La garde-robe - Sébastien Ministru
Grasset
Parution : 13 octobre 2021
Pages : 192
EAN : 9782246826354
Prix : 18 €
Présentation de l'éditeur
Vera vient de mourir. Elle avait fui sa famille quand elle était jeune, et deux nièces sont chargées de vider le dressing de cette tante qu’elles n’ont pas connue.De vêtement en vêtement, de tailleur en écharpe et d’écharpe en robe du soir, chaque pièce de la garde-robe de Vera raconte un épisode de sa vie. Chanteuse de variétés dans les années 1970 ayant connu un grand succès puis l’oubli, elle épouse un riche industriel dont les nièces vont découvrir le secret, un secret que Vera a protégé jusqu’à la mort de son mari. Elle-même transporte la blessure de son enfance sans rien pardonner à son milieu d’origine. L’armure des vêtements se fend parfois : quand un réalisateur l’approche pour les besoins d’un film sur les corons de son village natal, les images reviennent, les sens vibrent, et la peau se fait plus tendre.
En reliant les pointillés que forment les habits de Vera, Sébastien Ministru reconstruit la biographie d’une femme qui a traversé les époques, fière, blessée, combative et ne regardant jamais un passé que ses nièces découvrent avec bien des surprises. Elle avait fait de l’élégance un rempart contre la violence du monde. Au fur et à mesure que les siens surgissent de son vestiaire, les faits se redessinent, et se précise l’itinéraire de celle qui avait tout fait pour renoncer à ses origines. Puisque aussi bien elle était “partie sans dire au revoir à son père et à son frère qui, partenaires dans la monstruosité des hommes, lui avaient fait mal sans réussir à la blesser.” Elle a porté sa souffrance comme ses vêtements, avec grâce.
Un personnage de femme dans la lignée des grands personnages féminins de Tennessee Williams.
L'auteur
Il a plusieurs casquettes ; chroniqueur littéraire, radio, il est rédacteur en chef adjoint du "Télémoustique" depuis 1984.
Il écrit pour le théâtre, en particulier pour le TTO depuis de nombreuses années : Un homa où ça ?; Psy, Excit, Fever, Cendrillon, ce macho pour n'en citer que quelques unes.
Il a commencé en radio en 98 sur Bruxelles Capitale puis il présenta l'émission culte "Bang Bang" sur Pure Fm, le magazine LGBT. On le retrouve aujourd'hui de manière hebdomaire sur la Première dans "Entrez sans frapper"
Son premier roman "Apprendre à lire" publié chez Grasset en 2018.
"La garde-robe" est son deuxième roman, toujours chez Grasset en 2021
Mon avis
Véra Dor vient de s'éteindre laissant derrière elle un immense dressing contenant une multitude de tenues les plus extraordinaires les unes que les autres : robes en organza, manteau en brocart, cape en zibeline, longue robe asymétrique mais aussi une blouse écossaise, trois tailleurs et une petite robe trapèze orange..
Chaque vêtement est un bout de vie et la garde-robe un immense patchwork composant la vie de Véra.
Deux nièces inconnues en sont les héritières, elles ont pour mission de vider le dressing en compagnie d'Anne-Marie, l'employée fidèle, l'amie, l'amante.
Á rebours, dans le désordre , une étape de sa vie hors norme est racontée, chapitre par chapitre.
Mais qui était Véra ?
Une jeune femme née dans les Corons haïssant son enfance, son manque de perspective. Elle a pris son destin en mains déterminée à fuir sa classe. D'amoureuse de la couture, sténo dactylo, secrétaire de direction, elle est entrée dans le monde du show bizz, chanteuse. Elle a connu la gloire, célèbre et a détourné tous les scénarios, fait tomber tous les obstacles pour vivre dans un monde de riches auquel elle n'était pas destinée.
C'est un très beau roman à la construction très originale. L'écriture est magnifique, au vocabulaire riche pour nous décrire le monde de la haute couture, les étoffes et les couleurs. Ce n'est pas un livre sur la mode mais sur le déterminisme social.
Une petite merveille d'originalité.
Ma note : ♥♥♥♥
Les jolies phrases
Elle avait accepté l'invitation, certaine de profiter des performances de ces chanteuses et de ces chanteurs qui continuaient à donner du sens à cette croyance selon laquelle c'est dans les chansons les plus légères qu'on trouve le plus de profondeur.
Elles avaient immédiatement compris que, contrairement à ce qu'on pouvait en penser, ces vêtements n'avaient rien de superficiel mais contenaient des traces d'une vie.
Mais le temps du deuil, n'efface pas le manque, il nous apprend à lui trouver une place, quelque part entre nous et la vie.
Vera ne tombait plus amoureuse et elle s'en portait très bien, comme délestée d'un poids dont elle ne voulait plus s'encombrer.
Vera se demanda comment on pouvait garder en mémoire des moments d'expériences douloureuses, au point d'y construire toute une vie aux alentours, et d'y évacuer d'autres sans qu'ils ne laissent aucune trace.
Quand je regarde des hommes bien faits, je me demande toujours quels enfants ils ont été.
Les familles sont des jeux de loterie où la détresse est subie par les uns et ignorée par les autres.
Vera grandissait dans une famille où, contrairement aux garçons, les filles n'avaient aucun statut et incarnaient le malheur de leur géniteur d'avoir baisé à côté de la chance.
La mine c'est comme la guerre, ceux qui l'ont faite, au mieux ne veulent plus en parler, au pire ne sont plus là pour en parler.
Les familles sont des jeux de loterie où la détresse est subie par les uns et ignorée par les autres.
Vera grandissait dans une famille où, contrairement aux garçons, les filles n'avaient aucun statut et incarnaient le malheur de leur géniteur d'avoir baisé à côté de la chance.
La mine c'est comme la guerre, ceux qui l'ont faite, au mieux ne veulent plus en parler, au pire ne sont plus là pour en parler.
Mais j'ai grandi avec l'idée que rêver était un luxe réservé à ceux qui n'ont rien d'autre à faire. Quelle bêtise.
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