Flammarion
Parution : le 22 août 2018
Pages : 480
ISBN : 9782081421110
Prix : 21 €
Présentation de l'éditeur
L’idée de passer tout l’été coupés du monde angoissait Franck mais enchantait Lise, alors Franck avait accepté, un peu à contrecœur et beaucoup par amour, de louer dans le Lot cette maison absente de toutes les cartes et privée de tout réseau. L’annonce parlait d’un gîte perdu au milieu des collines, de calme et de paix. Mais pas du passé sanglant de cet endroit que personne n’habitait plus et qui avait abrité un dompteur allemand et ses fauves pendant la Première Guerre mondiale. Et pas non plus de ce chien sans collier, chien ou loup, qui s’est imposé au couple dès le premier soir et qui semblait chercher un maître. En arrivant cet été-là, Franck croyait encore que la nature, qu’on avait apprivoisée aussi bien qu’un animal de compagnie, n’avait plus rien de sauvage ; il pensait que les guerres du passé, où les hommes s’entretuaient, avaient cédé la place à des guerres plus insidieuses, moins meurtrières. Ça, c’était en arrivant.
Serge Joncour raconte l’histoire, à un siècle de distance, d’un village du Lot, et c’est tout un passé peuplé de bêtes et anéanti par la guerre qu’il déterre, comme pour mieux éclairer notre monde contemporain. En mettant en scène un couple moderne aux prises avec la nature et confronté à la violence, il nous montre que la sauvagerie est toujours prête à surgir au cœur de nos existences civilisées, comme un chien-loup.
L'auteur
Né(e) le : 28/11/1961
Biographie :
Comme l'écrit son premier éditeur, Le Dilettante :
"Il est né un jour de grève générale. On lui en a longtemps fait le reproche. Depuis, il continue sur sa lancée. Très tôt il est allé à l’école, puis par la suite, il en est sorti. Il a passé son enfance entre Paris, la Nièvre, l'Eure et loir et le Valais suisse. Il a commencé des études de philosophie alors qu’il voulait faire nageur de combat, mais il s'en est sorti autrement, faute de temps."
Avant de devenir écrivain, il a exercé de nombreux métiers dont maître-nageur et publicitaire.
Il publie son premier roman, "Vu", en 1998 au Dilettante qui a obtenu le Prix France Télévisions en 2003.
En l'an 2005, il a reçu le Prix de l'Humour Noir Xavier Forneret pour son livre "L'Idole".
Il a écrit le scénario du film "Elle s'appelait Sarah", d'après le roman éponyme de Tatiana de Rosnay, avec Kristin Scott Thomas.
Il est enfin, avec Jacques Jouet, Hervé Le Tellier, Gérard Mordillat et bien d'autres artistes et écrivains, l’un des protagonistes de l'émission de radio Des Papous dans la tête de France Culture.
Il publie chez Flammarion "Que la paix soit avec vous" en 2006, "Combien de fois je t'aime" en 2008, "L'homme qui ne savait pas dire non" en 2009, "L'Amour sans le faire" en 2012.
Son roman "U.V.", publié au Dilettante, a été adapté au cinéma en 2007 par Gilles Paquet-Brenner. En 2012, "L'idole" est adapté au cinéma par Xavier Giannoli sous le titre "Superstar" avec Kad Mérad et Cécile de France. Il s'agit de l'histoire d'un homme qui devient célèbre sans savoir pourquoi. Le film, est présenté en compétition officielle à la Mostra de Venise 2012.
"L'écrivain national", sorti pour la rentrée littéraire 2014, est finaliste du Renaudot.
En 2016, il remporte le prix Interallié pour "Repose-toi sur moi".
Source : Babelio
Mon avis
Attention gros coup de coeur. Voici un roman que j'ai savouré, que j'ai pris le temps de lire pour apprécier chaque ligne car Monsieur Serge Joncour n'a pas de pareil pour nous décrire la nature. Ces mots sont somptueux, on ressent la beauté et on rentre en immersion dans ces jolis paysages.
