Bookelis
Parution : 20/03/2017
Pages : 314
Prix : 14.90 €
Prix e book : 2.99€
Présentation de l'éditeur
Poc est un roman à trois voix. Trois enfances. Trois périodes différentes du XXè siècle, en France. Ce sont trois voix distinctes qui se rejoignent pour ne former plus qu’une.
POC commence donc dans les années 1920 et défile jusqu’en 2063.
On y croise des ouvriers, des Allemands, des paysans, des blousons noirs, des mariés, un ministre de la guerre, des piliers de comptoir, des Viêt-Minhs, des profs, des artistes, un chien moche.
On y entend de l’accordéon, des vitres qui cassent, des cris silencieux, des poèmes salvateurs, des riffs de guitare, des tilts de flipper, l’accélération d’une voiture, des détonations, un voisin qui râle et les cloches du Beffroi de Bruges.
On y découvre l’enfance par la rue, par le pissenlit sur le trottoir, le sentier buissonnier, le sirop du pavé.
On y danse pendant la vie, et même parfois après.
En images
Mon avis
Un premier roman auto-édité que vous devez absolument lire car il y a du talent. C'est un peu un diamant à l'état brut que je vous propose. Je me répète mais c'est un auteur à suivre.
C'est un récit et une plume originale, particulière. Un roman inclassable je pense car il comporte tellement de facettes qui le rendent unique.
Il s'agit de trois hommes, trois destins, trois époques que nous allons suivre de 1920 à 2063.
J'avoue avoir été un peu perturbée au début car de chapitre en chapitre, j'avais un peu de mal de savoir de qui l'auteur me parlait; Sébastien, Edouard ou Edmond, mais ceci était peut-être volontaire ...
Il y a Sébastien, né en 1973 passant sa prime jeunesse dans une tour HLM avec vue sur la prison de Fleury Mérogis. Un père alcoolique, violent, absent durant une grande partie de sa jeunesse. Une mère vivant égoïstement sa vie. Sébastien est attiré par la littérature et le théâtre. Tout aurait pu être différent s'il avait eu un peu de reconnaissance.
Il y a Edouard, 16 ans en 1944, enfant de parents divorcés, en manque d'amour. A l'âge de 17 ans il effectue un STO rural, ensuite il s'engage à l'armée, il vivra la guerre d'Indochine et croisera souvent la mort de très prêt. Une croix, un casque !
Michel, enfin est né à la fin de la seconde guerre mondiale. Il est médiocre à l'école, deviendra manuel, fêtard, aimant les filles et boire un coup. Il se mariera dans les années 70.
Ces trois vies, nous retracent trois époques. C'est intéressant de voir l'évolution de la société, de l'école, du monde du travail, une société en mutation.
On s'attache aux personnages très bien construits, bien travaillés, bien développés psychologiquement. Ce sont trois êtres cabossés par la vie avec leurs fêlures.
Il y a beaucoup de noirceur, de violence mais aussi pas mal de poésie.
On y parle des relations parents-enfants, de l'abandon, du manque d'amour, d'une certaine maltraitance et de la façon dont chacun fera sa vie.
"Le destin de chacun dépend parfois de peu de choses ..."
Une écriture originale, un style bien particulier rempli d'humanité. Les personnages nous parlent sans langue de bois. La plume mêle de l'argot et de la poésie. Stéphane Grisard joue sur le langage. Sa plume est très visuelle, on a le sentiment de "voir un film", les époques se succèdent. Il y a du rythme, du réalisme et de l'humain.
Et que d'émotions également en cours et fin de lecture.
Merci aux épicurieux d'avoir parlé de cette petite merveille et de m'avoir donné l'envie de la découvrir, je serais passée à côté de quelque chose.
Alors comme moi laissez vous tenter et découvrez "Poc", je vous le recommande vivement.
Ma note : 9/10
Les jolies phrases
La campagne, Sébastien avait trouvé ça aussi ennuyeux que la ville. Très jeune, il comprit que l'on pouvait être heureux partout, ou nulle part. Cela ne dépendait pas de l'endroit, mais d'avec qui on vivait, et de ce qu'on y faisait.
Quand on est douleur, la moindre caresse se meut parfois en gifle violente.
Pour être gosse, fallait rester bavard dans sa tête.
C'est comme un trou dans le mur, si tu veux plus le voir, tu fous une pierre à la bonne taille dedans et hop, c'est réglé.
