samedi 16 avril 2022

Eteindre le soleil - Ariane Bois

Eteindre le soleil     -  Ariane Bois




















Plon
Parution : 10 février
Pages : 192
Isbn : 978-2259310901
Prix : 18 €


Présentation de l'éditeur

Ariane Bois évoque l'emprise au féminin, un récit intime et bouleversant.

Depuis toujours, ils forment un bloc. Un père à la Montand, aventurier à ses heures, solaire et flamboyant, engagé à gauche. Une fille, admirative, amoureuse des mots.
Ensemble, ils ont traversé les paysages riants de l'enfance mais aussi les pires épreuves : la perte d'un fils et d'un frère, puis celle d'une épouse et d'une mère, disparue à l'autre bout du monde. D'une famille de quatre, ils sont devenus deux, fragiles, blessés, mais obstinés à rétablir leur équilibre. Et puis survient une femme, éprise du père, qui l'apaise.

Pourtant, très vite, l'attitude d'Édith déroute. D'où viennent ces malentendus, ces piques, cette agressivité ? Lors d'un séjour en Provence, tout bascule et la folie s'invite. Jusqu'au vertige.

Ce récit est l'histoire d'un homme, pris au piège d'une relation toxique, et d'une fille prête à tout pour le sauver. Ariane Bois évoque ici l'emprise au féminin. Un texte intime et bouleversant. 

Ariane Bois





©Yannick Coupannec


Grand reporter et critique littéraire, Ariane Bois a déjà publié quatre romans, Et le jour pour eux sera comme la nuit (Ramsay, 2009 ; J'ai lu, 2010), Le Monde d'Hannah (Robert Laffont, 2011 ; J'ai Lu 2014), Sans oublier (Belfond, 2014) et Le gardien de nos frères (Belfond, 2016). Tous quatre ont été salués unanimement par la critique, par sept prix littéraires, et traduits à l'étranger. Pour Le Gardien de nos frères (Belfond, 2016), elle a notamment reçu le Prix Wizo 2016. Dakota song est son cinquième roman.

Mon avis

C'est un récit très personnel que nous livre Ariane Bois, une belle déclaration d'amour à son père.

Elle décrit l'homme qu'elle admire, son modèle depuis son enfance. Lui, l'homme à la Montand, solaire, généreux, originaire d'une famille de Justes.  Son père, ce héros, médecin humanitaire engagé.

Chez eux, le dimanche, il y avait toujours un SDF en invité qui repartait avec un peu d'alcool et de nourriture.  

Un père amoureux, une famille rayonnante dans son enfance...  jusqu'au premier drame de la vie, le suicide du fils et quelques années plus tard l'accident d'hélico violent de sa mère grand reporter.

Cette famille unie de quatre qui soudainement se réduit à deux, le père et Ariane.  Deux êtres fragiles, blessés, tellement proches, indissociables l'un de l'autre jusqu'au jour où une femme, Edith arrive et bouleverse leur équilibre.

Edith qui dès la première rencontre avec Ariane  - qu'elle toise et juge silencieuse pendant le repas - annoncera la couleur de leur relation lorsqu'à la fin de celui-ci dira  : "Tu sais que je connais ton père depuis plus longtemps que toi."  , petite phrase assassine signifiant qu'elle comptait bien se l'approprier, le garder pour elle seule.   La guerre est lancée...

C'est le début de l'éloignement, d'une emprise.  Non ce n'est pas de la jalousie mais bien le besoin de posséder l'autre, de l'isoler de sa famille et de ses proches.

Ariane décrit magnifiquement son père.  L'écriture est très belle, d'une grande finesse et sensibilité.  On voit ce qu'elle nous suggère par sa plume aux descriptions superbes. Que d'émotions, c'est bouleversant !

Elle nous décrit l'éloignement imposé à son père malgré la maladie.  Comment une personne si solaire parvient à tomber dans le piège et s'enfermer.

Elle raconte pour témoigner à ses enfants mais aussi pour délier la parole et permettre à beaucoup de comprendre ce qu'ils vivent, difficile pour un homme d'admettre , d'aborder ce sujet complexe et douloureux de l'emprise. 

Incroyable aussi de voir qu'une femme "âgée, elle a 65 ans au début de la relation puisse être si dépourvue d'empathie et aille jusqu'aux attaques physiques pour "enfermer" l'être soi-disant aimé.

Un témoignage bouleversant indispensable.

Ma note : 9/10


Les jolies phrases.

Tu sais que je connais ton père depuis plus longtemps que toi.

Un prénom peut-il influencer le cours d'une vie ?

L'esprit seul mérite qu'on s'y attache.

L'important, répétait mon père, c'est les autres.

Le malheur ne manque pas d'imagination, décidément.

Nous retrouver tous les quatre était donc une fête.  Peut-être ai-je tant aimé aussi en raison de leur absence, de la rareté de ces moments où nous étions tous réunis...

On craint toujours plus le désespoir de ceux qu'on aime que le sien.  

Quelle est la nature du lien qui le lie à cette femme ? Est-ce vraiment de l'amour, comme avec ma mère, ou un besoin d'être protégé, pris en main, rassuré, à son âge ?  Quelles peurs Edith apaise-t-elle en lui ?  Je ne le saurai jamais, il reste un mystère, quelque chose que je ne chercherai pas à percer. 

Mes fils m'ont tout appris de l'enfance, ses rites et ses ensorcellements, de la psychologie masculine, aussi.  Ils m'ont sacrée maman, et cet immense amour-là, cet amour qui donne tout sans rien en exiger, qui vous fait entrevoir votre mort sans peur, et votre vie que vous donneriez en un instant pour protéger la leur.  

Mais l'exercice me fait du bien: l'encre ne produit pas de larmes, et poser des mots, les miens, sur le papier, est aussi une façon de retourner à la vie.  L'écriture comme l'affirmation de ma vie, selon Pérec.  On écrit parce qu'on y est obligé, parce que les autres laissent une telle trace en vous, que l'on se doit de retranscrire ce qui peut l'être.


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