Direction le Mont d'Orcières, une maison perchée sur une colline dont l'accès est quasi inaccessible tant la pente est abrupte. Nous sommes dans les Causses dans le Lot, un gîte perdu au milieu des collines et des forêts, loin de tout village et de toute communication, il n'y a ni téléphone, ni connexion internet, ni gsm...; juste des forêts dans lesquelles évoluent gibiers et bêtes sauvages.
Le roman se passe alternativement sur deux périodes, 1914 d'une part, le tout début de la première guerre et l'été 2017. Par une construction habile l'auteur nous permettra de comprendre ce qui relie les deux.
1914, c'est la mobilisation, les hommes quittent le village mais aussi les animaux réquisitionnés pour faire la guerre; chevaux, chiens, pigeons, ânes, vaches, moutons... Les femmes resteront seules au village avec les enfants et les vieillards. Elles devront mettre les bouchées doubles pour remplacer les hommes et les bêtes aux champs, c'est qu'il faut bien nourrir les soldats.
Un troupeau de 200 moutons sera caché sur les Causses, et Wolfgang Hallzenmaier, un allemand dompteur de fauves sera caché sur le mont d'Orcières avec ses cinq lions et trois tigres attisant les peurs des villageois.
Dévouement des femmes, travail acharné seront mis en avant, on y suivra également le destin de Joséphine.
Un siècle plus tard, c'est Lise et Franck qui viendront s'installer le temps d'un été au Mont d'Orcières. Lise veut se ressourcer, se recentrer sur elle, actrice de son état, elle souffre des ondes dans nos villes, elle les sent la traverser. Elle sort d'un cancer et veut quitter tout cela, se reconnecter dans la nature. Elle a repéré une annonce parlant de calme, de paix et de sérénité.
Ici, dominant les forêts avoisinantes, elle se sent vivre, elle veut juste peindre, méditer, marcher, respirer, changer de mode de vie loin des radiations, des pesticides et de la pollution de toute espèce.
Franck l'accompagne depuis 25 ans, à tout moment ils étaient ensemble, joignables, connectés l'un à l'autre. Il est producteur de films, depuis peu avec deux associés aux dents longues : Travis et Liam. Il doit rester joignable pour le boulot et devient fou cherchant désespérément un signal pour son portable - scène amusante qui démontre notre addiction aux écrans.
Le premier soir, des yeux les observent, c'est un grand chien-loup? Difficile à dire, il semble les avoir choisis. Il semble chien, ami de l'homme mais est aussi sauvage et agressif.
Franck résistera-t-il à l'appel de notre monde moderne ? Appréciera-t-il ce calme apparent ? Car la nuit toutes sortes de bruits et de cris étranges retentissent. Cette maison, que leur cache-t-elle ?
Un magnifique récit, superbement construit, d'un siècle à l'autre, chapitre après chapitre, il nous parle de la nature humaine, de cette dualité qu'il y a en nous, de notre côté animal, prédateur à l'image de ce grand chien (ami de l'homme) - loup (sauvage).
Il nous parle habilement de notre société, ses dérives, son évolution, notre addiction au smart phone, à ce besoin de connexion virtuelle, de notre mode de vie carnivore, végétarien, de l'évolution du cinéma, des technologies, de l'arrivée d'Amazon et Netflix ...
L'écriture est juste sublime. On s'attache aux personnages et on voit et ressent profondément cette belle nature. Immense coup de coeur.
♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Parfois un boulot occupe tellement la vie qu'il envahit l'être, avec son lot de satisfactions, mais surtout ce stress constant.
C'est peut-être ça un couple, avoir irrémédiablement besoin de l'autre, être fondé en partie sur lui, sachant que vu les circonstances, ce sera à l'un ou à l'autre d'assurer, en fonction des échecs et des réussites, sans quoi il n'y aurait plus d'équilibre.
Chaque femme était une âme en veille dans un monde travaillé par la mort.
Un acteur qui ne tourne plus, c'est une bête lâchée par la meute, un chien ensauvagé.
Les enfants servent à cela, à combler le silence, le vide, les humains ne font pas des enfants pour peupler le monde mais pour se prouver qu'ils existent...
Lise était aux anges, elle avait ce qu'elle voulait, ne voir que des collines et des arbres, une disposition qui faisait de cette maison, une île, une île perdue dans un océan vert et insondable.
La nature de l'homme est de vite oublier les catastrophes passées, autant que de ne pas voir celles qui s'amorcent.
Être maître d'un animal c'est devenir Dieu pour lui. Mais avant tout c'est lui assurer sa subsistance, sans quoi il ne redeviendrait rien d'autre que sauvage, ou mourrait. La nourriture, tout part de là, 'est la concession faite à la liberté.
L'image que Franck se faisait d'Amazon et Netflix, c'était celle de deux prédateurs mille fois plus gros que tout le monde, avec un appétit sans limite, deux super-prédateurs qui comme les loups régulent l'écosystème en éliminant d'abord les proies les plus faibles, les plus petites, les plus vulnérables, avant de s'imposer comme les maîtres absolus du jeu ...
On s'aime mais on ne se le dit plus, on s'aime de telle manière qu'il n'y a même plus lieu de se le dire, de le penser... C'est peut-être le stade ultime de l'harmonie, le seuil de la béatitude entre deux êtres, l'amour devenu à ce point naturel qu'il ne s'énonce même plus.
Les fauves ne renoncent jamais, dès lors qu'ils savent des proies dans les parages, d'une façon ou d'une autre ils cassent les chaînes, les lions plus encore que les hommes ne cèdent jamais sur leur désir.
Aimer c'est ne pas se rendre compte, aimer c'est ne même pas réaliser qu'on est tendu vers l'autre, sans cesse propulsé vers un déséquilibre tentant.
L'homme c'est cette créature de Dieu qui corrompt et dilapide, qui se fait un devoir de tout salir et d'abîmer. Sans qu'il soit question de malveillance ou de jalousie, de frustration ou de colère, par sa seule présence un homme peut tout détruire.
Du même auteur j'ai lu
et adoré, cliquez sur la couverture pour lire mon billet
Être maître d'un animal c'est devenir Dieu pour lui. Mais avant tout c'est lui assurer sa subsistance, sans quoi il ne redeviendrait rien d'autre que sauvage, ou mourrait. La nourriture, tout part de là, 'est la concession faite à la liberté.
L'image que Franck se faisait d'Amazon et Netflix, c'était celle de deux prédateurs mille fois plus gros que tout le monde, avec un appétit sans limite, deux super-prédateurs qui comme les loups régulent l'écosystème en éliminant d'abord les proies les plus faibles, les plus petites, les plus vulnérables, avant de s'imposer comme les maîtres absolus du jeu ...
On s'aime mais on ne se le dit plus, on s'aime de telle manière qu'il n'y a même plus lieu de se le dire, de le penser... C'est peut-être le stade ultime de l'harmonie, le seuil de la béatitude entre deux êtres, l'amour devenu à ce point naturel qu'il ne s'énonce même plus.
Les fauves ne renoncent jamais, dès lors qu'ils savent des proies dans les parages, d'une façon ou d'une autre ils cassent les chaînes, les lions plus encore que les hommes ne cèdent jamais sur leur désir.
Aimer c'est ne pas se rendre compte, aimer c'est ne même pas réaliser qu'on est tendu vers l'autre, sans cesse propulsé vers un déséquilibre tentant.
L'homme c'est cette créature de Dieu qui corrompt et dilapide, qui se fait un devoir de tout salir et d'abîmer. Sans qu'il soit question de malveillance ou de jalousie, de frustration ou de colère, par sa seule présence un homme peut tout détruire.
Du même auteur j'ai lu
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2 commentaires:
Merci Nathalie pour ce coup de cœur. J’aime beaucoup cet auteur.
J'ai adoré ce roman qui est tout simplement magnifique. La nature y est sublimée. Sa lecture m'a fait un bien fou.
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