Moi, je crois qu'au final on meurt de son passé, de son enfance, de cette époque quand on n'a pas eu le matériel pour suturer les plaies. On a beau essayer de colmater autour de la pierre dans le trou, ben y reste des brèches, ça suite toujours un peu, plus ou moins lentement, sans bruit, comme un filet de vie qui s'écoulerait pour un aller simple vers nulle part, un goutte à goutte du pus de l'existence. On se vide toujours de soi par l'enfance, suriné par l'écho d'un rire perdu, dézingué par trois notes de musique oubliées, disloqué par des mots assassins qui te mosaïquent le citron.
Puis, le divorce des parents qu'est une guerre qui sera pourtant jamais dans les manuels d'Histoire. Où y a pas de photos des trous d'obus, pas de minutes de silence pour les fusillés, pas de flamme pour le gamin inconnu ...
Pour protéger les gosses, les adultes inventent des stratagèmes alambiqués, des plans sibyllins. C'est surtout eux qu'ils protègent. Ils s'épouvantent de leurs propres mots, de leurs regards fuyants, de leurs émotions mal domptées, mal digérées. Alors ça controuve, ça feint, ça détourne. Ça utilise un mot pour un autre, ça calcule en codes verbaux, se creuse en langages parallèles, implique des pré-requis "secret défense".
Les blessures de gosse, c'est comme un lavabo rempli d'eau bouillante. Si tu poses doucement ta main bien à plat juste sur la surface, ça paraît presque froid, ça ne fait rien. Mais si tu plonges la main dedans, tu te brûles et la douleur devient vite insupportable.
Cet homme n'a fait qu'une chose et ça a pourtant changé ma vie. Il m'a regardé avec douceur, et tendresse. Pis il a cru en moi. Il me l'a dit. Il ne connaissait rien de moi, mais il m'a demandé de lire "Le Saguoin" de Mauriac.
J'ai voulu briller comme le soleil, alors que je n'étais qu'un reflet de la lune.
Le plus dur, c'est de tuer les souvenirs. L'autre qui a tant partagé, qui a tout vu, été témoin de qui nous fûmes, de ce que nous avons vécu, efface avec son départ la moindre photo jaunie. Rien n'a existé ?
On meurt de son enfance, s'y consumant à petit feu. L'humain se croit invincible, mais chaque jour la terre se rapproche du soleil un peu plus. Plus la lumière sera là, plus la chaleur l'accompagnera. La lucidité brûle l'âme et finira par l'exploser.
La seule fraternité qui vaille est celle du silence.
J'écris pour la blessure, pas pour le pansement. Seul le sang qui encre m'intéresse.
On y entend de l’accordéon, des vitres qui cassent, des cris silencieux, des poèmes salvateurs, des riffs de guitare, des tilts de flipper, l’accélération d’une voiture, des détonations, un voisin qui râle et les cloches du Beffroi de Bruges.
On y découvre l’enfance par la rue, par le pissenlit sur le trottoir, le sentier buissonnier, le sirop du pavé.
On y danse pendant la vie, et même parfois après.
En images
Mon avis
Un premier roman auto-édité que vous devez absolument lire car il y a du talent. C'est un peu un diamant à l'état brut que je vous propose. Je me répète mais c'est un auteur à suivre.
C'est un récit et une plume originale, particulière. Un roman inclassable je pense car il comporte tellement de facettes qui le rendent unique.
Il s'agit de trois hommes, trois destins, trois époques que nous allons suivre de 1920 à 2063.
J'avoue avoir été un peu perturbée au début car de chapitre en chapitre, j'avais un peu de mal de savoir de qui l'auteur me parlait; Sébastien, Edouard ou Edmond, mais ceci était peut-être volontaire ...
Il y a Sébastien, né en 1973 passant sa prime jeunesse dans une tour HLM avec vue sur la prison de Fleury Mérogis. Un père alcoolique, violent, absent durant une grande partie de sa jeunesse. Une mère vivant égoïstement sa vie. Sébastien est attiré par la littérature et le théâtre. Tout aurait pu être différent s'il avait eu un peu de reconnaissance.
Il y a Edouard, 16 ans en 1944, enfant de parents divorcés, en manque d'amour. A l'âge de 17 ans il effectue un STO rural, ensuite il s'engage à l'armée, il vivra la guerre d'Indochine et croisera souvent la mort de très prêt. Une croix, un casque !
Michel, enfin est né à la fin de la seconde guerre mondiale. Il est médiocre à l'école, deviendra manuel, fêtard, aimant les filles et boire un coup. Il se mariera dans les années 70.
