Agnès Dumont
Quadrature
Septembre 2013
ISBN 9782930538341 (format broché)
ISBN 978-2-93053-835-8 (format ePUB)
126 pages
Livre broché - 16€
ebook - 9.99€
L'auteur
Après Demain, je franchis la frontière et J’ai fait mieux depuis(prix Georges Garnir 2011), Agnès Dumont nous livre son troisième recueil. Liège et sa banlieue lui servent à nouveau de toile de fond. C’est dans cette ville qu’elle vit et enseigne le français.
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L'avis de l'éditeur
« Chère Jeanne Moreau, quel dommage que vous ne soyez pas dans le jukebox de ce café. Votre voix rocailleuse aurait secoué les rideaux défraichis et les joueurs de cartes qui rotent discrètement derrière leurs atouts. Vous, vous arriveriez à effacer ce petit sourire qui flotte sur le visage du garçon dès qu’il regarde dans ma direction.
T’as jamais vu une vieille qui s’enivre, gamin ? Alors regarde bien, aujourd’hui le spectacle est gratuit… »
Les héros ? Des compagnons de route. Qu’ils soient réels ou de fiction, ils croisent la vie des personnages d’Agnès Dumont. Parfois ils fascinent, éclairent ou stimulent, parfois ils effraient ou encombrent, comme de vieux souvenirs, des fardeaux dont il serait difficile de se débarrasser…
Mon avis
Pas simple pour moi de vous donner un avis sur un recueil de nouvelles. J'avoue que l'exercice me semble encore plus difficile que d'habitude. C'est court, je n'aime pas vous raconter car il vous faut de la surprise.
C'est le troisième recueil qu'Agnès Dumont publie chez Quadrature . Elle est d'ailleurs finaliste du festival de la nouvelle de Lauzerte (F), ce prix sera attribué en septembre.
Mola Mola a pour fil rouge nos héros, qu'ils soient vedettes du petit ou grand écran, acteur, chanteur ou sportif. Qu'ils soient réels ou fictifs, peu importe, ils croisent la route de nos interlocuteurs et changent parfois leur vie.
Sur base d'un instantané, Agnès Dumont nous offre de belles histoires, des aventures originales, toutes différentes les unes des autres au niveau du style et des ambiances.
Elle nous conduit toujours là où on ne l'imagine pas, ce avec humour, tendresse et émotion. Elle croque magnifiquement leurs âmes, leurs états d'esprit et ce avec une très grande finesse et psychologie. En tant que lecteur elle nous amène beaucoup d'empathie pour ces protagonistes.
Elle aime les gens, cela se sent, il y a beaucoup d'humanité dans chacun de ses personnages.
Chaque nouvelle est à la première personne du singulier. Le narrateur nous livre son intimité, son ressenti à un moment précis de son existence. Et nous, lecteur, le plus souvent nous nous y retrouvons , avec des parts de notre vécu, nos espoirs, nos désillusions, nos angoisses ou joies tout comme les acteurs de ces petits récits. Avec nos maladresses, nos regrets, nos hésitations.
Chaque nouvelle traduit et provoque des émotions. Agnès Dumont jongle parfaitement avec elles, des expressions imagées, un ton tantôt humoristique, tantôt tendre avec souvent des rebondissements inattendus.
Jeanne : Elle était artiste, chanteuse dans un cabaret et avec regrets a laisser tomber ce métier pour s'occuper de sa soeur. Sa nièce vient d'accoucher, elle lui rend visite. C'est le conflit des générations, j'adore sa petite vois intérieure qui lui dicte le contraire de son attitude. Son modèle de femme libre Jeanne Moreau.
"A ton âge, chanter j'ai la mémoire qui flanche, c'et risquer de se retrouver illico en peignoir au milieu d'autres séniles"
J.R. : Jeanne-rose est veuve, elle a 80 printemps. Elle est fan de romans policiers et pour retrouver le frisson de ses polars, elle se met à piquer des dessous chics dans les grands magasins. Elle rencontrera Jules 10 ans et sa famille et ce sera un peu le monde à l'envers...Jules lui fera la morale...
Julia (Roberts) : Stéphane Lambermont a 78 ans, il a quitté sa maison pour une maison de retraite sans emporter le moindre souvenir personnel. Il y a Maria, mais aussi sa petite-fille qui lui rend visite en lui annonçant que son père a été viré. Les perspectives changent et les regrets reviennent.
Bruno (Cremer) : Le commissaire Maigret joué dans un film hongrois. L'occasion pour Arlette (57 ans) d'entrer en contact et d'essayer de se faire remarquer par son professeur de cinéma à l'université du troisième âge. Ici tout l'art de se faire voler la vedette.
J'ai eu beaucoup de tendresse pour Khadja Nin , lorsqu'une fillette de deux ans arrive du Burundi , où encore par Tirunesh lorsqu'une jeune vendeuse est troublée par sa collègue. Sonia (The Clash) qui retrouve un amour de jeunesse où pas. Est-ce bien celui qu'elle croit ? Il y a aussi (Angela) et la remise de diplôme, j'ai particulièrement aimé le contraste du début chez l'esthéticienne.
