Une soeur - Pascale Toussaint
On lit éditions
Parution : 28 avril 2021
Pages : 144
Isbn : 9782875601391
Prix : 16 €
Présentation de l'éditeur
Qu’est-il arrivé à la belle Agnès, la rebelle, l’amoureuse, pour que le jour de ses vingt ans, elle décide de rentrer au couvent ? Pour qu’elle en meure à moitié folle, bavant du chocolat ? Sa nièce enquête, fouille les non-dits et déterre les secrets de famille.
Pascale Toussaint est née à Bruxelles. Romaniste et formée aux métiers du livre, elle enseigne la littérature. Avec son mari Jacques Richard, elle vit à la « Luzerne », où vécurent avant eux Louis Scutenaire et Irène Hamoir. Elle a publié trois romans, une anthologie de la littérature belge et un recueil de poèmes.
Illustration de couverture : Charlotte Beaudry (peinture)
Couverture : studio alvin
Mon avis
Après l'enterrement d'Agnès, sa tante religieuse, Claire enquête. Elle veut comprendre comment et pourquoi sa tante est entrée au couvent, âgée à peine de 20 ans.
Elle est interpellée trouvant dans ses maigres affaires des sous-vêtements en dentelle, un peigne de corne dont elle se souvient, il servait à coiffer la longue chevelure d'Agnès.
Quelques signes de résistance pour celle qui se disait dévouée, mariée à Dieu, le seul amour qui ne déçoit pas !
Elle essaie de comprendre, elle bercée dans la religion, dans le souvenir des religieuses - effrayantes enseignantes - leur faisant miroiter que la lettre D était celle de Dieu dont elle pourrait entendre la voix. Elle, qui, un jour dégoûtée par le catéchisme qu'on lui faisait suivre, dans une famille pratiquante oui mais pas vraiment croyante ! . Cette hypocrisie avec le baiser de la paix, le voile gris des soeurs..., la froideur de l'enterrement.
Elle se questionne avec Philippe son mari qui se fait parfois l'avocat du diable lorsque l'on parle de renoncement qui mène à l'Amour, le Dieu qui ne déçoit pas.
Pourquoi Agnès a-t-elle fait ce choix ? elle veut comprendre ce qui l'a amenée là, quel est donc le secret que cache cette famille ?
Petit à petit, elle va chercher à comprendre sa tante décédée à 70 ans, un peu dans la folie, la peur, le doute.
Comprendre celle qui s'est dévouée à Dieu mais cédait chaque soir à son morceau de chocolat, péché de gourmandise, péché capital au même niveau que celui de luxure, pourtant elle s'y adonnait chaque jour, gourmande et puis priait ... Une partie d'elle peut-être qui doutait et résistait.
Une belle écriture, vingt petits chapitres courts qui nous font avancer. Ils sont introduits à chaque fois par une citation nous annonçant la couleur du récit.
A découvrir. ♥
Les jolies phrases
Elles étaient là avant nous. Toutes pareilles. Fondues en un rempart de voiles gris, épais, inerte.
Se voiler pour une femme, au-delà du signe religieux, est-ce aussi un besoin de se dématérialiser?
L'Amour de Dieu; parfait, total, éternel, ne déçoit pas !
Et elle priait à la mesure de ce qu'elle avait savouré.
Peut-être la peur entame-telle les convictions les plus solides.
Mais tu avoueras que là, c'est bien l'habit qui fait le moine et qu'il fait la différence. Il démultiplie la virilité des bidasses tandis que l'habit d'une soeur a l'effet inverse. C'est le seul uniforme qui gomme la femme, non ?
Incroyable. Toujours le même scénario. Une jeune femme, belle et intelligente, rejette l'amour pour n'appartenir qu'à Dieu. Et ceux-là mêmes qui la désirent la persécuteront avant de la sanctifier.
C'est terrible de déchoir ainsi. Et de n'avoir plus rien ni personne à quoi se raccrocher. C'est pénible d'être seule, tellement seule, et de n'avoir été qu'une soeur. Juste ça. Ma mère vieillit, elle aussi, c'est normal. Mais son ventre, ses seins, ses mains lui parlent encore de ce qu'elle a vécu. Sa maison est pleine de photos et de felures. Et je suis là. Et mon frère est là. Les soeurs vivent avec une croix, une image de la mort.
1 commentaire:
Ma PAL ne veut pas de celui-ci !
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