lundi 13 mars 2023

Il ne doit plus jamais rien m'arriver - Mathieu Persan ♥♥♥♥♥

 Il ne doit plus jamais rien m'arriver - Mathieu Persan  ♥♥♥♥♥











L'iconoclaste
Parution : 09/03/2023
Pages : 270
Isbn : 9782378803483
Prix : 20 €


Présentation de l'éditeur




Un portrait puissant de femme au travers des yeux aimants de son fils


De l’illustration aux mots


Pour la première fois, l’illustrateur quitte le dessin pour les mots. Mais il lui reste l’art de la mise en scène et de l’image. Par petites touches, il dresse le portrait d’une mère drôle et aimante, d’une femme forte et déterminée.

L’amour fusionnel entre un fils et sa mère

Lorsqu’elle accouche de son premier enfant, la mère de Mathieu Persan s’exclame : « Il ne doit plus jamais rien m’arriver. » Dorénavant, elle vivra à travers ses enfants, se dévouant à eux corps et âme. Mathieu est le petit dernier, le plus drôle, le plus fusionnel aussi. Il grandit, devient père de deux enfants, mais lorsque sa mère atteint l’âge de la retraite, elle lui annonce l’arrivée d’un intrus : le cancer.

Quand la vie reprend ses droits

Dans ce récit, Mathieu Persan raconte les combats de sa mère contre la maladie, jusqu’à ses derniers jours ainsi que les siens et ceux de sa famille, après sa disparition. Malgré tout, à mesure que sa santé se dégrade et ensuite quand le deuil s’installe, un constant appel à la vie refait surface. Ce sont les souvenirs d’enfance au sein d’une famille fantaisiste, l’empreinte des grands-parents juifs, l’amour de la cuisine, les grandes tablées ouvertes à tous. Mathieu Persan manie tendresse, pudeur et humour, et souvent le rire l’emporte sur le chagrin.


Un récit lumineux sur le deuil et la transmission.


Mathieu Persan



Mathieu Persan est un illustrateur connu du milieu littéraire pour son engagement et son travail au style rétro et élégant. Il a réalisé les couvertures de nombreux livres, magazines et albums de musique. Il signe avec l’Iconoclaste son premier roman.









Mon avis

"Il ne doit plus jamais rien m'arriver.", c'est la phrase que la maman de Mathieu Persan a dite à la naissance de son premier enfant car ce jour là, elle a décidé de quitter son rôle de femme pour devenir avant tout mère et vivre à travers ses enfants.

Mathieu est le petit dernier. Il est le plus proche, le plus fusionnel, alors lorsque quarante ans après sa naissance on diagnostique un carcinome peritoneal à celle-ci, sa vie bascule...

Pour son père, optimiste de nature, pour sa mère, c'est un combat qui commence et pour Mathieu, c'est un vocabulaire à découvrir, il veut absolument savoir et comprendre le fameux "théorème du cancer"...

Il faut vous dire que ses parents sont profs de math, installés depuis 1976 en appartement donnant sur la tour du château de Vincennes.  Mathieu et sa famille occupent l'appartement du dessus.. Comme je vous l'ai dit, la proximité est bien réelle.

Mathieu sait, il traque les signes de la fin, apprivoise la mort à venir, sa maman, elle est dans le déni.

La mort, on ne nous l'enseigne pas, il faut la découvrir, l'accepter, faire son deuil, et le moment venu c'est violent.

Heureusement il reste les souvenirs de l'enfance, la cuisine de l'appartement accueillante, la maison de Cerçay, les grands-parents d'origine juive pieds-noirs, les souvenirs heureux mais aussi certaines scènes qui remontent laissant percevoir la gravité d'un fait du passé, car pourquoi s'oubliait-elle en tant que femme et ne vivait-elle que pour ses enfants ?    Qu'était-il vraiment arrivé avant qu'elle ne rencontre son père?   L'amour était là pourtant mais quel est ce mystère pour lequel elle s'oubliait ?

La plume de Mathieu Persan est très belle, très poétique, emplie de pudeur et de délicatesse.  Beaucoup d'humour aussi, d'amour et de tendresse.  Un très beau roman que je vous invite à découvrir.  Le sujet est dur parfois mais c'est un magnifique témoignage d'amour à sa maman, cette femme si discrète et dévouée.

Ce livre m'a bouleversée.  J'ai souri, réfléchi, parfois fait une pause submergée par les émotions.  Un joli talent à suivre.

Ma note : ♥♥♥♥♥


Les jolies phrases

Maman, elle savait donner, mais elle avait du mal à recevoir.

Quand on est mort, on est foutu.

Le cancer, qui réalise le prodige de coloniser au-delà du corps malade en devenant le centre d'attention, le sujet de conversation, la rumination nocturne, l'inquiétude chronique.  Le cancer, qui assure sa survie dans les pensées des autres.  Plus qu'une maladie, il devient vite une affaire de famille. 

À aucun moment, tout au long de son périple, elle n'a souhaité voir la carte en entier.  Elle prenait les étapes les unes après les autres, franchissait les cols, se mettait en roue libre dans les descentes pour récupérer si jamais une nouvelle ascension devait se présenter. 

On ne savait plus vraiment si on courait après la vie pour en voler un dernier petit morceau, ou si on luttait contre la mort pour lui échapper encore un peu. 

Sa vision de la maternité était simple : "Vous n'avez pas demandé à vivre, j'ai fait le choix parfaitement égoïste de faire des enfants, alors je ferai tout ce que je pourrai pour que vous soyez heureux, que vous le vouliez ou non." Maman nous avait expulsés de son ventre pour nous voir aussitôt plonger dans l'immense océan de la vie, et toute son énergie passerait désormais à essayer de nous sauver.  Bien à l'abri dans son petit canot de sauvetage, elle serait toujours là avec des gilets, cordes et feux de détresse pour ne jamais nous voir couler.

La confrontation à la mort a ceci d'extraordinaire que même si on s'unit tous dans la peine, chacun a sa propre façon d'y faire face.  Le deuil, c'est comme une course en mer : on part tous en même temps, chacun navigue seul dans sa petite embarcation, chacun suit son chemin en fonction de sa météo intérieure, et on arrive en ordre dispersé.

Mais  en miroir de cette liberté il y a le vertige de se rendre compte que la mort, on n'y connaît rien, alors qu'elle demeure la seule certitude de notre vie.

Parce qu'on ne sait pas faire autrement, avec cette musique, devant ce cercueil. Mais on ne pleure pas de tristesse, non.  On ne sait pas trop ce qu'on pleure. On a les poils qui se dressent, des frissons dans le dos et le coeur qui s'emballe.  On pleure en réalisant qu'on se sent plus vivant que jamais.  Et ces larmes, c'est finalement tout sauf la mort, c'est un trop-plein de vie.     



1 commentaire:

Antigone a dit…

Un récit très touchant oui et poétique.