lundi 21 mai 2018

Le meilleur des amis - Sean Rose

Le meilleur des amis  -  Sean Rose

Le Meilleur des amis

Actes Sud
Parution : janvier 2017
Pages : 160
ISBN 978-2-330-07271-1
Prix : 16.90 €

Présentation de l'éditeur


Vingt ans après un rendez-vous manqué, un homme s’apprête à retrouver l’ami qu’il a trahi et qu’il n’a pas revu depuis. Du temps de leurs études à Paris, Thibaut et lui ont tout partagé, y compris une passion pour Camille, promise au premier. Au milieu des vignes du domaine familial de Thibaut, attendant de le revoir enfin, le narrateur est assailli de souvenirs aussi réels que la brume qui se lève, le vent sur la joue, la lumière dans les arbres. Pour ce solitaire exilé du royaume de K., petit pays du Sud-Est asiatique, Thibaut incarnait la sérénité bienveillante et joyeuse de qui connaît ses racines et les chérit. Tous deux se complétaient, se répondaient. Aimer Camille, espérer être aimé d’elle, c’était confirmer le lien fraternel en même temps que le bafouer.

Dans ce roman au charme cinématographique, temps et espace se mesurent à l’aune du point zéro de toute existence : le premier amour. Autour de ce centre de gravité de la révélation à soi tournoient les réminiscences, les évocations, les regrets qui lui sont associés et irriguent une vie. L’écriture, élégante et elliptique, accompagne le mouvement dansant de la mémoire quand elle se confie à l’attente.

L'auteur

L’image contient peut-être : 1 personne


Né en 1969 à Saïgon, d'une mère vietnamienne et d'un père anglais, Sean Rose vit à Paris. Journaliste littéraire et critique d'art, il a publié un premier roman en 2009 chez Denoël : Et nos amours.




Mon avis

Cela fait longtemps que le narrateur n'a plus vu Thibaut, son meilleur ami. Il lui rend visite dans son domaine du Bordelais. 

20 ans se sont écoulés, rongés par les remords, 20 ans de souffrance, de trahison ...

Il se souvient de leur rencontre lorsqu'étudiant Thibaut l'avait abordé en lui demandant du feu, par la suite ils ne s'étaient plus quittés.

Notre narrateur, orphelin de père, originaire du Royaume de K, quelque part dans le Sud-Est asiatique, enfance gâchée par le deuil et le déracinement, la peur de l'abandon, avait trouvé "un frère" en la personne de Thibaut.  Pourtant d'origine sociale différente car le narrateur dont on ne connaît pas le nom, est issu d'un milieu modeste, il doit pour joindre les deux bouts effectuer des petits boulots dans le restaurant de sa tante, Thibaut par contre fait partie des nantis, fils d'un domaine viticole important dans le Bordelais.

Ils ne se sont plus quittés.  Le narrateur, Thibaut et ses livres, s'évadant dans leurs nombreuses lectures.  Puis, il y a eu Camille, la fiancée de Thibaut, elle fait ses études de droit sans passion, ce qui l'anime, elle c'est l'art, la peinture.

Le narrateur l'accompagnera à une exposition, Thibaut n'aimant pas ça, et ensuite ce sera une habitude, le narrateur partageant la passion de Camille pour la Renaissance italienne, et l'inévitable arrivera...

C'est bien d'un triangle amoureux que nous parle l'auteur.  Les  notions de trahison, de mensonge, d'exil pour le narrateur seront développées dans ce récit à la forme originale.  En effet la notion de temps et d'espace est particulière.  Le narrateur s'exilera et plus de 20 ans plus tard, un élément fera ressurgir cette période de sa vie et l'envie de revoir Thibaut.  Est-il au courant de cette passion, de cette relation ?  Que sont-ils devenus ?

Une belle écriture qui nous replonge dans les souvenirs un peu nostalgique du narrateur.

J'ai un peu été perturbée par l'utilisation du Royaume de K., même s'il s'agit d'un endroit imaginaire relatif au monde de l'enfance, je pense que j'aurais pris plus de plaisir s'il avait été expressément nommé.

Ma note : 7/10

Les jolies phrases


Les choses du coeur sont plus faciles pour certains que pour d'autres. N'ayant reçu que de l'amour il n'avait rien d'autre à donner.


Il n'est d'amour dont on puisse longtemps cacher le feu, ni non plus de feu sans coupable combustible.


Quant au vide laissé par l'absence, le manque se pétrifie avec le temps, vous vous reconstruisez autour de ce grand trou mais votre existence n'en est pas moins lézardée de nuit.


Faut-il connaître pour aimer, ou l'ignorance, le mystère, si vous préférez, est-il le voile nécessaire à toute passion ?


La deuxième est souvent plus angoissante que la première. La première fois vient en quelque sorte par surprise. Un étonnement rétrospectif - on se surprend- d'avoir fait ce qu'on vient de faire, l'action se consume dans son mouvement, pas d'anatomie mais de l'alchimie, pas de mémoire juste une adhésion, le corps fait corps avec l'autre corps. La deuxième fois c'est différent, au plaisir s'ajoute son souvenir qui l'amplifie - le grain de la peau, l'odeur des cheveux, le goût du sexe, on découvre qu'il y a toujours à découvrir, l'inédit se cache dans les détails, pâles éphélides sur les épaules, naevus insolite, infine tâche dans l'iris. La deuxième fois est néanmoins précédée d'une différente appréhension, celle de décevoir, d'être déçu, peur de n'être pas à la hauteur de son désir.


Ma vie m'est apparue empêchée. Comme si passé le midi de notre bonheur, son ombre ne cesserait de grandir jusqu'à engloutir ce dont elle était l'ombre.


Je me suis longtemps interrogé sur la disproportion entre nos efforts pour atteindre un but qui nous est agréable et la fugitive sensation de plaisir lorsque ce but a été atteint.





Aucun commentaire: