lundi 24 février 2020

M, le bord de l'abîme - Bernard Minier

M  Le bord de l'abîme   -  Bernard Minier



XO Editions
Parution : 21 mars 2019
Pages : 570
ISBN : 9782374481210
Prix : 21.90 €

Présentation de l'éditeur

Pourquoi Moïra, une jeune Française, se retrouve-t-elle à Hong Kong chez Ming, le géant chinois du numérique ?
Pourquoi, dès le premier soir, est-elle abordée par la police ?
Pourquoi le Centre, siège ultramoderne de Ming , cache-t-il tant de secrets ?
Pourquoi Moïra se sent-elle en permanence suivie et espionnée ?
Pourquoi les morts violentes se multiplient parmi les employés du Centre – assassinats, accidents, suicides ?

Alors qu’elle démarre à peine sa mission, Moïra acquiert la conviction que la vérité qui l’attend au bout de la nuit sera plus effroyable que le plus terrifiant des cauchemars.

VERTIGINEUX ET FASCINANT

Le roman d’un monde en construction, le nôtre, où la puissance de la technologie et de l’intelligence artificielle autorise les scénarios les plus noirs. Bienvenue à Hong Kong. Dans la fabrique la plus secrète du monde. Chez M… Au bord de l’abîme…

L'auteur


L'auteur



Bernard Minier par lui-même :

1960 : Fiat lux.
1967/68 : lecture à haute voix de Robinson Crusoé par une maîtresse remplaçante en fin d’année scolaire et révélation immédiate : « je veux écrire ».
Mai 1968 : pas de barricades à Montréjeau, Haute-Garonne.
1969 : invente un jeu pour cours de récréation baptisé le Rampeur : succès immédiat.
1970 : lecture de Bob Morane, Tintin, la Marque Jaune, Edgar Rice Burroughs, Jules Verne, Lucky Luke, Pim Pam Poum. Premières BD, premiers textes.
1974 : San Antonio, le Grand Meaulnes, H.G. Wells.
1976 : Isaac Asimov, Philippe Druillet, Moebius, Philip K. Dick, Conan Doyle, Charlie Hebdo. Assassine ma première victime (de papier).
1979/1980 : premier concert rock ; ACDC à Muret, banlieue de Toulouse, avec Bon Scott.
1981 : tel Diogène dans son tonneau, observe avec circonspection la liesse populaire, ayant lu Camus, Pasolini et quelques autres. Lis William Styron, Grass, Thomas Bernhard.
1982 : déjà des dizaines de textes tapés à la machine dans mes cartons, pars pour l’Espagne façon Kerouac : sex, drug & San Miguel. N’en suis jamais tout à fait revenu. Lis Camilo José Cela, Sabato, Ortega y Gasset, Neruda, Cervantes.
1984 : débarque à Paris. Lis John Le Carré, Ellroy et Lieberman. Entre dans les Douanes.
2011 : parution de Glacé. Une autre vie commence…
2016 : Invité à Oxford, jacket and black tie de rigueur pour le dîner de gala : débarque en jean, pars à la recherche d’un costume en compagnie de mon éditrice anglaise.
2017 : Tournage de la série Glacé dans les Pyrénées.
2018 : Qualifié de « Il più grande giallista europeo » par Il Fatto Quotidiano : j’aime beaucoup la presse italienne.
Qualifié de « nuevo rey del thriller » par El País : j’aime beaucoup la presse espagnole.
2019 : Parution de M, le bord de l’abîme

02/04/20 : Martin Servaz


C'est la première fois que je lis la plume de Bernard Minier, quelle claque ! Je ne suis pas déçue, que du contraire.

Bienvenue dans le monde de l'intelligence artificielle, des nouvelles technologies.  Direction Hong Kong chez Ming, le géant des smartphones chinois, une entreprise à la pointe du Big Data.

Moïra Chevalier est française, elle débarque à Hong Kong pour travailler chez eux, sur le projet de Deus.  L'objectif est de créer un chatbot capable de dialoguer et d'anticiper les désirs de ses utilisateurs.  Un peu comme "Google home" ou "Siri" me direz-vous ?  Non, le projet ici est bien plus ambitieux, on veut créer une empathie avec l'utilisateur, apporter des émotions au logiciel, donner à Deus une sensibilité pour qu'il devienne l'outil incontournable, indispensable pour chaque utilisateur, qu'il devienne le plus humain de tous les assistants virtuels.  Sacré challenge !

