Le coeur à l'échafaud - Emmanuel Flesch
Calmann Levy
Parution : 06/012021
Pages : 238
Isbn : 9782702182314Prix : 18.90 €
Présentation de l'éditeur
Cour d’assises de Paris. Walid Z., un jeune de quartier parvenu par de brillantes études à se hisser jusque dans l’intimité de la bourgeoisie parisienne, risque la peine de mort par décapitation.
Que vient faire la guillotine dans ce décor si familier ?
Pendant trois jours, les témoins se succèdent à la barre. À mesure que s’esquisse le portrait d’un ambitieux et qu’on interroge sa culpabilité, se dévoile une autre France, parfaitement crédible, où l’extrême droite a pris le pouvoir. Implacable, ce roman choral se déploie comme la suite tragique de notre « roman national » – son ultime chapitre.
Dans le cadre du Prix Horizon
L'auteur
2014 "Un empire et des poussières" Kyklos
Mon avis
Emmanuel Flesch nous propose une immersion dans un procès de cour d'Assises.
En effet, nous allons vivre le déroulement d'un procès de l'intérieur, en compagnie de Blaise et des autres jurés. On va y découvrir François, le Président de la cour souffrant de varices et Morland-Kieffer l'avocat qui tente de sauver l'accusé Walid Z.
Un procès particulier car l'accusé est jugé pour viol, une peine en principe de 15 ans mais c'était avant, il risque lui la peine de mort par décapitation ! Oui, vous avez bien lu, la peine de mort de manière cruelle. Il faut dire que nous sommes dans un monde de demain, un monde relativement proche où l'extrême-droite au pouvoir a changé le code pénal et les règles du jeu. Il n'y a pas d'autre alternative à ce délit que la mort !
La lecture de ce roman interpelle, on est dans une dystopie, un futur relativement proche qui après une période d'élection que nous venons de vivre ne me semble pas si irréel que cela.
Une politique nationale ne permet plus que deux types de citoyens; les citoyens de souche et les octroyés. Vous l'aurez compris, Walid est un octroyé et c'est sur base de son journal intime que l'on veut à tout prix démontrer qu'il est un monstre car sa belle-mère (la maman de sa copine) l'accuse de viol.
Manipulation, haine de sa part, procès du racisme ... à vous de vous faire votre opinion sur la culpabilité de Walid qui pour pouvoir devenir fonctionnaire a même accepté de changer de prénom. Un étudiant brillant qui a tout fait pour s'élever de sa condition dans cette triste société.
C'est une claque, un roman qui interpelle sur le racisme, la montée de l'extrême-droite, l'intégration, la liberté et la justice, cela fait froid dns le dos et ne laisse en rien indifférent.
Le récit est très bien construit, il nous livre les états d'âme de chaque protagoniste. L'écriture est limpide, incisive et intense, elle entretient une tension au fil du récit. On vit chaque jour au coeur de ce procès. Le récit est habile et haletant. Petit bémol pour ma part, j'aurais aimé que la fin du récit soit un peu plus travaillée et développée , elle m'a semblée un peu moins réaliste par rapport au reste. Mais ce n'est qu'une impression , c'est un très bon roman à découvrir.
Ma note : 8.5/10
Les jolies phrases
La franchise est devenue dans ce pays le dernier des péchés.
Délire antiraciste. ceux qui ne l'ont jamais subi ne peuvent pas comprendre ce que c'est, le racisme. Ils se figurent que c'est la haine, le mépris, les portes qui te claquent au visage. Si ce n'était que ça ! En vérité, le pire se déroule à l'intérieur de soi, dans un petit théâtre intime, envahi de doutes et de névroses. Les insultes et le mépris, tu passes outre. Tu te rassures dans le regard de ceux qui savent te témoigner la même indifférence que n'importe quel Blanc. Dans l'ombre, pourtant, tu accumules. Tu nourris des soupçons. Un véritable cancer. Il suffit alors d'un regard, d'une intonation, de l'emploi de tel mot plutôt qu'un autre pour que la plus aimable des mamies déclenche une crise.
Alors il a compris. Depuis que le port du voile était interdit dans les transports publics, de nombreuses mères du Plateau avaient cessé de prendre le bus. Il s'est énervé, a haussé le ton. Sa mère faisait le marché pour ses voisines ? Elle avait fui la guerre et les barbus ? Elle dont la soeur avait été égorgée pour avoir noué son voile de travers, voilà qu'elle faisait le larbin pour toutes celles qui s'entêtaient à le porter !
La première génération d'immigrés s'était fait exploiter sans moufter, la seconde avait brûlé des voitures, la troisième se laissait pousser la barbe.
1 commentaire:
J'ai bien aimé ce livre. Le Thème est original, Emmanuel Flech a un style bien à lui et son livre n'est pas un polar mais on se régale en attendant la fin.
Signé Laurence Savane.
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