Torture blanche - Narges Mohammadi
Parution : 06 mars 2024
Préface de : Shirin EbadiTraducteur : Didier Ausan
Postface de : Shannon Woodcock
Pages : 288
EAN : 9782226492678
Prix : 20.90 €
Présentation de l'éditeur
« Le 16 novembre 2021, pour la douzième fois de ma vie, j'ai été arrêtée et pour la quatrième fois condamnée à être placée en cellule d'isolement. Cette fois, mon chef d'accusation, vous le tenez entre vos mains : c'est ce livre, Torture blanche. On m'enfermera encore. Mais je continuerai de me battre jusqu'à ce que les droits humains et la justice règnent dans mon pays. » Narges Mohammadi
Infatigable militante des droits humains, Narges Mohammadi, prix Nobel de la Paix 2023, livre depuis la prison de Zanjan où elle est incarcérée le tableau terrifiant du traitement infligé par la République islamique d'Iran aux prisonnières politiques et aux militantes, soumises à la « torture blanche », une peine d'isolement total. Les entretiens qu'elle a menés, dans des conditions particulièrement dangereuses, avec treize détenues constituent un témoignage de résistance unique et un acte de courage qui s'inscrit dans le sillage du mouvement « Femme, vie, liberté »
Narges Mohammadi
Narges Mohammadi, née en 1972, est une militante iranienne des droits humains et vice-présidente du Defenders of Human Rights Center, dirigé par la lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi. Depuis 1998, elle est arrêtée et détenue à plusieurs reprises pour son action en faveur des droits humains. En mai 2016, elle est de nouveau condamnée à 16 ans d'emprisonnement pour avoir créé et dirigé « un mouvement de défense des droits de l'homme qui milite pour l'abolition de la peine de mort ». Elle est libérée en octobre 2020, mais emprisonnée de nouveau quelques mois plus tard pour avoir écrit Torture blanche. Alors qu'elle est en détention, elle reçoit le prix Nobel de la paix 2023. Son travail a été salué par Amnesty International, Reporters sans frontières et PEN.
Mon avis
Un livre indispensable ! Essentiel pour comprendre ce qui arrive à de trop nombreuses femmes en Iran.
Narges Mohammadi est Prix Nobel de la Paix 2023, elle est actuellement incarcérée en Iran depuis le 16 novembre 2021 pour la douzième fois de sa vie. Elle a été condamnée pour la quatrième fois à l'isolement. Pourquoi ? Cette fois pour l'écriture de ce livre.
Elle nous livre son témoignage et celui de treize autres femmes qui ont subi la détention arbitraire, la torture psychologique.
La torture blanche c'est l'isolement le plus complet dans des cellules sans lumière extérieure du jour, avec une ampoule éblouissante allumée jour et nuit, c'est un manque complet d'hygiène et de soins, des odeurs insupportables, des cafards, des couvertures rêches et sales, la solitude. C'est la privation sensorielle sur la durée utilisée par la République islamique d'Iran aux prisonnières politiques et aux militantes. C'est l'incarcération arbitraire sans accès à un tribunal impartial.
Il faut absolument lire ce livre pour être conscient de la réalité de la femme qui pour des raisons liées le plus souvent au genre, à la non soummission sont incarcérées pour être brisées. Narges mène un combat pour que les droits humains et le justice règnent dans son pays, pour elle il faut Témoigner, ne pas renoncer.
Depuis la mort de la jeune Mahsa Jina Amini pour ne pas avoir porté le voile correctement, un mouvement est né "Femme, vie, liberté", il y a une prise de conscience de ce peuple qui résiste, une sororité, une force, une résistance.
Ce qui m'a marqué en lisant ce rare témoignage, c'est la force, la résistance, le courage et la volonté de survivre qui prévaut. Ces femmes ont un courage et une volonté plus forts que tout.
"La victoire n'est pas facile, mais elle est certaine".
A lire absolument.
Les jolies phrases
La victoire n'est pas facile, mais elle est certaine.
Je n'avais plus l'impression d'être un être humain normal.
Être dans une cellule d'isolement, c'est comme vivre dans une boîte de conserve.
Ce qui ne tue pas rend plus fort.
Personne n'entendait alors les histoires et les voix des mères endeuillées en quête de justice des années 1980, une décennie d'exécutions, de tortures, de viols et d'agressions dans les cellules et les prisons dont l'actuel président de la république islamique d'iran, Ebrahim Raisi, était l'un des instigateurs et des bourreaux. Parce que la tyrannie, sous le couvert de "religion", faisait régner sur l'Iran, l'oppression, la domination, la pauvreté généralisée et la misère débridée.
Le "voile obligatoire" est la source principale de domination et de répression dans la société visant à maintenir et à perpétuer un gouvernement religieux autoritaire.
Les châtiments inconnus susceptibles d'être infligés en prison et l'incertitude liée à l'avenir étaient un poison mortel. Comment pouvait-on traiter un être humain de la sorte? Qu'arriverait-il à notre droit à respirer, à nous déplacer, à faire nos besoins en toute liberté, à entendre d'autres voix que la nôtre et à parler à autrui ? La privation des droits les plus élémentaires m'a plus troublée que de penser aux actes d'accusation, à mon procès et à ma condamnation à venir.
La cellule était cadenassé de l'extérieur. Le judas s'ouvrait de l'extérieur. La fenêtre de même, qui demeurait fermée en permanence. Tout était sous verrou. Les bruits étaient sous verrous et la détenue était dans l'incapacité totale de briser tous ces verrous. Cet environnement fermé me paralysait et j'avais beau tenter de me convaincre, de me raisonner : la porte et la fenêtre fermées à double tour ne présentaient aucun dangern je ne devais pas paniquer.. eh bien, je n'y arrivais pas. J'étais tétanisée par l'angoisse.
La cellule disciplinaire, c'est comme une oîte de conserve fermée. On n'a même pas la volonté d'ouvrir le couvercle. La pression, l'isolement et l'attente sont comme des marteaux qui tapent sur cette boîte de conserve pour l'écraser. Sans crier gare, tout à coup, les gardiens ouvrent la porte. Le fracas du verrou est terrible. N'importe qui peut ouvrir cette porte quand bon lui semble - sauf vous, qui êtes enfermée là. tout le temps que j'y ai passé, de manière subconsciente, j'ai évité de regarder cette porte.
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