Ces trois vies, nous retracent trois époques. C'est intéressant de voir l'évolution de la société, de l'école, du monde du travail, une société en mutation.
On s'attache aux personnages très bien construits, bien travaillés, bien développés psychologiquement. Ce sont trois êtres cabossés par la vie avec leurs fêlures.
Il y a beaucoup de noirceur, de violence mais aussi pas mal de poésie.
On y parle des relations parents-enfants, de l'abandon, du manque d'amour, d'une certaine maltraitance et de la façon dont chacun fera sa vie.
"Le destin de chacun dépend parfois de peu de choses ..."
Une écriture originale, un style bien particulier rempli d'humanité. Les personnages nous parlent sans langue de bois. La plume mêle de l'argot et de la poésie. Stéphane Grisard joue sur le langage. Sa plume est très visuelle, on a le sentiment de "voir un film", les époques se succèdent. Il y a du rythme, du réalisme et de l'humain.
Et que d'émotions également en cours et fin de lecture.
Merci aux épicurieux d'avoir parlé de cette petite merveille et de m'avoir donné l'envie de la découvrir, je serais passée à côté de quelque chose.
Alors comme moi laissez vous tenter et découvrez "Poc", je vous le recommande vivement.
Ma note : 9/10
Les jolies phrases
La campagne, Sébastien avait trouvé ça aussi ennuyeux que la ville. Très jeune, il comprit que l'on pouvait être heureux partout, ou nulle part. Cela ne dépendait pas de l'endroit, mais d'avec qui on vivait, et de ce qu'on y faisait.
Quand on est douleur, la moindre caresse se meut parfois en gifle violente.
Pour être gosse, fallait rester bavard dans sa tête.
C'est comme un trou dans le mur, si tu veux plus le voir, tu fous une pierre à la bonne taille dedans et hop, c'est réglé.
Moi, je crois qu'au final on meurt de son passé, de son enfance, de cette époque quand on n'a pas eu le matériel pour suturer les plaies. On a beau essayer de colmater autour de la pierre dans le trou, ben y reste des brèches, ça suite toujours un peu, plus ou moins lentement, sans bruit, comme un filet de vie qui s'écoulerait pour un aller simple vers nulle part, un goutte à goutte du pus de l'existence. On se vide toujours de soi par l'enfance, suriné par l'écho d'un rire perdu, dézingué par trois notes de musique oubliées, disloqué par des mots assassins qui te mosaïquent le citron.
Puis, le divorce des parents qu'est une guerre qui sera pourtant jamais dans les manuels d'Histoire. Où y a pas de photos des trous d'obus, pas de minutes de silence pour les fusillés, pas de flamme pour le gamin inconnu ...
Pour protéger les gosses, les adultes inventent des stratagèmes alambiqués, des plans sibyllins. C'est surtout eux qu'ils protègent. Ils s'épouvantent de leurs propres mots, de leurs regards fuyants, de leurs émotions mal domptées, mal digérées. Alors ça controuve, ça feint, ça détourne. Ça utilise un mot pour un autre, ça calcule en codes verbaux, se creuse en langages parallèles, implique des pré-requis "secret défense".
Les blessures de gosse, c'est comme un lavabo rempli d'eau bouillante. Si tu poses doucement ta main bien à plat juste sur la surface, ça paraît presque froid, ça ne fait rien. Mais si tu plonges la main dedans, tu te brûles et la douleur devient vite insupportable.
Cet homme n'a fait qu'une chose et ça a pourtant changé ma vie. Il m'a regardé avec douceur, et tendresse. Pis il a cru en moi. Il me l'a dit. Il ne connaissait rien de moi, mais il m'a demandé de lire "Le Saguoin" de Mauriac.
J'ai voulu briller comme le soleil, alors que je n'étais qu'un reflet de la lune.
Le plus dur, c'est de tuer les souvenirs. L'autre qui a tant partagé, qui a tout vu, été témoin de qui nous fûmes, de ce que nous avons vécu, efface avec son départ la moindre photo jaunie. Rien n'a existé ?
On meurt de son enfance, s'y consumant à petit feu. L'humain se croit invincible, mais chaque jour la terre se rapproche du soleil un peu plus. Plus la lumière sera là, plus la chaleur l'accompagnera. La lucidité brûle l'âme et finira par l'exploser.
La seule fraternité qui vaille est celle du silence.
J'écris pour la blessure, pas pour le pansement. Seul le sang qui encre m'intéresse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire