la panoplie de moyens logistiques et financiers mobilisés, le multirécidiviste sera finalement arrêté pour des faits mineurs. Il ne « tombera » pas.

Petit magouilleur ou grand trafiquant d’armes rusé, qui est vraiment Jean-Claude Deffet ? Un personnage folklorique à la gouaille évidente ou le Mesrine de Châtelet ? C’est ce que la journaliste Alessandra d’Angelo tente de découvrir au fil de son enquête. Sur fond de terroir, elle emmène d’abord le lecteur au cœur d’une époque révolue, celle du grand banditisme belge, avec ses codes de l’honneur, sa loi du silence et ses diktats. Elle élargit ensuite la réflexion sur l’évolution des mœurs. Au XXIe siècle, la géopolitique du « crime organisé » a adopté un autre visage. Les néobandits sont aujourd’hui cyberactifs et sans esprit de corps. Et lorsque le politique s’en mêle, l’agir criminel devient « hybride » : il bascule par mutation fanatique dans la revendication « terroriste ».

Témoin de l’existence de ces grandes familles de truands éteintes, Jean-Claude Deffet est indubitablement l’un des derniers « Mohicans », symbole d’un milieu disparu, celui des « parrains » à l’ancienne.

Préface par Étienne Gras, avocat pénaliste au barreau de Charleroi, conseil de Jean-Claude Deffet.

Postface par Kris Daels, professeur à l’École de police, ancien agent de renseignement.

Mon avis

Merci à Alessandra pour l'envoi de sa dernière publication.  Un genre de lecture un peu différent que j'ai bien apprécié, un reportage, une enquête qui nous donne une vision sur la justice et notre société avec une plume très agréable comme toujours.

Cette fois Alessandra nous propose de suivre l'évolution du grand banditisme et de suivre en particulier Jean-Claude Deffet, un braqueur à l'ancienne avec un code des valeurs qu'il respectait.
OK il a braqué, cambriolé mais toujours sans violence et mort inutile en respectant la loi du silence.  Il a payé sa peine mais à l'époque c'était le roi de la cavale.  On constatera une fois de plus que le milieu carcéral favorise la délinquance et la renforce.  Un sacré personnage, cet affamé de la liberté, cette partie se lit comme un polar.

C'est fou comme les choses ont évolué, aujourd'hui les activistes et les djihadistes sont souvent issus du gangstérisme, le Djihad étant présenté comme une rédemption.
On utilise le darknet pour trouver des armes, des stupéfiants, des manuels de construction d'explosif.  La délation est monnaie d'échange pour des remises de peines.

Et les flics, et les juges ?

La barrière est mince entre l'indic, le flic et le ripou.  Déjà à l'époque de Deffet il n'était pas rare que contre de l'argent on ferme les yeux...

L'auteur nous parle du crime organisé, des techniques d'infiltration, de la frontière entre le recours de la force abusif souvent peu raisonnable, des abus des forces de l'ordre contre la violence, des flics et des juges passés de l'autre coté, de la corruption... mais aussi de l'évolution des techniques du banditisme.

Un reportage captivant sur des faits de notre société.

Plaisir de lecture 8/10

Les jolies phrases

Garde le silence et le silence te gardera.

Ces mecs là avaient des codes malgré tout.  On ne fait pas de victimes innocentes, on évite les dommages collatéraux, on ne tire pas sur des flics.

Après qu'il soit apparu dans une émission télévisée, il convenait de coucher sur papier cette vie dont l'intérêt est tant général que particulier.  Général pour comprendre ce qu'était l'honneur, les codes et les valeurs de ces voyous et particulier pour l'intérêt tout littéraire de la vie de ce bandit dont le mot le qualifiant le mieux reste "attachant".

Poussant encore plus loin le raisonnement, Daech n'affiche aucun complexe à abolir les barrières entre spiritualité et criminalité.  Le mouvement djihadiste utilise les "compétences" des voyous pour autofinancer ses réseaux en Europe. La plupart des attentats sont "sponsorisés" par le crime organisé.

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