Serge JONCOUR
Flammarion
Parution:17/08/2016
Pages : 432
Format:14.5x22x0 cm
Prix:21,00 €
EAN:9782081306639
Présentation de l'éditeur
Aurore est une styliste reconnue et Ludovic un agriculteur reconverti dans le recouvrement de dettes. Ils n'ont rien en commun si ce n'est un curieux problème : des corbeaux ont élu domicile dans la cour de leur immeuble parisien. Elle en a une peur bleue, alors que son inflammable voisin saurait, lui, comment s'en débarrasser. Pour cette jeune femme, qui tout à la fois l'intimide et le rebute, il va les tuer. Ce premier pas les conduira sur un chemin périlleux qui, de la complicité à l'égarement amoureux, les éloignera peu à peu de leur raisonnable quotidien.Dans ce grand roman de l'amour et du désordre, Serge Joncour porte loin son regard : en faisant entrer en collision le monde contemporain et l'univers intime, il met en scène nos aspirations contraires, la ville et la campagne, la solidarité et l'égoïsme, dans un contexte de dérèglement général de la société où, finalement, aimer semble être la dernière façon de résister.
L'auteur
Nationalité : France
Né(e) le : 28/11/1961
Biographie :
Comme l'écrit son premier éditeur, Le Dilettante :
"Il est né un jour de grève générale. On lui en a longtemps fait le reproche. Depuis, il continue sur sa lancée. Très tôt il est allé à l’école, puis par la suite, il en est sorti. Il a passé son enfance entre Paris, la Nièvre, l'Eure et loir et le Valais suisse. Il a commencé des études de philosophie alors qu’il voulait faire nageur de combat, mais il s'en est sorti autrement, faute de temps."
Avant de devenir écrivain, il a exercé de nombreux métiers dont maître-nageur et publicitaire.
Il publie son premier roman, "Vu", en 1998 au Dilettante qui a obtenu le Prix France Télévisions en 2003.
En l'an 2005, il a reçu le Prix de l'Humour Noir Xavier Forneret pour son livre "L'Idole".
Il a écrit le scénario du film "Elle s'appelait Sarah", d'après le roman éponyme de Tatiana de Rosnay, avec Kristin Scott Thomas.
Il est enfin, avec Jacques Jouet, Hervé Le Tellier, Gérard Mordillat et bien d'autres artistes et écrivains, l’un des protagonistes de l'émission de radio Des Papous dans la tête de France Culture.
Il publie chez Flammarion "Que la paix soit avec vous" en 2006, "Combien de fois je t'aime" en 2008, "L'homme qui ne savait pas dire non" en 2009, "L'Amour sans le faire" en 2012.
Son roman "U.V.", publié au Dilettante, a été adapté au cinéma en 2007 par Gilles Paquet-Brenner. En 2012, "L'idole" est adapté au cinéma par Xavier Giannoli sous le titre "Superstar" avec Kad Mérad et Cécile de France. Il s'agit de l'histoire d'un homme qui devient célèbre sans savoir pourquoi. Le film, est présenté en compétition officielle à la Mostra de Venise 2012.
"L'écrivain national", sorti pour la rentrée littéraire 2014, est finaliste du Renaudot.
En 2016, il remporte le prix Interallié pour "Repose-toi sur moi".
Source : Babelio
Il nous en parle
Mon avis
Aurore Dessage est une styliste prometteuse, la quarantaine. Elle est mariée à un riche homme d'affaires américain se dévouant corps et âme à son business. Elle est maman de jumeaux de six ans. Elle a apparemment tout pour être heureuse. Mais Aurore a la boule au ventre, elle a peur car son associé lui met des bâtons dans les roues, magouillant pour prendre le contrôle de l'entreprise. Aurore est perdue et lorsqu'elle rentre chez elle aussi elle a peur car de vilains corbeaux ont envahi la cour de son immeuble. Son espace arboré qu'elle adorait s'est transformé en jardin de la peur. Elle déteste ces corbeaux noirs qui croassent lorsqu'elle rentre. Elle se sent menacée, angoissée.
Ludovic, 46 ans, 1m95, 102 kilos. C'est un colosse aux pieds d'argile, un ours maladroit, un dur d'apparence au grand coeur. Il a quitté son Célé natal il y a trois ans. Quittant tout, fuyant la perte de l'amour de sa vie. Il y a trois ans, Mathilde est morte terrassée par un cancer, la faute aux phytos utilisés dans l'agriculture, il en est convaincu. Il a quitté son exploitation agricole laissant sa maman vieillissante, perdant ses repères avec sa soeur et son beau-frère. Il fallait partir, impossible de vivre tous de l'exploitation, la vie est difficile. Il pensait qu'en venant à Paris il ne serait pas seul en ville, mais Paris c'est la solitude avant tout, on y regarde les gens qui nous entourent comme une affiche, sans plus.
