Jacaranda - Gaël Faye ♥♥♥♥♥
Grasset
Parution : 14/08/2024
Pages : 288
Isbn : 9782246831457Prix : 20.90 €
Présentation de l'éditeur
Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l’histoire terrible d’un pays qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l’humanité, paradoxale, aimante, vivante.
Gaël Faye
Auteur compositeur interprète, Gaël Faye est l’auteur du premier roman phénomène Petit pays (Grasset 2016, prix Goncourt des lycéens) ainsi que de plusieurs albums, de Pili pili sur un croissant au beurre (2013), à Mauve Jacaranda (2022). Il était la Révélation scène de l’année des Victoires de la musique 2018.
Mon avis
A travers ce récit multigénérationnel ce n'est pas l'histoire du terrible génocide qui nous est contée mais les répercussions de ces violences extrêmes subies par la population, les familles et surtout la question de comment retisser des liens après tout cela. C'est comprendre le génocide et trouver comment vivre avec ce passé.
Ce récit est universel, c'est décrire ce que l'humain peut faire de pire et comment après ces atrocités, cette noirceur, il est possible de retrouver la lumière et le vivre ensemble.
Milan vit en France né d'un père français et d'une mère rwandaise. Il ne sait rien du pays maternel et de ses origines, ne s'est jamais interrogé car à la maison, on n'en parle pas.
Il a 12 ans lorsque fin juillet 94 arrive chez lui, un petit garçon, maigre, blessé. Il vient du Rwanda dont il a vu les reportages des massacres à la télé. Ce petit garçon auquel il s'attache, qui repartira dans son pays un peu plus tard sans qu'il puisse lui dire au revoir et mieux le connaître, c'est Claude, son oncle.
Quatre années plus tard, il va accompagner sa mère à Kigali, découvrir le Rwanda et retrouver Claude. Il va découvrir un autre monde, ses origines, ignorant de son histoire, il va néanmoins resentir pleinement ce qu'ont vécu ses ancêtres.
Avec lui on va découvrir Sartre qui vit dans un squat, sa mamie, mais aussi Eusébie, l'amie de sa mère qui vient de donner vie à une petite fille; Stella qu'il retrouvera à plusieurs reprises et Rosalie, la grand-mère centenaire qui raconte l'histoire du Rwanda.
On accompagnera Milan à plusieurs reprises dans ce pays, à la recherche de ses racines dont sa mère ne lui dit toujours rien, juste le silence pour un passé trop douloureux à porter.
Ce récit sur 5 générations, étalé sur un siècle va nous faire comprendre et ressentir l'histoire du Rwanda, de ses ethnies, la colonisation, la christianisation, la responsabilité des colons, des pouvoirs locaux, utilisant souvent la foi, les églises comme lieu d'extermination.
J'ai découvert l'importance des Gacacas, tribunaux populaires pour permettre de savoir, de comprendre ce qui s'est passé, de ne plus laisser des impunis, permettre au peuple de pardonner et vivre ensemble.
J'ai compris et ressenti la difficulté et le dilemne de penser vengeance et vivre ensemble, l'importance d'avancer dans cette société, de ne pas oublier.
Stella, la petite fille qui vient de naître lorsque Milan fait son premier voyage au Rwanda est née en 98 bien après le génocide, elle va être un fil rouge, en nous racontant son lien fort avec Rosalie, son arrière grand-mère, ses ancêtres et racines. Le Jacaranda est son refuge, ses racines, indispensable pour elle.
Un livre magnifique qui ouvre la voie vers la lumière et le vivre ensemble.
Je pourrais encore vous dire beaucoup de choses, lisez-le vous ne serez pas déçu.e.s.
C'est un gros coup de coeur ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Mais on ne vient pas en vacances sur une terre de souffrances. Ce pays est empoisonné. On vit avec des tueurs autour de nous et ça nous rend fous Tu comprends ? Fous !
Ecoute-moi bien, beaucoup de Rwandais qui ont vécu toute leur existence en exil sont revenus après le génocide. Peu importe ce que l'on te dira, c'est ton pays. Tes ancêtres vivaient sur ces collines et certains ont payé de leur vie pour que tu te sentes chez toi.
Tu sais, l'indicible ce n'est pas la violence du génocide, c'est la force des survivants à poursuivre leur existence malgré tout.
Dans quel marécage intérieur les gens de ce pays pouvait-il vivre ?
Avant de s'éteindre paisiblement sur la terre de ses ancêtres, elle m'aura enseigné que l'on ne peut pas comprendre qui on est si on ne sait pas d'où l'on vient. Elle est racine de mon arbre de vie. Elle existe pour toujours sous l'écorce de ma peau.
Après le génocide, j'ai rencontré d'autres rescapés dans des situations encore plus terribles que la mienne et j'ai compris que je devais vivre pour les miens qui n'étaient plus là. Je n'avais pas le choix. Les corps de mes enfants avaient été déplacés au mémorial et j'ai pu les enterrer en dignité. J'ai repris mes études. En 1998, je suis devenue mère à nouveau. Ma fille, Stella, est ma raison d'être. Aujourd'hui, les miens vivent à travers moi mais aussi à travers elle. Il faut se souvenir que les Tutsi ont été tués non pas pour ce qu'ils pensaient ou ce qu'ils faisaient mais pour qui ils étaient. Nous devons continuer à raconter ce qui s'est passé pour que cette histoire se transmette aux nouvelles générations et ne se reproduise jamais plus nulle part.
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1 commentaire:
j'ai beaucoup aimé Petit pays, je le lirai!
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