Les roses fauves - Carole Martinez
Gallimard - La blanche
Parution : 20 août 2020
Pages : 352
Isbn : 9782072788918
Prix : 21 €
Lola vit seule au-dessus du bureau de poste où elle travaille, elle se dit comblée par son jardin. Dans son portefeuille, on ne trouve que des photos de ses fleurs et, dans sa chambre, trône une armoire de noces pleine des cœurs en tissu des femmes de sa lignée espagnole. Lola se demande si elle est faite de l’histoire familiale que ces cœurs interdits contiennent et dont elle ne sait rien. Sommes-nous écrits par ceux qui nous ont précédés?
Il faudrait déchirer ces cœurs pour le savoir…»
C. M.
Carole Martinez, formidable conteuse, libère ses personnages morts et vivants et nous embarque à leur suite dans un monde épineux où le merveilleux côtoie le réel et où poussent des roses fauves.
Photo Catherine Hélie © Éditions GallimardParution : 20 août 2020
Pages : 352
Isbn : 9782072788918
Prix : 21 €
Présentation de l'éditeur
«Peu après la sortie de mon premier roman, Le cœur cousu, une lectrice m’a raconté une coutume espagnole dont j’ignorais l’existence : dans la sierra andalouse où étaient nées ses aïeules, quand une femme sentait la mort venir, elle brodait un coussin en forme de cœur qu’elle bourrait de bouts de papier sur lesquels étaient écrits ses secrets. À sa mort, sa fille aînée en héritait avec l’interdiction absolue de l’ouvrir. J’ai métamorphosé cette lectrice en personnage.
Lola vit seule au-dessus du bureau de poste où elle travaille, elle se dit comblée par son jardin. Dans son portefeuille, on ne trouve que des photos de ses fleurs et, dans sa chambre, trône une armoire de noces pleine des cœurs en tissu des femmes de sa lignée espagnole. Lola se demande si elle est faite de l’histoire familiale que ces cœurs interdits contiennent et dont elle ne sait rien. Sommes-nous écrits par ceux qui nous ont précédés?
Il faudrait déchirer ces cœurs pour le savoir…»
C. M.
Carole Martinez, formidable conteuse, libère ses personnages morts et vivants et nous embarque à leur suite dans un monde épineux où le merveilleux côtoie le réel et où poussent des roses fauves.
L'auteur
Carole Martinez, née en 1966, est romancière et professeure de français. Son premier roman, "Le cœur cousu", a été récompensé par quinze prix littéraires, dont le prix Renaudot des lycéens en 2007. Son deuxième roman, "Du domaine des murmures", a lui aussi été acclamé par la critique. Publié en 2011, il a notamment reçu le prix Goncourt des lycéens. En 2016, Carole Martinez a publié "La Terre qui penche", qui témoigne a nouveau de son immense talent, de cet univers si singulier, entre magie et songe, sensualité et violence, petite et grande Histoire.
Source : Gallimard
Source : Gallimard
Mon avis
L'envie était grande de retrouver la plume de Carole Martinez mais je dois avouer avoir eu beaucoup de mal à rentrer dans cette histoire, un peu confuse, emmêlée. C'est un labyrinthe d'histoires, on le comprendra plus loin lorsqu'enfin la magie opère. Mais cette confusion comme celle des sentiments des héroïnes de ce roman n'est sans doute pas fortuite.
Carole Martinez nous emmène toujours dans un univers particulier, dans le merveilleux, entre le conte initiatique et fantastique, dans un monde onirique.
Je dois bien avouer après la lecture que la construction de ce roman est géniale, ce n'est pas une histoire qu'elle nous conte mais plusieurs récits qui s'imbriquent les uns dans les autres. Un récit qui nous parle de la transmission, de l'héritage familial.
La narratrice (Carole Martinez ?) est écrivaine, elle s'installe pour trois mois recluse dans un chalet au fond d'un parc dans le petit village breton de Trébuailles.
Pourquoi cet endroit ? En 2009, une carte postale l'avait hypnotisée, une église, la poste et entre les deux, la silhouette d'une femme qu'elle imagine boiteuse. C'est ce qui l'amène ici. Á la recherche de cette femme et de l'inspiration. Elle se rend au bureau de poste où les pipelettes (parasites pour moi) sont réunies et elle rencontre Lola Cam, la postière qui étrangement boîte. Voilà la femme de son roman.
Elles se rencontrent, deviennent amies, Lola l'invite à dîner et elle lui parle d'une tradition ancienne originaire d'Espagne, la terre de ses ancêtres ; les coeurs cousus. Elle en possède cinq. Ces coeurs, c'est l'héritage des femmes, des filles.. Lorsqu'au crépuscule de leur vie, elles se sentent partir, la mort venir, elles inscrivent leurs secrets, des petits mots sur des petits papiers enfermés à l'intérieur de ces coussins , ces coeurs cousus qui enferment à jamais leurs secrets.
Un coeur s'est éventré et Lola et la narratrice décident de les lire et de connaître la vie de l'aïeule de Lola, Ines Dolores. Elles y découvrent sa vie sous forme de petits papiers numérotés et .. un petit sachet de graines de roses.
Des roses envahissantes au parfum entêtant, magnifiques et toxiques.
Des roses magiques et voraces nées du sang, dévoreuses de jardin ..
Des roses qui poussent avec la découverte de la sensualité, de la sexualité, de l'envie, de l'amour...
Ces roses pousseraient-elles encore après tant de temps? Lola et la narratrice décident de les semer, peut-être comprendront-elles pourquoi toutes les aïeules de Lola ont joint Dolores à leur prénom ?
L'histoire se répètera-t-elle ?
Lola qui menait une vie simple, austère, solitaire se métamorphose à la lecture de ces lettres et l'éclosion des roses et de leurs parfums.
D'autres personnages entreront en scène, mais quelle est la part d'imaginaire et de fiction. Le lecteur est toujours à la frontière entre les deux.
C'est aussi du processus de création et de l'écriture que nous parle Carole Martinez.
L'écriture est foisonnante, parfois cacophonique mais aussi belle, sensuelle, poétique. Elle nous entraîne dans le domaine du merveilleux, du fantastique et nous promène sans cesse à travers le temps.
Un roman découvert grâce à Babelio, Masse critique et les éditions Gallimard que je remercie.
Ma note : 7.5/10
Les jolies phrases
Sommes-nous écrits par ceux qui nous ont précédés ?
Je crois aux histoires de famille, de leur capacité de vous hanter.
Avant la mort de ma mère, chaque fois que mon père abattait un arbre, il en replantait un nouveau pour maintenir l'équilibre du monde.
Contrairement à Lola, je ne pense pas qu'il y ait une frontière nette entre la réalité et la fiction. Le roman surtout nous entraîne sur des territoires flous, il occupe les lisières.
C'est très décevant, le jardinage. Je déteste attendre.
Ecrire un livre ne demande pas un peu de patience ?
Si, beaucoup, mais quand j'écris, je suis la terre, je couve mes personnages, je les sens grandir en moi.
Mes fleurs poussent aussi en moi, je les guette, parfois je les oublie, mais elles sont là, quelque part, au fond de mon jardin intérieur.
Aimer est un art éphémère et léger.
..un mot n'est rien que des lettres accrochées les unes aux autres.
Mais l'amour peut-il vraiment durer toute une vie, se réinventer constamment ?
Nous faisons nos choix en lisant, Lola sera un bouquet composé à partir de quelques mots écrits et de vos propres souvenirs, de vos matériaux intimes. Elle sera notre oeuvre commune, notre enfant, conçue dans le mitan du livre où nous dormons ensemble, lecteur et auteure, mêlés dans un même nid de ronces.
Comment écrit-on sa vie quand on touche à la mort, tout en sachant que personne ne la lira ? A-t-on envie de s'inventer une belle histoire avant de s'endormir pour de bon ? S'autorise-t-on tous les mensonges ? Ou au contraire essaye-t-on de coller au réel ? Que choisit-on de raconter ?
Qu'il est difficile d'échapper à ce qu'on a connu enfant, à ce que nos parents, réels ou imaginaires, nous ont dessiné du monde !
Mon jardin m'a enseigné l'amour. J'ai su devenir fleur pour attirer les bourdons, j'ai joui sous mes robes, comme une rose jouit des caresses du vent, comme elle s'ouvre aux petites pattes des insectes qui la butinent, et j'ai semé la vie sans me soucier jamais de mes enfants. Je les ai abandonnés à un père idéal qui n'était pas le leur, comme on offre des graines à la terre. Que pouvais-je faire d'autre ? J'ai été élevée par un jardin.
C'est curieux tout de même de passer une grande partie de sa vie dans des fictions, avec des êtres invisibles. Parfois ma raison ne tient plus qu'à un fil. Il suffirait de presque rien pour que je reste perchée là-haut, envolée, la tête gonflée à l'hélium avec mes amis imaginaires. Pourquoi redescendre si personne ne vous attend sur la terre ferme ?
Je ne me souviens pas d'avoir souffert en la mettant au monde, certaines douleurs s'oublient, surtout quand on ne sait pas quoi en faire.
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