mercredi 19 mai 2021

La caresse du loup - Catherine Robert ♥♥♥♥♥

 La caresse du loup      -  Catherine Robert   ♥♥♥♥♥



























L'iconoclaste
Parution : 1er avril 2021
Pages : 200
Isbn : 9782378801281
Prix : 17 €


Présentation de l'éditeur


La revanche de deux sœurs sur un prédateur


Un été, au bord de la mer. Chloé a huit ans. L’homme est un ami proche, un violoniste talentueux, invité dans la maison de vacances. En commettant une agression sexuelle, il détruit l’enfance et l’innocence de Chloé qui se mure dans le silence. Clara, sa sœur adorée, devine sans savoir

À l’âge adulte, le secret explose au sein de la famille. Clara décide de ramener Chloé à la vie. Et, fortes de leur lien, elles traquent le prédateur.

La Caresse du loup est un conte noir pour les adultes qui veulent croire à leur revanche.


L'auteure



Catherine Robert est professeure de lettres et de théâtre. Elle a découvert le théâtre très jeune et a écrit et mis en scène plusieurs spectacles. Pour ses élèves, elle a créé plusieurs textes à partir de pièces classiques pour permettre à des classes entières de se produire sur scène. L’Enfant et la terre à mystères et Rouge-Gorge, deux contes musicaux dont elle a écrit le texte, sont travaillés et chantés dans plusieurs conservatoires de musique.

La Caresse du loup est son premier roman.

 
Mon avis

Premier roman.  A peine reçu, à peine lu !  Quelle claque !

Quelle force d'écriture !  Comme le dit la quatrième de couverture un conte noir pour les adultes qui veulent croire à leur revanche !

Un été au bord de la mer, France est là avec ses six enfants et Jean-Loup, un musicien ami de la famille de longue date.   L'amour de musique les a réunis il y a plus de dix ans chez la mère de Claire à l'Atelier.  Il y venait régulièrement pour des concerts, c'est un grand virtuose du violon.  Il fait pour ainsi dire partie de la famille.


Aujourd'hui Clara fête ses 7 ans, sa soeur Chloé très fusionnelle a 8 ans et 10 mois.  Ce devrait être une journée de fête, on a fait un gâteau au chocolat, on se prépare à fêter ça sur la plage, Chloé monte dans sa chambre à la recherche de son maillot de bain mais Jean-Loup qui vient de se retirer pour se reposer l'attire dans sa chambre.  C'est là qu'il va commettre l'irréparable utilisant la main de Chloé pour son plaisir.  Il dit à Chloé que l'on recommencera ça le soir. 

Chloé se sent coupable, sale et se ferme.  Elle a peur, ne veut plus être en contact avec l'homme qui pue.  Ce jour là , elle quitte le monde de l'enfance et commence à porter sa souffrance.

Le soir, paniquée, elle cherche des moyens de ne pas dormir dans sa chambre pour éviter que cela ne recommence.  Elle va en parler à Clara, lui dire qu'elle veut dormir dans son lit, que Jean-Loup va lui demander d'aller dans sa chambre et qu'elle devra lui dire non, Chloé dort !

C'est bien ce qui s'est produit et le lendemain la mémoire de Clara a englouti tout cela bien profond.

Les années passent, les soeurs sont très proches.  Clara voit que quelque chose ne va pas avec sa soeur mais ce n'est qu'à l'âge adulte que les faits remontent à la surface et alors qu'elle a 18 ans, Clara 20, elle sort le phrase "il voulait que Chloé aille dans sa chambre".

Petit à petit après la consternation, c'est le combat de Clara pour libérer sa soeur de ce lourd fardeau car le secret est resté intact. Entre justice et vengeance, le parcours sera long pour vaincre ces démons, être reconnu.

Les mots sont choisis de façon chirurgicale pour faire remonter les souvenirs.  La langue est belle, épurée, l'écriture est à vif.  C'est un récit magnifiquement conté, il traite d'un sujet difficile, de l'abus sexuel et de ses répercussions psychologiques traînées toute une vie.

Lu d'une traite en apnée.

 
Ma note :  ♥♥♥♥♥


Les jolies phrases

La bêtise est bien plus grosse que toutes celles qu'elle a pu faire jusqu'à présent.  et puis cette bêtise-là, elle l'a fait toute seule.

Il ressemble à un papa mais il n'est pas comme papa.

Le pervers pervertit.  Il inverse tout.  le mal devient le bien, le coupable devient la victime, la petite fille devient le loup.

Ils sont là, tout près, tandis qu'elle est à l'autre bout du monde.  seule, dans un désert gelé.  Seule avec un loup.
Chloé est figée dans ce lit.  Clouée.  Ça empeste.  Personne n'a remarqué que Jean-Loup était dangereux parce qu'il s'est déguisé derrière une mèche bien peignée, de beaux yeux bleus et un grand sourire.  Personne n'a rien vu.  Mais elle, à cet instant précis, elle le voit.  

On ne peut pas penser l'impensable.  On ne pouvait pas savoir.

Parfois, on ne veut pas et on ne peut pas entendre.

Cette nuit là, toute l'enfance de Chloé est brûlée vive.  Et dans le cerveau de Clara se déverse le ciment froid d'une bétonneuse.  Commence un long enfouissement du souvenir.

"Caresser".  Le joli verbe passe de bouche à oreille.  C'est toujours ce verbe-là qu'on se murmure.  L'autre, le vrai, le laid, il est impossible à prononcer.  Ils essayent, les uns et les autres.  "Allez, je vais le dire." Ils commencent leur récit, avancent, s'approchent du moment fatal et, au dernier instant, ça s'arrête.  Et c'est "caresser"  qui sort.  L'autre, ils n'y arrivent pas.  Impossible.  Ça serait cracher un crapaud, comme la princesse maudite de Perrault.  Comment associer ce mot à l'adorable petite Chloé de huit ans ?  Il reste coincé dans les gorges qui savent.

Elles grandissent, sa souffrance et elle.  Ensemble.  Le fardeau ne se cale nulle part.  Alors elle avance comme elle peut, dans sa hote et la solitude.  En silence. 

Si seulement l'oubli pouvait laver, le silence effacer, comme la marée balaye le château de sable. 

Ca m'obligerait à dire mon intimité, à me mettre à nu...  C'est trop Clara.  C'est trop.  Ce serait donner de l'écho à un moment que je voudrais taire.

Ils sentent bien que la plainte les dépasse.  Mieux vaut garder ça dans le cercle de la famille.  Un bon couvercle et beaucoup d'amour. Alors chacun épaule Chloé du mieux qu'il peut.  Ils mettent en oeuvre tous les contreforts possibles pour permettre à l'édifice de tenir malgré ce sol instable.  Pourtant, ils savent qu'on ne construit pas sur une ou deux pierres posées au fil des ans.

1 commentaire:

Philippe D a dit…

Là, tu m'as convaincu. Je note ce titre.
Merci pour la découverte et bonne soirée.