Et la sensibilité dans Lulu, la belle complicité entre Jean-Paul -qui s'enferme dans la véranda où Nathalie sa femme a passé ses derniers jours, le pouvoir des livres - et Lulu?
Il y en a encore d'autres des personnages, vous avez compris c'est un beau voyage auquel je vous invite.
Ma note : 8.5/10
Les jolies phrases
Ça lui va bien d'être enceinte, c'est un truc pour les gens qui ne sont pas pressés, cette longue attente de neuf mois où on s'arrondit sans pouvoir accélérer ou ralentir le processus.
Vu sous un certain angle, cet épisode presque honteux pourrait se parer des vertus de l'exploit : elle a osé quitter une salle au milieu d'un film, rejeter une oeuvre unanimement encensée par la critique, elle s'est démarquée.
Il entretenait d'ailleurs avec le verbe rouspéter le même rapport que les Inuits avec la neige : une familiarité constante qui avait dégénéré, une multitudes de synonymes.
La véranda, c'est la décroissance qui t'était chère, le lieu où tu continues de me parler même si je suis un élève plutôt obtus à qui il faut sans cesse réexpliquer les choses.
Comprimer l'espace pour permettre au temps de se dilater, quel artifice.
Sa vie ressemble à un disque rayé, elle tombe toujours dans le même sillon, ses Marc sont à chaque fois presque divorcés, presque libres, presque amoureux.
L'espérance vitale allait croissant, c'est vrai, mais l'autonomie indispensable pour profiter de ce rabiot d'années n'était pas au rendez-vous ; dans un home, les vieux y étaient plus surveillés que des repris de justice en prison et les gardes-chiourmes avaient beau se vêtir de blancs tabliers, ils n'en restaient pas moins fermes et vigilants comme leurs homologues du service carcéral.
Derrière leur rideau de cheveux, elles ne voient que la moitié du monde et semblent s'en contenter, pour certaines on dirait que c'est encore trop : elles ajoutent bonnets ou grands cols, réduisant leur vision à un goulot de lorgnette.
Les tournants, dans la vie, c'est toujours l'occasion de jeter un oeil dans le rétro et on a beau se démener pour que le paysage parcouru ait plus ou moins fière allure, c'est souvent le moment où les larmes vous viennent aux yeux sans que la cire y soit pour quoi que ce soit.
Ça lui va bien d'être enceinte, c'est un truc pour les gens qui ne sont pas pressés, cette longue attente de neuf mois où on s'arrondit sans pouvoir accélérer ou ralentir le processus.
Vu sous un certain angle, cet épisode presque honteux pourrait se parer des vertus de l'exploit : elle a osé quitter une salle au milieu d'un film, rejeter une oeuvre unanimement encensée par la critique, elle s'est démarquée.
Il entretenait d'ailleurs avec le verbe rouspéter le même rapport que les Inuits avec la neige : une familiarité constante qui avait dégénéré, une multitudes de synonymes.
La véranda, c'est la décroissance qui t'était chère, le lieu où tu continues de me parler même si je suis un élève plutôt obtus à qui il faut sans cesse réexpliquer les choses.
Comprimer l'espace pour permettre au temps de se dilater, quel artifice.
Sa vie ressemble à un disque rayé, elle tombe toujours dans le même sillon, ses Marc sont à chaque fois presque divorcés, presque libres, presque amoureux.
L'espérance vitale allait croissant, c'est vrai, mais l'autonomie indispensable pour profiter de ce rabiot d'années n'était pas au rendez-vous ; dans un home, les vieux y étaient plus surveillés que des repris de justice en prison et les gardes-chiourmes avaient beau se vêtir de blancs tabliers, ils n'en restaient pas moins fermes et vigilants comme leurs homologues du service carcéral.
Derrière leur rideau de cheveux, elles ne voient que la moitié du monde et semblent s'en contenter, pour certaines on dirait que c'est encore trop : elles ajoutent bonnets ou grands cols, réduisant leur vision à un goulot de lorgnette.
Les tournants, dans la vie, c'est toujours l'occasion de jeter un oeil dans le rétro et on a beau se démener pour que le paysage parcouru ait plus ou moins fière allure, c'est souvent le moment où les larmes vous viennent aux yeux sans que la cire y soit pour quoi que ce soit.
2 commentaires:
J'ai lu "Demain je passe la frontière" et j'ai été un peu déçue. Tant mieux si celui-ci t'a plu.
Je sais que ce recueil-ci a été très apprécié, mais j'avais personnellement eu plus de mal à m'y retrouver, tant dans les références que je ne partageais pas que dans les émotions. Un rendez-vous manqué. En revanche, j'avais beaucoup aimé Demain, je passe la frontière.
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