Il est devenu recouvreur de dettes, car il faut qu'il bouge, impossible pour lui de rester dans un bureau. Il vit dans l'immeuble en face de celui d'Aurore. Un immeuble très moderne contrairement au luxueux immeuble d'en face. Il traverse la cour lui aussi pour rentrer chez lui.
Ils n'ont rien en commun, venant chacun d'un monde opposé, Aurore est ce qu'il exècre. Leurs immeubles se faisant face, cette cour qui fait penser à l'univers "Hitchcockien" "Fenêtre sur cour" ou encore "Les oiseaux" car ces corbeaux noirs qui prennent possession des lieux sont terrifiants pour Aurore. Ludo aime rendre service et il débarrassera les lieux de ces volatiles.
Peu à peu, ils se croiseront et deviendront attirés l'un vers l'autre comme des aimants. Une rencontre émouvante, une histoire d'amour naissante ? Une épaule sur laquelle se reposer ?
Je découvre la plume de Serge Joncour et quelle belle découverte. Alternant descriptions et dialogues, les pages se tournent rapidement.
L'écriture est intense, intimiste, tendre, poétique, drôle et touchante. Oui tout cela à la fois, Serge Joncour a une écriture subtile et son titre est bien choisi, vous le comprendrez en fin de récit.
Il va dans la profondeur de l'âme et de la psychologie des personnages en opposition, mettant en avant les failles et la fragilité de chacun. Il met en avant de vrais sujets de société : la solitude, la famille, la campagne versus la ville, les crises existentielles de chacun. C'est profond, rempli d'humanité et d'amour.
Une très belle découverte de la rentrée, un livre qui m'a émue. Une plume que je vous conseille vivement et que je vais creuser de mon côté.
Un joli ♥
Les jolies phrases
Ludovic reste d'un flegme total. Le calme c'est ce qu'on peut opposer de pire à quelqu'un qui vous agresse aussi rudement.
Une famille, c'est comme un jardin, si on n'y fout pas les pieds ça se met à pousser à tire-larigot, ça meurt d'abandon.
Vivre, c'est se rapprocher de ce que l'on est, et toi Aurore tu es tout sauf une femme d'affaires, c'est beaucoup trop violent, je suis bien placée pour le savoir, le business c'est soit tu bouffes les autres, soit tu te fais bouffer ...
Parfois, à des petits carrefours inattendus de la vie, on découvre que depuis un bon bout de temps déjà on avance sur un fil, depuis des années on est parti sur sa lancée, sans l'assurance qu'il y ait vraiment quelque chose de solide en dessous, ni quelqu'un, pas uniquement du vide, et alors on réalise qu'on en fait plus pour les autres qu'ils n'en font pour nous, que ce sont eux qui attendent tout de nous, dans ce domaine les enfants sont voraces, avides, toujours en demande et sans la moindre reconnaissance, les enfants après tout c'est normal de les porter, mais elle pensa aussi à tous les autres, tous ceux face auxquels elle ne devait jamais montrer ses failles, parce qu'ils s'y seraient engouffrés, ils ne lui auraient pas fait de cadeaux. Ils sont rares ceux qui donnent vraiment, ceux qui écoutent vraiment.
Même si ce manque d'amour c'était un gouffre en lui, c'était comme un lac qui se serait vidé par le fond, et toute cette force vitale qu'on trouve à aimer, à désirer, à embrasser l'autre, à y penser, il savait bien que maintenant il faudrait faire sans, jusque-là il avait fait sans, et ce n'était pas à Paris qu'il rencontrerait quelqu'un.
Quand d'un coup on s'embrasse, c'est que vraiment on n'en peut plus de cette distance, même collés l'un à l'autre on a la sensation d'être encore trop loin, pas assez en osmose, de là vient l'envie de se fondre, de ne plus laisser d'espace.
Cette femme représentait bien tout ce qu'il détestait de Paris, tout ce qui le rejetait, tout ce qu'il aurait dû fuir, et pourtant elle l'attirait. Tout d'elle l'attirait.
Tu sais, Aurore, faire du business c'est comme monter sur un ring, faut tout de suite donner des coups, sans quoi c'est toi qui en prends. Et encore, sur un ring tout le monde voit ce qui se passe, au moins c'est clair, alors que dans le business tous les coups se font par en dessous, ça ne m'étonnerait pas de Fabian.
Être fort, c'est ne pas prendre la mesure du danger, le sous-évaluer, consciemment, tandis qu'être faible, c'est le surestimer, mais l'autre soir, il s'était fait peur.
Aux premiers moments d'une histoire, l'idée de l'autre obsède, on y pense tout le temps, ce qu'on a vécu avant n'existe plus, le passé cette chose insignifiante et prodigieuse qui s'est contentée de nous amener là, comme si vivre n'avait servi qu'à ça, à ce besoin de retrouver l'autre.
Quitter c'est se redonner vie à soi, mais c'est aussi redonner vie à l'autre, quitter c'est redonner vie à plein de gens, c'est pour ça que les hommes en sont incapables, donner la vie est une chose qu'ils ne savent pas faire.
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