mardi 12 septembre 2023

Post frontière - Maxime Gillio

 Post frontière   -  Maxime Gillio














Talent
Parution : 23 août 2023
Pages : 336
Isbn : 9782378153175
Prix : 21.90 €

Présentation de l'éditeur


Quand les frontières bougent, les destins vacillent

Patricia Sammer, journaliste au Tageszeitung, enquête sur les personnes ayant fui l’Allemagne de l’Est dans les années 1960. Inge Oelze, qui a franchi le Mur quarante ans plus tôt, accepte de lui raconter ses souvenirs : son enfance dans l’Allemagne dévastée de l’après-guerre, la fracture de son pays en deux blocs, son passage à l’Ouest et son engagement politique.
Mais, rapidement, leurs discussions tournent au jeu de dupes : à l’évidence, Inge dissimule une partie tourmentée de son passé, tandis que Patricia s’abrite derrière son article pour mener une quête beaucoup plus intime. Pourquoi autant de mystères entre ces deux femmes qui ne s’étaient jamais rencontrées ?

Passeur d’histoires dans l’âme, Maxime Gillio a écrit de nombreux romans policiers avant de bifurquer vers la littérature jeunesse. Pour écrire Post Frontière, un roman beaucoup plus personnel, il s’est inspiré d’une histoire vraie, intime et poignante. Avec une écriture prenante, il nous entraîne dans une quête mémorielle à travers l’histoire de trois femmes, ballottées au gré des époques et des méandres des frontières. Un roman aux cruelles résonances contemporaines.


Mon avis

C'est au départ d'une histoire vraie que Maxime Gillio a construit ce très beau roman.  Une très belle découverte de la rentrée dans le cadre de la présélection du Prix du roman Fnac.

On va suivre le destin de trois femmes à des périodes différentes.

-  Anna Fierlinger fin 1944 vit à Priesten en Tchécoslovaquie, c'est là qu'elle est née mais elle est allemande d'origine.  Son père qui avait oeuvré pour la paix entre la communauté tchèque et allemande fut d'ailleurs lâchement abattu en 40.

- Patricia Sammer en 2006 vit à Berlin.  Elle est journaliste au Tageszeitung.  Elle écrit un livre sur la période du mur et cherche des témoignages de fugitifs qui passés à l'Ouest au prix de leur vie sont revenus à l'Est.

- Inge Oelze, la soixantaine vit à Heideneau en 2006 va nous raconter sa vie à l'est, ce qui l'a motivée à passer à l'ouest et à revenir.

Le récit est passionnant, peu à peu des liens se tissent, on s'accroche aux personnages.  L'écriture est vraiment prenante tout comme ces voyages dans le temps qui donnent du rythme au récit.  Un livre qu'on dévore.

J'aime quand un livre me donne envie de faire des recherches en parallèle, de découvrir des choses et c'est le cas ici. On parle en effet peu souvent des Sudètes, ces allemands déplacés, intégrés dans des villages comme ici en Tchécoslovaquie.  De véritables pogroms, un déferlement de haine contre eux à la fin de la guerre résonne tellement avec notre époque.  Je suis toujours sidérée par le peu d'humanité de notre société. 

On apprend aussi sur les camps qui les rassemblaient en Tchécoslovaquie et ailleurs - j'ai pensé au camp des milles décrit dans le dernier roman d'Ariane Bois "Ce pays qu'on appelle vivre" .  On ressent la haine, l'humiliation, il décrit les mauvais traitements subis, la torture uniquement sur des personnes de part leur origine sans faire la part des choses avec la réalité.

L'auteur décrit la RDA, ses valeurs au niveau du peuple, la solidarité, les privations de liberté imposées au nom d'une idéologie, j'ai pris conscience que ces gens devaient parfois attendre plus de 10 ans pour avoir le téléphone ou une Trabant, que l'orientation de leurs antennes de télé était consignée et utilisée pour les surveiller.

Un autre aspect évoqué dans ce foisonnant roman est la période activiste de la RAF, la fraction d'armée rouge vers 1977.  C'est passionnant, bien rédigé.  On le dévore.

Un excellent roman de la rentrée qui a tous les attraits pour plaire.

Ma note : 9.5/10



Les jolies phrases

J'ai toujours détesté les dictons populaires. S'il y en a un que j'exécre par-dessus tout, c'est celui qui dit le temps atténue les douleurs et que même les chagrins les plus forts finissent par s'estomper; 


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