Appelez-moi César - Boris Marme
Lauréat du Prix horizon 2024
Parution : 12/05/2022
Pages : 320EAN : 9782259310994
Prix : 18 €
Présentation de l'éditeur
Vingt-cinq ans après les faits, Étienne, le narrateur, exprime le besoin absolu de dire la vérité, au-delà de la version officielle, sur ce qu’il s’est passé durant cette nuit terrible au cours de laquelle l’un des gars a disparu dans un ravin. Écrire devient alors pour lui un moyen d’exister à nouveau en dehors du mensonge et du secret. Il entend ainsi redonner à chacun la place qui lui revient, pour mieux reprendre la sienne. Il lui faut pour cela reconstituer chacune des journées qui ont précédé l’accident, car la vérité n’est pas si évidente, elle a plusieurs visages. Pour comprendre, il faut plonger dans le groupe, sentir son souffle de liberté, partager sa bêtise joyeuse, se laisser happer par sa mécanique cruelle.
Étienne raconte son histoire, celle de ce gamin de quinze ans, venu de sa banlieue aisée, et qui, jeté dans l’arène de l’adolescence débridée, fasciné par la figure insaisissable et dangereusement solaire du leader Jessy, a brisé les carcans de son éducation pour devenir un autre, et tenté, au gré des épreuves et des expériences émancipatrices de rivaliser avec les autres pour s’emparer du titre de César.
Boris Marme
Mon avis
Etienne le narrateur revient sur l'été 94, c'était il y a 25 ans, il éprouve la nécessité de donner sa version de ce qui s'est réellement passé cet été. Il a besoin de rompre le silence, un besoin absolu de vérité, il doit l'écrire.
On sait d'entrée de jeu que des adolescents ont été retrouvés dans la montagne. Ils étaient 11 au départ, il en manque un à l'appel. Ils avaient refusé de suivre leurs accompagnateurs. On en a conclu à l'époque à un accident, les adultes ont été condamnés, jugés responsables, mais que s'est-il vraiment passé la nuit du 23 juillet 1994 ?
Pour le comprendre, Etienne nous raconte. Il avait 15 ans à l'époque, ses parents le déposent à la gare pour un départ de trois semaines en colo, objectif : faire de la rando en montagne.
Etienne vient de "Le Quersigny", de la banlieue aisée, les autres, de "Grandin", quartier difficile du Nord de Paris. Il est jeté dans l'arène, il doit s'intégrer dans le groupe s'il ne veut pas souffrir.
D'entrée de jeu il est fasciné par Jessy, qui arrive en retard, il est plus âgé, un crâneur, un meneur, qui n'a peur de rien, il est libre même si au fond de lui c'est un rejeté, un cabossé, en manque de stabilité et d'amour. Jessy c'est l'inverse d'Etienne et les contraires s'attirent, Etienne veut lui ressembler. Pour lui, Jessy c'est le symbole de la puissance, de la liberté, il n'entendra pas sa souffrance, ne verra pas le danger.
Etienne va avoir envie de s'affirmer pour appartenir au groupe, enfreindre des règles pour devenir le César du groupe. C'est un roman initiatique, sortir de l'adolescence, s'affirmer, il va découvrir sa première cigarette, son premier baiser, sa première fois, ses premières conneries. On vit le groupe au jour le jour, pour comprendre comment on en arrive au drame, à l'unité du groupe, au silence.
L'écriture est très prenante, la plume magnifique, d'une grande justesse. on entre peu à peu dans la bande, dans la psychologie des ados, leur univers, la musique prend une jolie place. On s'approche peu à peu du drame, un suspense grandissant et un final incroyable vraiment inattendu.
Merci Boris Marme pour ce plaisir de lecture. Une claque ce roman !
Ma note : ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Ce qu'il y a de pratique avec le fait de n'être plus rien, c'est que les autres restent à distance et ne vous importunent plus.
Apprendre, c'est détruire, c'est conquérir.
En trois semaines, au cœur du groupe, j’ai bien plus appris et détruit qu’en plusieurs années. Apprendre, c’est détruire, c’est conquérir. Emporté avec les autres, dans le mouvement puissant du groupe qui s’est mis en branle et qui a roulé de blagues en conneries inacceptables, nous avons dévalé la pente comme un rocher furieux jusqu’à la chute.
Je courais vers la connerie, vers l'incontrôlable, laissant derrière moi mes principes et mes valeurs. Je courais pour ne plus penser à ce que je faisais.
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