Une joie féroce - Sorj Chalandon
Grasset
Parution : 14 août 2019
Pages : 320
Isbn : 9782246821236
Prix : 20.90 €
Présentation de l'éditeur
Libraire, on l’apprécie parce qu’elle écoute et parle peu. Elle a peur de déranger la vie. Pudique, transparente, elle fait du bien aux autres sans rien exiger d’eux. A l’image de Matt, son mari, dont elle connaît chaque regard sans qu’il ne se soit jamais préoccupé du sien.
Jeanne bien élevée, polie par l’épreuve, qui demande pardon à tous et salue jusqu’aux réverbères. Jeanne, qui a passé ses jours à s’excuser est brusquement frappée par le mal. « Il y a quelque chose », lui a dit le médecin en découvrant ses examens médicaux. Quelque chose. Pauvre mot. Stupéfaction. Et autour d’elle, tout se fane. Son mari, les autres, sa vie d’avant. En guerre contre ce qui la ronge, elle va prendre les armes. Jamais elle ne s’en serait crue capable. Elle était résignée, la voilà résistante. Jeanne ne murmure plus, ne sourit plus en écoutant les autres. Elle se dresse, gueule, griffe, se bat comme une furie. Elle s’éprend de liberté. Elle découvre l’urgence de vivre, l’insoumission, l’illégalité, le bonheur interdit, une ivresse qu’elle ne soupçonnait pas.
Avec Brigitte la flamboyante, Assia l’écorchée et l’étrange Mélody, trois amies d’affliction, Jeanne la rebelle va détruire le pavillon des cancéreux et élever une joyeuse citadelle.
L'auteur nous en parle
Sorj Chalandon est une valeur sûre, j'ai toujours été touchée par la force de son écriture ; de courtes phrases bien nettes qui percutent, qui touchent.
Visiblement ce roman divise son lectorat, j'ai voulu me faire ma propre opinion et je suis conquise.
C'est vrai que Chalandon a pris des risques et nous emmène ailleurs qu'à son habitude. Je trouve que c'est chouette de se renouveler ainsi, d'oser écrire dans un genre qui n'est pas le sien mais pourquoi pas...
Voici pourquoi j'ai apprécié :
C'est la toute première fois que l'auteur se met dans la peau de femmes et en fait ses personnages principaux. Il nous dresse en effet le portrait de quatre femmes qui sont unies par la maladie qu'elles combattent.
Jeanne, la libraire, première femme dont il nous parle qui nous narre le récit. Elle découvre son cancer du sein. C'est avec brio qu'il nous fait ressentir ses émotions, ses doutes, ses interrogations, ses peurs et il nous fait vivre son combat. C'est juste, c'est émouvant.
Jeanne nous parle de l'effet que ce "crabe", " de son camélia" a sur sa vie, sur son couple. Il est vrai que celui de Jeanne a déjà vécu beaucoup d'épreuves et son mari n'en peut plus, c'est celle de trop ! Affronter la maladie, voir sa femme perdre ses cheveux, il a un comportement ignoble , il est dans le déni et dans la fuite. C'est souvent le cas dans la vraie vie, la maladie détruit souvent beaucoup de choses, de couples.
Soudain, on change de cap et c'est ce que je trouve génial, on devine dans le tout premier chapitre que Jeanne et trois autres femmes ont fait une très grosse bêtise...
Cela nous donnera trois autres portraits féminins, ceux de Brigitte, Mélody et Assia. Trois femmes unies par le même mal qui se rencontreront lors des séances de chimio.
Rassurez-vous, même si le sujet est grave, c'est loin d'être triste, il y a de la solidarité, de l'espoir qui les poussent à vivre et à commettre des actes insensés .... on frôle alors avec la comédie un peu burlesque diront certains, mais moi je trouve que c'est l'originalité du récit, ce changement de registre.
Un roman qui parle de la maladie, du regard des autres, de la façon de la vivre, de la ressentir. Il parle de résistance, de guerre et de bien d'autres choses. Je n'ai pas envie de vous en dire plus mais pour ma part j'ai aimé cette prise de risques par Chalandon d'oeuvrer dans un registre qui n'est pas le sien, d'oser être différent.
Et vous ?
N'hésitez pas à venir me dire ce que vous en avez pensé !
Ma note : 8/10
Les jolies phrases
Je me suis dit que j'étais en guerre. Une vraie. Une bataille où il y aurait des morts. Et que l'ennemi n'était pas à ma porte mais déjà entré. J'étais envahie. Ce salaud bivouaquait dans mon sein.
Et je n'imaginais pas mon crâne offert à tous. Les cheveux ne protègent pas seulement la tête.
Brigitte était bretonne, nièce d'un pêcheur de Roscoff. Elle a comparé le cancer du sein au gros temps et la chimio au grand large.
- Entrer dans la salle d'attente, c'est comme arriver au ponton pour l'embarquement. Ce qui reste à terre reste à terre.
Je ne savais pas s'il me quittait comme deux corps se déchirent, ou s'il me demandait de le retenir. de lui dire que sans lui, mes yeux cessaient de voir. Et ma peau de frissonner. Et mes lèvres de dire. Et mon coeur d'espérer.
Mon destin m'échappe, c'est la première leçon du cancer.
Se réapproprier rageusement son destin est la deuxième leçon.
Et aussi la librairie. Jamais cet endroit ne m'avait paru aussi paisible. Ici, contrairement à la vraie vie, les hurlements, les pleurs, les rires, les cris, les joies, les drames étaient prisonniers des pages. Le tumulte ne s'offrait qu'à celui qui les ouvrait.
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3 commentaires:
Ah intéressant et courageux, merci Nathalie pour ce retour ! Bisous 😘
Je te rejoins. Même si ce n’est pas aussi profond que certains des romans précédents, le style, la maîtrise et le sens du rebondissement sont là. Je respecte aussi la prise de risque pour traiter un sujet qui lui tenait à coeur.
J'ai lu un livre de cet auteur que je n'ai pas beaucoup aimé. Du coup, je ne me suis plus intéressé à lui, mais je lis de bonnes critiques à propos de celui-ci.
Bonne fin de semaine.
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