Les narcisses blancs - Sylvie Wojcik
Arléa
Collection : 1er mille
Parution : septembre 2021
Pages : 108ISBN : 9782363082701
Prix : 16 €
Présentation de l'éditeur
Jeanne et Gaëlle se rencontrent par hasard, un soir d’orage et de tempête, dans un gîte d’étape sur les sentiers de Compostelle. Spontanément, elles prennent la route ensemble. Très vite, elles quitteront ce chemin de randonnée bien tracé pour un autre chemin, au cœur de l’Aubrac, de ses pâturages et de ses champs de narcisses. Ce chemin dans un milieu à la fois dur et enchanteur les ramènera chacune à son histoire, son passé, sa raison de vivre. Elles ne sont pas là pour les mêmes raisons, mais au bout de leur quête, c’est pourtant le même besoin de lumière et de paix qui les fait avancer. Tout semble les opposer, une différence d’âge, d’éducation, de milieu social, mais, de ces différences, naîtront une grande proximité, une force qui les nourrira l’une et l’autre.
Roman sur le dépassement de soi, sur la puissance des rencontres et sur le grandiose d’une nature sublimée, Les Narcisses blancs nous embarque avec grâce au cœur de cette région magnifique et sauvage qu’est l’Aubrac.
L'auteure
Mon avis
Très joli roman lu dans le cadre du Prix du Deuxième Roman - Le Prix Horizon - de Marche en Famenne.
C'est l'histoire de deux femmes que tout sépare à priori, une rencontre sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. Tout les sépare et pourtant elles ont la même quête...
Gaëlle est jeune, flamboyante, un peu sauvage. Elle décide un matin de quitter Ludo, le squat de la rue des Pinsons. Elle emporte avec elle un sac à dos, un article plié en quatre qu'elle a découpé dans un magazine, il parle du pélerinage de Compostelle.
Elle part, elle marche... Seule ! Cela lui est nécessaire, vital même.
Jeanne est plus âgée, plus proche du bout du chemin. Elle aussi est engagée sur la route de Saint Jacques. Elle est courageuse ! De santé moyenne !
Elles vont passer une nuit d'orage ensemble dans un gîte et quelque chose va changer .
Gaëlle, un peu sauvage, solitaire, reprend son chemin, elle pense au courage de Jeanne, à sa santé plus fragile et les femmes vont se retrouver et décider de bifurquer sur les chemins de l'Aubrac.
C'est la nature qui rentre en scène, les grandes étendues de narcisses blancs, les paysages sublimes.
Un très beau roman sur le dépassement de soi, de belles rencontres, la recherche de sens.
La marche pour s'oublier, se retrouver, s'ouvrir aux autres et à la beauté du monde.
C'est un tout petit roman à la plume sobre, concise, magnifique. On rentre dans l'intime avec pudeur et délicatesse.
Un petit roman que l'on savoure comme un bonbon.
Beaucoup aimé.
Ma note : ♥♥♥♥
Les jolies phrases
La liberté épuise parfois.
Il y a bien longtemps qu'elle ne demande rien à personne. Les rares fois où elle a posé des questions personnelles, elle l'a amèrement regretté et sa curiosité a tué la confiance et l'amitié.
Son chemin et celui de Jeanne se sont croisés et ne font plus qu'un. Pourtant elles ne se connaissaicent que depuis deux jours. C'est le temps compté par l'homme qui demeure figé mais, quand on marche, le temps est un tapis qu'on déroule à l'infini sous ses pas.
Il y a longtemps qu'elle ne vit plus qu'au présent. Elle avance sur un chemin qu'elle trace au jour le jour et elle a appris à trouver ça passionnant. Jean-Marc lui avait dit : saisissez le présent qui vous est offert, emparez-vous de ce cadeau pour réaliser vos rêves, vos envies, ne le laissez pas filer. Alors la marche s'est imposée tout naturellement à elle, parce qu'elle a toujours aimé marcher, en montagne mais aussi en bord de mer, partout. Seulement, cette fois, ce n'est pas pareil. Ce ne sont pas des vacances ni une semaine de randonnée avec club alpin. Non, cette fois, c'est un pélerinage vers un lieu sacré, vers elle-même, vers son arrière-pays, en hommage à la vie qui lui a toujours plus ou moins souri.
Elle vit, écoute, observe, réfléchit au rythme de ses pas et depuis son départ, elle a l'impression d'avoir déjà plus vécu que durant toute sa vie d'avant.
C'est la transposition de la réalité en paroles qui fait mal, pas la réalité elle-même.
Ses mains et son avant-bras ressemblaient à des branches de chêne aux veines gonflées et sinueuses.
Savoir où on va, dans quelle direction, est-ce si important ? Gaëlle n'a jamais vraiment su où elle allait. en revanche, ce qu'elle a toujours su c'est quand le moment était venu de se mettre en chemin. Couper à travers champs, sauter par-dessus des clôtures, longer des murs, gravir des sommets et redescendre dans la foulée, sans s'arrêter, car s'arrêter c'est toujours laisser un peu de soi : son empreinte dans un carré d'herbe, la marque de ses pas dans la boue jusqu'à la prochaine pluie, ou la trace de son souffle sur les aigrettes d'un pissenlit.
Profite de chaque moment sans chercher à l'interpréter. Il en sera d'autant plus beau. Ce que tu as ressenti ce soir, garde-le comme une perle précieuse pour confectionner, avec toutes les autres que tu collectionneras, le collier de ta vie.
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