mardi 17 mai 2022

Une vraie mère ou presque - Didier Van Cauwelaert ♥♥♥♥♥

 Une vraie mère ou presque  -   Didier Van Cauwelaert
















Albin Michel
Parution : 02 mai 2022
Pages : 208
Isbn : 9782226474391
Prix : 19.90 €

Présentation de l'éditeur



« En trois mois, ma mère a perdu onze points. Elle n’a jamais conduit aussi mal que depuis qu’elle est morte. Il faut dire que j’ai laissé la carte grise à son nom, et j’ai l’excès de vitesse facile. Mais voilà qu’un jour, une lettre de la préfecture la convoque à un stage de récupération de points. C’est alors que Lucie Castagnol, bouillonnante comédienne à la retraite, se jette sur moi avec la ferme intention d’interpréter le rôle de la disparue. »

Irrésistible de drôlerie et d’émotion, l’histoire plus vraie que nature d’un romancier aux prises avec la doublure de sa mère qui, de catastrophes en élans fusionnels, réactive en lui les conflits qu’elle a décidé de résoudre.


L'auteur


Didier van Cauwelaert cumule prix littéraires et succès public depuis ses débuts. Prix Goncourt pour Un aller simple en 1994, il a récemment publié Le pouvoir des animaux, après l’exceptionnel succès en librairie de Jules et Le retour de Jules en cours d'adaptation cinématographique.

Mon avis

Simone Pijkswaert, la mère de Pierre - écrivain narrateur- est morte d'un coup de bière aux obsèques de son cancérologue !  Un fait peu commun vous en conviendrez ! Personnage haut en couleurs, elle lègue à son fils chéri , écrivain en panne d'inspiration,
 son appartement et sa Renault Fuego...  Objectif: qu'il s'en serve et la fasse rouler. Mais aimant la vitesse, trois mois plus tard, la défunte a perdu onze points !  - car la carte grise est toujours à son nom.

Un courrier arrive proposant à la défunte de participer à un stage pour récupérer quatre points.  

Que faire ? Tout avouer ? Pierre hésite mais la solution se présente à lui lorsqu'il rend visite à sa tante résidant en Ehpad. Lucie Castagnol, voisine de chambre, activiste anti pass-sanitaire, accessoirement animatrice du lieu, est une comédienne à la retraite.

Elle vient se présenter habillée comme un sosie de la défunte, proposant ses services. Elle a d'ailleurs pris la liberté de s'inscrire au stage, ce sera pour elle l'occasion d'incarner le dernier rôle de sa vie.

Pierre hésite, pensant à l'usurpation d'identité, mais au final se laisse embarquer, et très vite il va se laisser emporter par l'illusion de cette mère plus vraie que nature, être bluffé par son jeu. Une fausse mère qui va lui faire revivre une vraie relation mère/fils et lui permettre de voir la sienne autrement.  

Didier Van Cauwelaert rend ici un très bel hommage à sa maman disparue, un joli témoignage d'amour.

C'est drôle, jouissif, on rit, on réfléchit aussi à travers cette comédie. L'écriture est addictive, les pages tournent très vite.  Péripéties, retournements jusqu'au bout.

Un livre qui fait un bien fou mais qui indirectement aborde d'autres thèmes : l'écriture, le théâtre et l'incarnation d'un rôle, la prolongation de sa mère, un prolongement de celle-ci, l'amour.

J'ai adoré et vous le conseille vivement. 

Ma note : ♥♥♥♥♥















Les jolies phrases

Il écrit des romans pour recycler ses sentiments, elle récupère les déchets plastiques pour en faire des pulls, et ils pensent être un couple assorti. Enfin ...

C'est le regard des autres qui fait vieillir !

Ma gloire, pour ne pas dire mon honneur, c'est de faire passer l'art avant la thune.  Et la vérité d'un personnage, toute ma carrière en atteste, est le plus haut degré de l'art scénique.  Ils n'y verront que du feu.

Elle avait parfaitement capté la teneur de nos rapports, nos dissensions, les piques à fleuret moucheté par lesquelles son amour s'exprimait - ce mélange de fierté maternelle et de constat sans trêve de l'ingratitude filiale qui m'avait pesé.

Moi qui me livre si peu, sauf dans des situations de fiction, j'étais désarçonné par la confiance irrationnelle que je venais de témoigner à ce fac-similé de ma mère !

L'authenticité se niche dans le détail ! Si je me sens en-dessous, je joue faux.

Ne donne jamais à une femme le pouvoir de gâcher ta vie !

Me réfugier dans le travail des mots quand le monde réel ne veut plus de moi, c'est la même parade qu'elle avait trouvée avec ses recettes de cuisine.

Qui était réellement cette femme, où était sa vérité, dans quel réservoir d'émotions puisait-elle son identité profonde - l'empathie de l'interprète ou l'ascendant de la manipulatrice ?

Je pensais que le deuil effacerait nos tensions.  Mais non, au contraire.  C'est terrible, en fait, d'être pris entre deux amours inconciliables.  On finit par ne plus savoir qui on protège.. Par se dévitaliser, dans l'espoir de souffrir moins... Faire semblant, quoi, pour avoir la paix.

Vous me donnez la réplique en me corrigeant, je suis vos indications à la lettre, et tout le monde y croira. Souvenez-vous de ce qu’a écrit mon cher Cocteau : « Je suis un mensonge qui dit la vérité. » J’en serai la preuve vivante.

à suivre  interview!!!   

J'ai eu la chance de rencontrer Didier Van Cauwelaert ce 16 mai à Bruxelles, je vous propose de découvrir très vite l'interview 




Du même auteur j'ai lu et chroniqué

Cliquez sur la couverture pour avoir accès à l'article



Aucun commentaire: