dimanche 5 novembre 2017

Le brodeur - Bianca Joubert

Le brodeur   -  Bianca Joubert

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Éditions Marchand de feuilles
Parution : 12 septembre 2012
ISBN-13: 978-2923896168



Présentation de l'éditeur

« Dans le dénuement j'ai trouvé l'abondance. » raconte Bianca Joubert parachutée à la lisière du Sahel dans un lieu sans miroirs, fenêtres ou vitrines pour lui rendre son reflet. Elle se retrouvera dans les gestes taciturnes d'un brodeur coincé entre ses croyances et la modernité au creux d'un village où les femmes marchent un enfant au dos, un plateau sur la tête en tricotant. Par delà les nuits où le silence est d'une telle qualité qu'on croirait entendre le scintillement des étoiles leur histoire se déploiera, cousue de malentendus et de non dits. Le brodeur quittera ce pays où il dessine des motifs magiques à l'échancrure des cols, où les sorcières concoctent des potions d'espoir avec des feuilles de baobab pour retrouver l'Occident et ses plantations d'oranges amères. Un livre en sfumato où l'on apprend à lire son avenir dans le profil des dunes.

Bianca Joubert

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Bianca Joubert fait partie des cinq finalistes du Prix du récit Radio-Canada 2016 pour La chasse à la biche, l'histoire de trois jeunes filles et un bébé qui flirtent avec le danger à la frontière des États-Unis et du Mexique. Un texte à l'écriture forte et poignante, dans lequel la douleur est palpable.


Bianca Joubert a grandi dans le Bas-Saint-Laurent et habite Montréal. Auteure, journaliste indépendante, photographe, elle est aussi diplômée en arts visuels et pratique la danse. Elle a remporté le Prix de la nouvelle Radio-Canada en 2008 pour un texte devenu depuis un roman, Le léopard ne se déplace pas sans ses taches – Histoires naturelles, publié en 2016 aux éditions Marchand de feuilles, qui avait déjà publié en 2012 son premier roman, Le brodeur.


Source Radio Canada


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Mon avis

C'est parti pour "Québec en novembre", à la découverte d'auteurs québécois..  Je vous propose de découvrir le premier roman de Bianca Joubert.  J'avais beaucoup aimé le second "Le léopard ne se déplace pas sans ses taches"  lu l'an dernier.   Direction le Sahel, le Burkina Fasso.

La narratrice qui s'adresse à nous à la première personne arrive pour un séjour de coopération dans un village de brousse à Bokin, elle nous emmène avec elle à la rencontre des habitants et des traditions du Sahel.

Le livre se partage en deux parties.  Dans la première, Bianca Joubert nous propose à travers de courts chapitres de nous imprégner de la lumière du Sahel et du village de Bokin, de la générosité des habitants vivant dans un grand dénuement par rapport à notre mode de vie et notre société de consommation, des paysages enchanteurs à la terre rouge craquelée attendant que la pluie tombe.  Elle nous invite à boire un thé autour des cendres du charbon, à regarder la télé avec une quarantaine de villageois tous pressés autour de la boîte magique..

Elle s'imprègne peu à peu du village, de ses habitants, des us et coutumes malgré la barrière de la langue.  Elle nous parle de la polygamie, des femmes, de la religion mais aussi beaucoup de la sorcellerie et des fétiches très présents.

Elle vit au rythme de là-bas, s'intégrant et s'attachant de plus en plus à ce pays où plane encore l'ombre du Président Thomas Sankara assassiné en octobre 1987, il reste le symbole de la jeunesse.

Un homme la charme et la séduit, elle passe beaucoup de temps avec lui, il nous conte son métier, c'est le brodeur.

Dans la seconde partie, la narratrice est de retour au Québec depuis deux ans lorsqu'un messager, Salaam, vient à sa rencontre pour lui raconter son long voyage et l'histoire du brodeur.  Bianca Joubert  apporte ici un regard plus politique, plus journalistique en s'intéressant à l'immigration, à ce qui pousse le peuple à fuir le régime, à la répression et aux assassinats du pouvoir qui a commandité la disparition brutale de Thomas Sankara. aux conditions de voyage et la difficulté de trouver refuge ailleurs. Il faut dire que trente ans plus tard le peuple attend encore la justice.

Avec beaucoup de charme et de poésie, Bianca nous livre ici une écriture claire et lumineuse.  C'est visuel, elle nous propose un vrai voyage.

Un premier roman très réussi.

Ma note : 8.5/10


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Les jolies phrases

L'époque où j'ai appris que les battements du coeur sont la seule vraie mesure du temps.

L'élégance des gens d'ici, malgré le rude travail, la rareté de l'eau, la terre rouge qui vole sous les roues des mobylettes et envahit tout, me fascine.

Je me demande en pédalant si ceux qui n'ont pas de transistor, ne savent pas lire les journaux et côtoient rarement la télévision sont plus à l'abri des catastrophes du monde.

Dans le dénuement, j'ai trouvé l'abondance.  A la différence que je peux, moi, repartir quand je le veux.

Ce qui est inachevé reste pour toujours merveilleux.  Inépuisable.  C'est ce qui m'a pris : l'envie de laisser cet amour sous verre, pour qu'il respire de lui-même, pour ne jamais le perdre dans la lassitude.

La grande traversée qui m'attendait, cette fois, c'était le passage non seulement d'une rive à une autre, mais d'une vie à une autre.


Du même auteur, j'ai lu :  (mon avis en cliquant sur la photo)

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5 commentaires:

isallysun a dit…

Est-ce que tu sais si c'est autobiographique?

Karine a dit…

J'allais poser la même question! Je ne connais pas du tout ce contexte politique (ni ce coin)... je suis curieuse, donc.

nathalie vanhauwaert a dit…

D'après ce que j'ai lu ce n'est pas autobiographique mais l'auteure a écrit ce récit quelques années après avoir effectué plusieurs voyages en Afrique. Voici le lien de l'article


http://www.lapresse.ca/arts/livres/entrevues/201210/19/01-4585013-bianca-joubert-donner-et-recevoir.php

Lili a dit…

Les extraits que tu cites sont très beaux et inspirants. Merci pour cette découverte !

isallysun a dit…

merci pour la précision