vendredi 10 mai 2024

Qui sait - Pauline Delabroy- Allard

 Qui sait    -  Pauline Delabroy - Allard





 














Gallimard
Parution : 18/08/2022
Pages : 208
ISBN : 9782072968143
Prix : 19.50 €


Présentation de l'éditeur


« J’attends que quelque chose se passe. Je crains, à tout moment, que ça ne fonctionne pas, qu’il y ait un problème, un chaînon manquant. Je ne vois pas comment cette opération pourrait se dérouler sans encombre. J’ai pris un numéro à l’entrée du service état civil, j’ai pris aussi mon air le plus désinvolte, comme si cela m’arrivait tous les mardis, d’aller me faire faire une identité. »

Avant d’être enceinte, Pauline ne s’était jamais posé la question de ses origines. Et puis cela devient crucial. Elle sonde alors le sens des mystérieux prénoms secondaires qui figurent sur sa carte d’identité : Jeanne, Jérôme, Ysé. Fantaisie et drame, fantasme et réalité se mêlent dans ce récit envoûtant, qui nous conduit tour à tour sur les traces d’une aïeule aliénée, d’un ami de la famille disparu et d’une héroïne de fiction. Avec Qui sait, Pauline Delabroy-Allard signe un deuxième roman virtuose, ode à la toute-puissance de l’imagination et de la littérature.

Mon avis

Lecture dans le cadre du Prix Horizon 2024 de Marche en Famenne et je comprends la sélection car l'écriture est très belle, dynamique, franche, boulimique par moments aurais-je envie de dire , avec ses anaphores qui représentent son obsession , obsession à la connaissance, à son rapport mère-fille, à l'écriture, à la littérature, à la vérité recherchée.

C'est un roman qui semble en partie autobiographique. Pauline la narratrice, l'écrivaine, déjà dotée de deux noms , découvre que son prénom est suivi de trois autres lorsqu'elle effectue les démarches de l'obtention de sa première carte d'identité à l'âge de 30 ans ; Jeanne, Jérôme et Ysé.   C.S.es trois prénoms vont l'obséder et la mener à une recherche plus approfondie de son histoire.  

Faut dire que sa famille est du genre secret, qu'on ne répond pas à ses questions, alors Pauline va essayer de trouver, de comprendre et si elle ne trouve pas, elle inventera, suite à un événement traumatisant que l'on nommera le jour blanc, elle a besoin de savoir.

Alors elle se base sur la philosophie de Kant et son roman se déroulera avec trois questions, correspondant à chaque fois à un prénom.

-  Que puis-je savoir ?   en partant de Jeanne, un émouvant voyage nous conduira dans les Grottes de Pech Merle  sur le retour de vacances avec sa compagne, un passage dans la maison d'enfance de sa grand-mère.

-  Que dois-je faire ? pour Jérôme qui l'emmènera dans un voyage à Sousse, des rencontres très touchantes avec Tutu le petit chat et Maxence

- Que m'est-il permis d'espérer ?  Ysé qui fait référence à la pièce de Paul Claudel "Partage de midi"  m'a un peu perdu, probablement parce que je ne connaissais pas cette oeuvre, la partie plus abstraite, plus imaginaire  m'a semblé plus longue et difficile.  

Pourtant au final, on comprend le lien entre les trois parties, la nécessité de comprendre que tout est en lien.

J'ai beaucoup aimé la plume magnifique, poétique, intimiste.  Le récit est atypique mais l'émotion est là et bien là à plusieurs reprises.  Un livre très bien construit,  une belle réflexion philosophique qui parle du pouvoir de l' écriture et de sa nécessité, de secrets, du rapport mère-femme, du deuil.

Ma note : 8/10

Les jolies phrases

Creuser la surface à défaut de creuser les mystères. Descendre sous terre pour descendre en soi-même.  Aller dans le sombre, là où la lumière ne perce pas, pour mieux déterrer les ombres.  Pour les mettre au jour, peut-être, en ressortant de là ; si jamais j'en ressortais, j'ai précisé.

On dit veuve pour une femme qui a perdu son mari ou son épouse, orphelin pour un enfant qui a perdu ses parents, et pour moi, on ne dit rien, il n'y a pas de mot, même  le langage ne peut rien pour ça, ce qui reste du jour blanc.

On ne peut pas être l'enquêteur de sa propre vie, le détective de son passé, il ne s'agit pas d'avoir une piste pour tirer tous les fils. 

... J'ai rêvé mille fois de ces garçons beaux comme des dieux grecs, de ces garçons qui aimaient vivre et qui sont morts, qui sont morts parce qu'ils aimaient vivre.

Sans doute que c'est dans les histoires qu'on existe vraiment, que c'est dans la fiction que se dissimule la vérité, qu'il n'y a pas d'autres endroits où vivre.

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