Laurent SEKSIK
Flammarion
Parution 21/08/2013
J'ai lu en 2015
302 pages
ISBN 978-2-812-4857-1
Prix : 19 Euros
Présentation de l'éditeur
« Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution », écrit Albert Einstein en exil. Eduard a vingt ans au début des années 1930 quand sa mère, Mileva, le conduit à l’asile. Le fils d’Einstein finira ses jours parmi les fous, délaissé de tous, dans le plus total dénuement. Trois destins s’entrecroisent dans ce roman, sur fond de tragédie du siècle et d’épopée d’un géant. Laurent Seksik dévoile un drame de l’intime où résonnent la douleur d’une mère, les faiblesses des grands hommes et la voix du fils oublié.
Mon avis
Magnifique récit qui se penche sur un coin d'ombre dans la vie d'Einstein, celui de son fils Eduard.
Un récit à trois voix magnifiquement orchestré par Laurent Seksik. On entend tour à tout par le biais de courts chapitres : Mileva, la mère - Eduard, le fils et Albert, le père.
Eduard Eisntein est né le 23/07/1910; C'est un enfant brillant, hypersensible, doué pour la musique, son rêve devenir psychiatre. Il vit avec sa mère Mileva Maric d'origine serbe. C'est la première épouse d'Einstein. Elle vit à Zurich depuis leur divorce en 1914, ayant refusé de s'installer à Berlin avec Albert. C'est une femme brillante, mathématicienne qui a tout abandonné pour se consacrer à l'éducation de ses garçons Hans-Albert (brillant ingénieur) et Eduard. Elle souffre depuis sa jeunesse d'une déformation de la hanche qui la rend claudiquante et l'a fait souffrir. Au fond d'elle, la souffrance de la perte de leur fille Lieserl (née deux ans avant le mariage) est toujours présente.
Elle a tout abandonné pour s'occuper d'Eduard et c'est la mort dans l'âme, impuissante à la violence des crises de son fils qu'elle conduit Eduard ce matin de novembre 1930 à l'asile des âmes en détresse : le Burghölzi de Zurich.
Eduard ne va pas bien, il entend hurler les loups, il se sent habité et devient très agressif. Il a besoin d'aide. Diagnostiqué schizophrène à l'âge de vingt ans, il passera les trente-cinq années restantes de sa vie entre l'asile et l'appartement de sa maman.
Il subira les traitements de l'époque : électrochocs, camisole de force, coma diabétique... Beaucoup de souffrances. C'est difficile d'être le fils de , de ne pas se sentir aimé par son père et peut-être le silence sur l'absence de sa soeur complètement effacée est aussi la cause de son état ?
Albert lui s'occupera financièrement de son fils mais rattrapé par l'Histoire, lui qui était adulé, porté en héros dix ans plus tôt devient ennemi public numéro un par son statut de juif. Il quittera le pays en 1933 pour trouver refuge aux Etats-Unis. La photo de couverture est prise lors de la dernière rencontre avec son fils, on y perçoit la tristesse dans le regard d'Albert. Déchirure, résignation, déception , impuissance de n'avoir jamais su apporter de réponse et solution à la maladie d'Eduard.
Albert a bravé bien des choses ; la gestapo, le FBI qui le prenait pour un communiste, il a soutenu la cause noire, les juifs opprimés. Il n'a pas toujours été le bienvenu dans son pays d'accueil, mais il n'a jamais pu se résoudre à voir son fils.
Un récit palpitant retracant le climat et le contexte historique des années trente en filigranne, le maccarthysme, la ségrégation, la poussée du nationalisme, s'attachant surtout à l'intime de la famille Einstein.
La troisième personne est utilisée pour Mileva et Albert, la première pour Eduard que j'ai trouvé attachant. Un magnifique récit, intense, une plume énergique, très intéressante. Un petit bonheur de lecture.
Ma note : 9.5/10
Magnifique récit qui se penche sur un coin d'ombre dans la vie d'Einstein, celui de son fils Eduard.
Un récit à trois voix magnifiquement orchestré par Laurent Seksik. On entend tour à tout par le biais de courts chapitres : Mileva, la mère - Eduard, le fils et Albert, le père.
Eduard Eisntein est né le 23/07/1910; C'est un enfant brillant, hypersensible, doué pour la musique, son rêve devenir psychiatre. Il vit avec sa mère Mileva Maric d'origine serbe. C'est la première épouse d'Einstein. Elle vit à Zurich depuis leur divorce en 1914, ayant refusé de s'installer à Berlin avec Albert. C'est une femme brillante, mathématicienne qui a tout abandonné pour se consacrer à l'éducation de ses garçons Hans-Albert (brillant ingénieur) et Eduard. Elle souffre depuis sa jeunesse d'une déformation de la hanche qui la rend claudiquante et l'a fait souffrir. Au fond d'elle, la souffrance de la perte de leur fille Lieserl (née deux ans avant le mariage) est toujours présente.
