dimanche 23 avril 2017

Un endroit d'où partir - 3. Une lettre et un cheval

Un endroit d'où partir   Tome 3
Une lettre et un cheval

Aurelia Jane Lee


531blog

Editions Luce Wilquin
Sméraldine
Parution 24/03/2017
14 x 20,5 cm
352 pages
ISBN 978-2-88253-531-3
EUR 22.-

Présentation de l'éditeur



Juan quittera-t-il un jour la route ? Finira-t-il par trouver l’apaisement ? Y a-t-il une femme, une seule, qu’il n’abandonnera pas pour de nouveaux horizons ? Parviendra-t-il, l’âge venant, à s’aimer suffisamment pour se pardonner l’impétuosité et les errances de sa jeunesse ?
Une lettre et un cheval retrace la dernière partie de la vie tumultueuse de Juan Esperanza Mercedes de Santa María de los Siete Dolores. Sorte de pèlerinage sur les lieux du passé, précédée d’une longue retraite qui ne l’assagira que partiellement, c’est la période de la maturité qui commence pour Juan, avec la découverte de sa paternité, d’inattendues retrouvailles amoureuses et de nombreux deuils à traverser.


Si vous avez loupé le début de la saga ?

Il suffit de cliquer sur la couverture des épisodes précédents.

  Résultat de recherche d'images pour "une vierge et une cuillère en bois"

Mon avis

Dernier volet de la saga, Juan a fait une nouvelle rencontre , celle de Rafael. Il est musicien, il s'installe près de lui dans une modeste cabane. Il trouve enfin une certaine stabilité.  Juan fait d'horribles cauchemars qu'il essaie de fixer sur la toile.  Il sculpte une autre vierge, une mater dolorosa, ses traits sont tristes.
Mercedes a aujourd'hui cinquante ans, Gabriel, soixante.  Juan ne les a plus revu depuis son dernier départ, depuis sa nouvelle fuite.

Teresa, sa nièce est jeune et jolie, une proie facile pour les hommes, elle rejoindra "todas las aves del cielo", l'école, orphelinat de Clara Luz.

Juan a 34 ans et a l'envie de revoir les siens, il écrit une volumineuse lettre à Mercedes qui lui apprend l'existence de son fils Esteban âgé aujourd'hui de 10 ans. Elle pense qu'il est préférable pour lui de ne pas venir de suite.  Au courant de ce courrier, c'est Transito qui rejoindra Juan.

Cela fait onze ans que Juan vit auprès de Rafael, il sculptera une troisième vierge et partira en pélerinage vers le couvent de son enfance.

En plus de la peinture, la musique et les arts dont l'écriture prendront une place importante dans le récit. Chemin faisant il rencontrera Remedios.  Elle est âgée de 38 ans et vit aujourd'hui avec Don Isaac, une fille est née de leur union, Amarilla.

Une lettre partira qui changera encore son destin.

Peu à peu des liens se tisseront entre les différents personnages de cette saga. Le monde est tout petit au final.

Une belle saga qui se termine, elle nous aura décrit la vie de Juan, un être hyper sensible hors du commun, à la recherche de lui-même.  Il cherchera durant toute sa vie sa foi dans l'autre par le biais de son art principal : la peinture mais aussi l'écriture.

J'ai aimé la plume, la douce ambiance créée qui a accompagné par un rythme parfois lent la vie de Juan et tous ceux qui gravitaient autour de lui.

J'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de cette saga et de chacun des personnages y gravitant.
Une écriture délicate, très belle.

Ma note :  8/10


Les jolies phrases

Il se rendait compte à présent que l'univers était vaste et qu'il y avait deux moyens de l'explorer.

Le premier consistait à voyager, à aller à la rencontre des autres, à suivre leurs enseignements, à lire et à être sans cesse curieux. Le second consistait à s'isoler, à plonger en soi-même, au coeur de ses émotions, à écrire - ou peindre, ou crier, ou danser, marcher, s'asseoir, ne rien faire d'autre parfois que respirer, écouter et fermer les yeux.


Sans juger ce qui sortait de sa plume, de sa tête, tout le venin qui lui remontait du coeur. Comme on nettoie une plaie pour qu'elle guérisse plus vite, il déversa toute sa rage et, sous chaque émotion dont il se délivrait par l'écriture, il en trouvait une autre, qu'il laissait aller elle aussi pour finir par retrouver, sous les couches et les couches qu'il grattait et étalait sur le papier, des sentiments plus doux envers Mercedes et à l'égard de ce fils dont il venait d'apprendre l'existence.


Pouvait-on vivre sans se poser de questions ? D'où venait-on, que faisait-on sur Terre, quels choix fallait-il faire, comment aimer, ne pas souffrir ? Et pourtant, songea Juan, la religion semblait pour certains être justement la disposition inverse : il y avait des gens qui ne se posaient pas de questions, qui semblaient croire qu'ils avaient trouvé en Dieu la réponse définitive à tout et vivaient leur foi non comme un questionnement fécond, mais comme une certitude stérile.


De sa longue vie, Don Isaac Perez Munoz avait retenu une chose : il existe peu de véritables problèmes, et les solutions sont le plus souvent intérieures, et non immédiates, car se changer soi-même prend du temps.


L'amour impliquait le dialogue, la recherche d'un accord ; il devait être sans cesse réajusté et nourri par des expériences communes, ou personnelles mais partagées. L'amour était lui-même exigeant, difficile, mais gratifiant. Il était en fait très semblable à l'art, si ce n'était que la matière travaillée, en amour, était humaine, vivante, vulnérable, douée de conscience, et qu'il y avait entre elle et vous un attachement réciproque dont il fallait tenir compte. C'était l'art le plus difficile, en somme, et le plus beau. La jouissance et les déceptions, le doute et la joie : tout y était plus fort.


Il était exactement comme une corde de guitare : comme une chose infime qui, à sa juste position, bien accordée, participait d'une harmonie qui la dépassait et pouvait produire de la musique.


Aucun commentaire: