samedi 23 avril 2022

Elise - Marcel Sel

 Elise   -   Marcel Sel


























On lit
Parution : 16 octobre 2019
Pages : 450Ean : 978-2-87560-108-7
Prix : 24.50 €


Présentation de l'éditeur

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, François est obnubilé par la dernière phrase prononcée par Elise May, son amour de jeunesse. Celle qui lui avait dit sa haine du Führer quelques semaines auparavant, a crié avec conviction « Heil Hitler » un soir de janvier 1945, avant de poser son front contre l’arme du soldat de l’armée rouge qui lui fait face, prêt à l’abattre. François a besoin de comprendre ce cri. Quarante ans plus tard, il décide de refaire le voyage jusqu’à la « Tanière du Loup » où Elise fut une des goûteuses du dictateur. Après Rosa, l’Italie, le fascisme et la peinture, Marcel Sel poursuit avec Elise, l’Allemagne, le nazisme et la musique, son exploration d’individus égarés dans les totalitarismes.

L'auteur


Marcel Sel (un pseudonyme) est un écrivain, blogueur, polémiste, chroniqueur et scénariste belge bruxellois francophone.

Il utilise aussi d'autres pseudonyme comme Marcel Zout ou Marcel Quaybir.

En 2008, il écrit "Walen Buiten, Révélations sur la Flandre flamingante", un essai romancé sur la "Crise belge", qui sera publié en 2010. En juin 2009, après avoir été longuement simple commentateur du blog Coulisses de Bruxelles, UE de Jean Quatremer, il ouvre son propre blog, Un Blog de Sel, principalement axé sur la crise belge et le nationalisme flamand. Quelques mois plus tard, il publie un recueil d'articles du blog, "La Flandre, ça n'existe pas", en édition à la demande chez TheBookEdition.com.

De septembre 2009 à avril 2010, il écrit les scénarios des Vendredis de Votez pour Moi avec André Lamy, sur Bel RTL. En juillet 2010, il écrit le texte du clip "Do You Want To Know More about Belgium" avec Karine Quarant-Schmidt. Le clip est réalisé par Jérôme de Gerlache et au cours des mois qui suivent, sera téléchargé plus d'un million et demi de fois, un engouement qui amènera des médias belges, anglais, français, américains et japonais à en parler ou à l'insérer dans leurs pages web.

En 2010, il publie son premier livre : "Walen Buiten", un "essai romancé" sur le conflit communautaire en Belgique, aux Éditions Jourdan. L’année suivante paraissait son essai politique "Les Secrets de Bart De Wever", aux Éditions de l’Arbre. Depuis mars 2010, Marcel Sel propose une chronique hebdomadaire, La fine Fleur de Marcel Sel, dans le magazine de télévision belge Télépro.

Dans le domaine de l'humour, il a écrit plusieurs scénarios pour la série satirique TV Belgiek, diffusée sur RTL-TVI, avec les voix d'André Lamy et d'Angélique Leleux. En mai 2011, il est cité dans le "Top 10" des journalistes belges les plus influents sur Twitter. Il fait des apparitions de plus en plus fréquentes sur les plateaux de télévision, tels que Mise au point de la RTBF, ou le BAR de l'Europe de TV5 Monde.

En mars 2017, il sort son premier roman, "Rosa", qui obtient de nombreux prix. Il poursuit avec "Elise" (2019), l’Allemagne, le nazisme et la musique, son exploration d’individus égarés dans les totalitarismes.


Prix Saga Café (2017) du meilleur premier roman belge francophone pour Rosa
Prix des Bibliothèques de la Ville de Bruxelles (2017) pour Rosa
Prix Soleil Noir Jaune Rouge pour Rosa
Prix des Délégués de Classe du Prix des Lycéens de Littérature pour Rosa



Mon avis

C'est un très beau mais dur roman que nous propose Marcel Sel.  Un livre audacieux, déstabilisant au début pour plusieurs raisons.  

La première est l'actualité et la guerre présente en Ukraine qui amplifient la violence décrite dans ce roman excessivement bien documenté.  La seconde est que la narration évolue dans le temps, tantôt durant la seconde guerre mondiale, tantôt dans les années 80 ou encore dans les souvenirs des narrateurs, en alternance François, un soldat français fait prisonnier au début de la guerre et Elise, une jeune femme vivant en Mazurie dans la Prusse Centrale, la Pologne actuelle.

De nombreuses annotations en bas de page ayant le mérite d'être au plus proche de la réalité historique gâchent un peu le plaisir de lecture, mais je vous assure que faisant fi de cela cette histoire est vraiment magnifique.

Un roman audacieux qui mèle l'horreur de la seconde guerre avec une histoire d'amour adoucie par la musique, plus précisement le chant lyrique.

François a été emmené comme prisonnier au début de la guerre dans un stalag en Mazurie. Il a la "chance" d'en être sorti au départ pour "traire les vaches" mais aussi par ses qualités d'accordeur de piano.  Il va devenir l'accompagnateur de piano à la demande de la Baronne Ellinor, une cantatrice ayant pour élève "Elise May", une jeune fille dont François deviendra amoureux.

Elise fait partie des 15 goûteuses d'Hitler, elle avait dit à François sa haine pour le Führer qu'elle surnommait péjorativement "Wolf" mais lorsqu'elle avait été mise en joue par un soldat de l'armée rouge en janvier 45, avait crié avec conviction "Heil Hitler".

François ne comprend pas pourquoi et va quarante ans après ce drame refaire le voyage à l'Est pour comprendre.

Une lecture exigeante qui décrit les atrocités de la guerre, l'endoctrinement, qui permet de comprendre la manipulation exercée dès le plus jeune âge d'un peuple qui va perdre sa lucidité et se sentir conforté dans ses droits en suivant son meneur.  Endoctrinement, mensonges et terreurs semés par les régimes totalitaires.

Un roman historique qui présente la réalité des pays de l'Est avant la chute du mur.  Ce roman est certes difficile, mais la poésie y trouve sa place.  La musique adoucit un peu le tout et nous démontre qu'elle peut aussi être un outil de résistance.

Des passages magnifiques, une écriture poétique et un final surprenant.

C'est vraiment une belle découverte, je n'ai qu'une envie faire remonter "Rosa" le tout premier roman de ma PAL.

Ma note :  9/10

Les jolies phrases


Mais on apprend dans ces marches sans fin que l'espoir fait survivre.

On regardait devant nous, c'est tout.  Chaque pas voulait dire qu'on était encore vivants.  Et chaque pas pouvait nous rapprocher de la mort. 

Les gosses qui tombent au champ d'honneur pour leur fabrique à martyrs, ils crèvent quand même !  Et comme les généraux savaient que la guerre était perdue, les pauvres bougres, ils ont tous crevés pour rien !
   
Un Boche, ça peut tuer juste pour qu'il y ait de l'ordre. Un Ivan, ça peut tuer pour une montre.  Un Anglais, ça peut tuer pour la reine, Et un Français, alors ?  Héhé.  un Français, ça peut tuer pour une femme ! 

J'ai pensé aux vieux Allemands, du moins aux honorables.  Douze ans de nazisme.  La pire violence à la libération.  La misère dans les années qui ont suivi. Et ceux qu'ont pas pu fuir l'Est à temps sont déjà restés cloués à leur marteau et à leur compas pendant quarante ans !  Et ça risque pas de s'arrêter.  

Il savait ce que la guerre faisait aux hommes.  Les vieilles aussi, elles savaient.  Mais les jeune femmes qui retrouvaient leur mari, elles découvriraient petit à petit, nuit après nuit, de cauchemar en réveil en sursaut, qu'elles avaient prêté un homme à la patrie, et que la France leur avait rendu un écorché vif.  La guerre, ça s'arrête pas à l'armistice.  Faudrait leur dire ça aux jeunes qui la veulent encore.  La guerre, elle vous poursuit toute la vie.  Elle poursuit vos proches. 

C'est peut-être ça, la différence entre le communisme et le nazisme.  L'un glorifie la vie.  L'autre, la mort.  La planification risque de provoquer des famines ?  Eh bien, Jaruzelski laisse le peuple faire un peu de marché noir.  Ou vendre ses propres produits.  Posséder un peu.  Espérer un peu.  Les nazis, eux, collaient des condamnations à mort sur tout.  Marché noir.  La mort ! Baiser une Teutonne La mort ! Lancer des tracts en courant et en riant dans une université La mort ! Logique.  Tous les Allemands confiaient leur vie au Führer.

L'espoir ! C'est la différence entre le régime nazi et les régimes communistes.  Parce que l'espoir fait vivre.  Vivre ! 

Imagine que tu fais un rêve.  Dans ce rêve, tu as 16 ou 17 ans.  On t'a placé dans un groupe solidaire et formidable.  On t'a dit que tu étais avec les meilleurs.  On t'a inculqué une culture supérieure à toutes les autres.  On t'a montré Dieu sous les traits du Führer.  Et ça, depuis ta première primaire.  Notre Führer. Notre Grand Monsieur.  Heil Hitler ! Tous les jours.  Dix fois par jour ! Alors, tu suis les autres, tu penses comme eux.  Plus tu penses comme eux, plus tu montes dans l'estime des chefs.  Evidemment, tu es persuadé que tout ce que tu fais est normal, moral, et même héroïque ! Et puis, un jour, tu sors du rêve, tu vois tout ça d'en haut, tu découvres la vérité nue, sans la propagande, sans la doctrine... Et là, tu te rends compte que ce rêve était un cauchemar et que le monstre du cauchemar, c'était toi...C'était moi !

Les nazis nous avaient appris à tuer, et à aimer tuer.  Et régulièrement, ils nous donnaient de la chair et des prétextes pour nourrir notre bestialité.  Mais nous étions plus que d'accord.  Nous étions le monstre !

Les chemins de terre, ça ne disparaît pas! Jamais! Tant qu'on continue à marcher dessus, ils continuent à vivre.

Les romans, ce n'est pas pour les femmes, ça ne leur sert absolument à rien, elles ont d'autres tâches à accomplir dans la cuisine ou dans les champs.









2 commentaires:

Philippe D a dit…

J'ai lu "Rosa" et celui-ci m'intéresse aussi. Si je le rencontre, je l'emporte...
Bonne semaine.

eimelle a dit…

il devrait m'intéresser aussi!