Elle a tout abandonné pour s'occuper d'Eduard et c'est la mort dans l'âme, impuissante à la violence des crises de son fils qu'elle conduit Eduard ce matin de novembre 1930 à l'asile des âmes en détresse : le Burghölzi de Zurich.
Eduard ne va pas bien, il entend hurler les loups, il se sent habité et devient très agressif. Il a besoin d'aide. Diagnostiqué schizophrène à l'âge de vingt ans, il passera les trente-cinq années restantes de sa vie entre l'asile et l'appartement de sa maman.
Il subira les traitements de l'époque : électrochocs, camisole de force, coma diabétique... Beaucoup de souffrances. C'est difficile d'être le fils de , de ne pas se sentir aimé par son père et peut-être le silence sur l'absence de sa soeur complètement effacée est aussi la cause de son état ?
Albert lui s'occupera financièrement de son fils mais rattrapé par l'Histoire, lui qui était adulé, porté en héros dix ans plus tôt devient ennemi public numéro un par son statut de juif. Il quittera le pays en 1933 pour trouver refuge aux Etats-Unis. La photo de couverture est prise lors de la dernière rencontre avec son fils, on y perçoit la tristesse dans le regard d'Albert. Déchirure, résignation, déception , impuissance de n'avoir jamais su apporter de réponse et solution à la maladie d'Eduard.
Albert a bravé bien des choses ; la gestapo, le FBI qui le prenait pour un communiste, il a soutenu la cause noire, les juifs opprimés. Il n'a pas toujours été le bienvenu dans son pays d'accueil, mais il n'a jamais pu se résoudre à voir son fils.
Un récit palpitant retracant le climat et le contexte historique des années trente en filigranne, le maccarthysme, la ségrégation, la poussée du nationalisme, s'attachant surtout à l'intime de la famille Einstein.
La troisième personne est utilisée pour Mileva et Albert, la première pour Eduard que j'ai trouvé attachant. Un magnifique récit, intense, une plume énergique, très intéressante. Un petit bonheur de lecture.
Ma note : 9.5/10
Un jour, mon père travaillera sur mon cas. À quoi bon une telle intelligence si elle n'est pas mise au service de l'homme ? Celui qui a découvert les grands principes de l'univers ne peut-il travaillersur mon hémisphère droit ?
Il a cru en l'intelligibilité de l'architecture du monde. Il ne peut imaginer un dieu qui récompense et punit l'objet de sa cration. Il a toujours vu la raison se manifester dans la vie. Et la raison n'est plus nulle part dans l'esprit de son fils.
La belle vie est dans la nature humaine. Promenons-nous dans les bois. La formule du bonheur n'est pas dans les chiffres.
Elle ne pose plus de questions. Elle contemple la souffrance dans les yeux de son fils. Par deux fois Eduard a tenté de se suicider. Elle est la compagne de la folie. Elle s'acoquine avec la mort.
Voilà où repose sa seule espérance : tenir.
Papa, tu voulais me donner des leçons, tu apprends enfin la vie. C'est douloureux, n'est-ce-pas, ce poids sur les épaules ?
Se peut-il qu'en un même instant, de part et d'autre d'un océan, une même jeunesse brûle, ici, des cigarettes, là, des livres.
L'arbre généalogique, arraché de sa terre hostile, poussera, régénéré, sur le sol américain. La longue expérience de sa vie le lui a enseigné. En quelque endroit du monde, on prend racine. La terre importe peu. Seule compte ce que dicte notre conduite, ce que célèbrent nos mémoires.
Cela veut dire que tu es sur la bonne vois, Eduard. Le progrès c'est moins percevoir la douleur de l'existence. De se montrer insensible aux turbulences.
Personne n'a jamais compris ce que la disparition d'un proche signifiait. Les plus grands sages se sont penchés sur la question. L'homme a inventé les religions pour trouver la consolation de cette immense tristesse. Jusqu'à présente, nul n'a trouvé de réponse satisfaisante. Cela demeure un des plus grands mystères de l'humanité.
Seule une vie vécue pour les autres est digne d'être vécue.
Les pères engendrent les fils. Mais ce sont les fils qui rendent père leur géniteur, qui font d'eux des hommes.
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