mardi 3 septembre 2019

Journal d'un amour perdu - Eric-Emmanuel Schmitt

Journal d'un amour perdu         Eric-Emmanuel Schmitt



Albin Michel
Parution : 04 septembre 2019
Pages : 256
Isbn : 9782226443892
Prix : 19.90 €

Présentation de l'éditeur

« Maman est morte ce matin et c’est la première fois qu’elle me fait de la peine. »
Pendant deux ans, Eric-Emmanuel Schmitt tente d’apprivoiser l’inacceptable : la disparition de la femme qui l’a mis au monde. Ces pages racontent son « devoir de bonheur » : une longue lutte, acharnée et difficile, contre le chagrin. Demeurer inconsolable trahirait sa mère, tant cette femme lumineuse et tendre lui a donné le goût de la vie, la passion des arts, le sens de l’humour, le culte de la joie. Ce texte explore le présent d’une détresse tout autant que le passé d’un bonheur, tandis que s’élabore la recomposition d’un homme mûr qui n’est plus « l’enfant de personne ». Éric-Emmanuel Schmitt atteint ici, comme dans La nuit de feu, à l’universel à force de vérité personnelle et intime dans le deuil d’un amour. Il parvient à transformer une expérience de la mort en une splendide leçon de vie.


Mon avis

"Maman est morte ce matin et c'est la première fois qu'elle me fait de la peine"

C'est ainsi que commence le dernier roman d'Eric-Emmanuel Schmitt, il nous parle du deuil et de la disparition de sa maman.

Un roman rempli d'amour pour la femme de sa vie, sa maman, pour qui il portait un amour incommensurable, fusionnel.  Il vivait sa vie pour lui mais aussi pour elle, à travers elle.

Depuis toujours il en était très proche et vivait dans la peur de la perdre, la peur de l'accident tant cet attachement était fusionnel et essentiel.

Lorsqu'il apprend le décès, il ne comprend pas pourquoi il n'a rien senti. Et c'est tout le processus du deuil qu'il nous raconte.

Il est mélancolique et se penche sur ses souvenirs, ses découvertes. C'est sa maman qui lui a donné l'amour du théâtre par exemple, il avait dix ans lorsqu'il a vu sa première pièce, Jean Marais dans le rôle de Cyrano.  En sortant il avait dit qu'il voulait un jour lui aussi devenir comédien.

Il revient sur ses souvenirs, ses relations avec son père, sur sa vie, sur l'écriture de Madame Pylinska, sur la tournée de "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran"..

Nous avons tous nos disparus, nos deuils et l'on ne peut s'empêcher d'éprouver de l'empathie pour l'auteur, de la compassion.

Cette plume salvatrice est touchante de justesse, de sincérité et d'amour.  L'écriture de ce journal à sa mère était indispensable pour avancer, pour faire son deuil, parler de ses souffrances avant d'arriver à la lumière.

Un récit touchant qui nous parle aussi de la dualité des émotions, en effet les sentiments vont toujours par deux ; la tristesse et la joie, l'espoir et le désespoir, la foi et le doute, l'angoisse et la confiance.

C'est lumineux, ce journal d'un fils à sa mère, il lui permet de quitter son ancien moi pour en découvrir le nouveau.  Contente de renouer avec la plume de cet auteur.  Un récit émouvant avec des mots justes.

Ma note : 9/10

Les jolies phrases

Séparés ?  Si peu.  J'ai d'abord vécu en elle, puis collé à elle une fois sorti de son ventre; ensuite, parce qu'elle me parlait, parce qu'elle me lavait, parce qu'elle me posait dans mon lit, parce que j'enlaçais ses bras, ses genoux, parce qu'elle m'effleurait d'un baiser ou d'une caresse, j'ai constaté que nous constituions deux personnes.

Une mort brusque offre du miel à celui qui se retire, un poison à ceux qui restent.

Une tombe.  Qu'est-ce qu'une tombe ?  Une trappe qui ne conduit nulle part.  Une porte qui ne s'ouvre sur rien.  Une surface qui veut nous persuader de sa profondeur.  Un leurre.

L'amour existerait-il si l'on n'y croyait pas ?

Ce qu'il y a de beau dans un mystère, c'est le secret qu'il contient et non la vérité qu'il cache.

Le manque pèsera-t-il toujours plus lourd que le plein ?

Quand un enfant vient au monde, une mère aussi vient au monde. Chaque naissance est une double naissance.

Ce qu'on peut faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c'est encore d'être heureux.

Vouloir être heureux et l'être ne vont pas simultanément.  Cependant, on ne peut le devenir sans l'avoir décidé.

On occupe sa jeunesse à se préparer à vivre, sa vieillesse à se souvenir d'avoir vécu.  Ce faisant, on rate le présent qui seul existe en tombant dans deux pièges, celui de l'avenir qui n'existe pas, celui du passé qui n'existe plus.  Que de temps perdu ! Ou plutôt : que de présent perdu !

Les morts sont des vivants qui nous ont faits.

L'angoissant de 'angoisse, c'est qu'elle n'a pas d'objet.  La peur désigne un ennemi. L'angoisse non.

Du même auteur j'ai lu et chroniqué

car j'en ai lu beaucoup plus en réalité ☺

Les deux messieurs de Bruxelles par SchmittLa Trahison d'Einstein






Aucun commentaire: