jeudi 30 novembre 2023

Devant Dieu et les hommes - Paul Colize

 Devant Dieu et les hommes      -  Paul Colize  ♥♥♥♥♥
















Hervé Chopin
Parution : 21/09/2023
Pages : 320
ISBN : 9782357207264
Prix : 19.50 €

Présentation de l'éditeur

« Le 8 août 1956 restera dans nos mémoires comme un jour qui a marqué l’histoire de notre pays d’une de ses pages les plus tragiques. »


Lorsqu’elle déjeune avec le rédacteur en chef du Soir, Katarzyna ne s’attend pas à être envoyée sur le procès de Marcinelle. En 1958, être une femme journaliste se révèle déjà peu habituel, mais couvrir l’affaire dont tout le monde parle lui semble exceptionnel.

Deux ans auparavant, l’incendie qui a fait rage au fond de la mine du Bois du Cazier a fait plus de 250 morts ; et c’est au cours de cette catastrophe que deux mineurs italiens auraient tué leur supérieur. Une occasion rêvée pour la jeune femme de prouver son talent de reporter. Or, si elle a un lien personnel avec cette histoire tragique, Katarzyna comprendra vite qu’on ne l’a pas envoyée là par hasard…

Paul Colize


Paul Colize est né en 1953 à Bruxelles, d’un père belge et d’une mère polonaise. Ses polars, à l’écriture aiguisée et au rythme singulier, sont toujours ancrés dans le réel et flirtent habilement avec la littérature générale.

Son œuvre a été récompensée par de nombreuses distinctions littéraires dont le prix Landerneau, le prix Polar pourpres, le prix Arsène Lupin, le prix Plume de Cristal, le prix Sang d’Encre des lecteurs, le prix Michel Lebrun et le prix des lecteurs du festival de Villeneuve-lez-Avignon.   source : Hervé Chopin


Mon avis

Le 8 août 1956 est un jour qui restera dans la mémoire de l'histoire de la Belgique, c'est le jour de la tragédie du Bois du Cazier, 275 hommes sont descendus dans la mine le matin, seuls 13 remonteront à la surface.  

C'est au départ de ce fait historique que Paul Colize imagine son intrigue. Deux mineurs italiens Donato Rinzini et Francesco Ercoli sont accusés d'avoir profité de l'occasion pour tuer leur chef, le porion Gustave Fonck.  Le procès d'assises va avoir lieu en septembre 1958.

Katarzyna Leszczynska, polonaise d'origine, de son nom de plume Catherine Lézin, une des deux femmes journalistes au journal Le Soir est mandatée pour couvrir le procès. Wellens, le rédacteur en chef exécute ainsi la demande de la patronne du journal qui pense que les temps changent et que le succès de la journaliste de l'INR, Janine Lambotte n'est qu'un début, mais au fond de lui Wellens espère bien prouver le contraire.


Nous sommes en 1958 dans un monde d'Hommes, que ce soit les assesseurs, le juge, le procureur et les avocats,  tout est au masculin, tout comme les autres journalistes couvrant le sujet.  
Katarzyna est la seule femme et les commentaires vont bon train sur son inexpérience, incompétence, sa place tout simplement mais elle n'a pas dit son dernier mot.  Elle veut prouver que sa vision des choses, sa sensibilité féminine, peut apporter un autre regard sur cette affaire qui par ailleurs réveille en elle des similitudes avec son histoire.


C'est un roman de procès où les témoignages se suivent de manière très intéressante, on comprend bien le contexte, le travail dans les mines que personne ne voulait chez nous, les conditions difficiles pour la majorité des italiens à qui on avait promis monts et merveilles, les difficultés d'intégration, surnommés souvent "macaronis".  On comprend les conditions de travail, la vie dans les corons, l'éloignement de la famille mais aussi le détail de la catastrophe, la situation économique et la crise du logement. 

Les rouages du procès sont bien décrits et à travers Katarzyna on comprend que la condition de la femme était plus que compliquée, le machisme étant un art de vivre à l'époque.

L'écriture est dynamique, prenante.  Le rythme est donné par les courts chapitres qui rendent la lecture addictive, un peu à la manière d'un polar.   J'ai pris énormément de plaisir à la lecture découvrant l'écriture de Paul Colize et me donnant envie d'en découvrir d'autres.

Ma note : 9.5/10



Les jolies phrases


La solitude, c'est comme si le monde il sait plus que tu existes. C'est les murs plus épais que ceux de la prison. C'est comme la prison dans la prison.


Einstein a dit qu’il était plus difficile de détruire un préjugé que de détruire un atome.


— Dans cette salle de tribunal, le juge est un homme, les assesseurs sont des hommes, le procureur est un homme et l’avocat de votre mari aussi.
— Je sais.
— Ce n’est pas tout. Les douze jurés sont des hommes, les spectateurs sont majoritairement des hommes et les témoins qui ont été entendus sont tous des hommes.
Renata parut intriguée.
— Et alors ?
Katarzyna fit une courte pause avant de poursuivre.
— Moi, Renata, je suis une femme. Je vois, j’entends et je sens les choses autrement. Je ne crois pas ce policier. Ce qu’il a dit m’a heurtée. Je pense qu’il s’est passé quelque chose, autre chose, ou que tout n’a pas été dit, mais je ne sais pas quoi.

Quand une femme pourra-t-elle se déplacer librement sans être importunée, sifflée, insultée ou harcelée ? Combien de décennies faudra-t-il pour qu’elle ne soit plus considérée comme un amusement sexuel, un trophée de chasse ou un trésor de guerre ?

Le lion est le roi de la jungle, il n’a peur de rien. Sauf de la lionne.

Comment faisaient les reporters de guerre pour continuer à photographier au milieu des combats ?





2 commentaires:

eimelle a dit…

j'en ai lu quelques uns et j'en garde en bon souvenir!

nathalie vanhauwaert a dit…

le premier pour moi et pas le dernier c'est certain