C'est bien un thriller contemporain que nous propose Bernard Minier, pas question de science fiction ou d'anticipation, non, toutes les technologies dont il nous parle existent ou sont développées aujourd'hui.

C'est passionnant, inquiétant, sujet à de multiples réflexions.  

Hong Kong est un personnage à part entière du roman, la ville est magnifiquement décrite. 

A cela vient s'ajouter des meurtres abominables, un tueur en série sévirait en ville avec une particularité, chaque victime a un lien avec Ming.  D'entrée de jeu Moïra est suivie et observée par des flics, un climat de peur et de terreur est palpable.  L'enquête peu à peu se met en place en infiltrant le milieu des triades aussi.  

Je ne vous en dirai pas plus, c'est un pavé de 570 pages  que j'ai pris le temps de lire, il est super bien documenté, utilise un vocabulaire pointu et exige des temps de réflexion sur des thèmes comme la nature humaine bien entendu mais aussi les évolutions et progrès technologiques, le bien fondé de leur utilisation, la manipulation, les travers de l'homme.

Une lecture passionnante, addictive qui ne vous laissera pas indifférent.  J'ai beaucoup aimé.

Ma note : 9/10

Les jolies phrases

En aidant Deus à devenir plus humain, plus empathique, l'objectif était clair : le rendre indispensable, incontournable dans la vie de ses utilisateurs.  Comme une drogue...

L'enfance, on n'en guérit jamais.

...c'était un endroit où chacun était sous le regard des autres.  A l'image du monde lui-même désormais.  Car c'était ça, le monde connecté, non ?

Ce que vous voyez là est mon jardin de bonzaïs sur la péninsule de Sai Kung, dit-il. (...) Certains ont plus de cent ans.  Mais ce qui est intéressant là-dedans, c'est qu'historiquement les premières personnes à partiquer l'art du bonzaï essayaient de reproduire les formes prises par les arbres sous l'action des éléments : elles reproduisaient en somme un aspect du monde naturel par des procédés artificiels.  N'est-ce pas ce que nous essayons de faire ?

La vie ne peut-elle pas se résumer à la somme de ses désirs et aux stratégies que nous déployons pour les satisfaire - ou au contraire pour les faire taire ?

Selon un physicien de Harvard, deux requêtes effectuées sur Internet équivalaient à la dépense énergétique d'une bouilloire. au total, les 1 200 milliards de requêtes annuelles sur Google dégageaient chaque année 8 400 tonnes de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Une quantité qui serait sans doute multipliée dans les années à venir.

Les chinois, qu'ils soient de Hong Kong ou d'ailleurs, ont cette qualité précieuse : ils regardent devant eux, jamais derrière.

Dans la culture occidentale, vous parlez tout le temps de liberté.  Seulement, pour beaucoup d'entre vous, cette liberté n'est pas la liberté de choisir parmi les multiples possibilités qu'offre l'existence, mais la simple soumission à des passions et des pulsions.  Être une personne qui n'agit pas dans le seul but égoïste de satisfaire ses intérêts mais, au contraire, qui est capable de les oublier pour servir la communauté, voilà l'idéal chinois.

Les optimistes pensent que le monde qui vient sera un monde meilleur grâce à la technologie.  Un monde sans guerres, sans meurtres, sans viols, sans faim, sans pauvreté, sans exploitation, sans injustices.  Un monde où ce ne seront plus les humains, leurs cerveaux reptiliens, leurs instincts animaux, leurs ego infantiles, qui prendront les décisions, mais des applications et des inventions plus sages qu'eux.  Mais ce qui s'exprime de plus en plus sur Internet au fil des ans, c'est de la jalousie, la colère, l'étroitesse d'esprit, la violence, le chaos et le sectarisme.  Autour de quelques îlots de réflexion et de sagesse, un océan de haine et d'intolérance.  Cette maudite invention détruit un par un tous les fondements de nos civilisations.  Le ciment de nos sociétés.  C'est pourquoi, nous autres les Chinois, à la différence de vous, nous avons remis le couvercle sur la boîte de Pandore du Web et limité la liberté de nos internautes.  Mais vous, Occidentaux, avec votre folie de l'égalitarisme et de la libération de la parole, vous serez balayé, emporté par cette vague de liberté qui ne débouchera que sur le chaos...

La justice n'est qu'un simulacre. S'il y a des lieux dans ce monde d'où l'équité et l'honnêteté sont absentes, c'est bien les tribunaux...



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