jeudi 21 février 2013

UN CRI D'AMOUR AU CENTRE DU MONDE

COUP DE COEUR      KYOICHI KATAYANA  *****  

Le livre de Poche  31104





Quatrième de couverture

Qu’advient-il de l’amour quand l’être aimé disparaît ?
Sakutaro et Aki se rencontrent au collège dans une ville de province du Japon. Leur relation évolue de l’amitié à l’amour lorsqu’ils se retrouvent ensemble au lycée. En classe de première, Aki tombe malade. Atteinte de leucémie, elle sera emportée en quelques semaines.
Sakutaro se souvient de leur premier baiser, de leurs rendez-vous amoureux, du pèlerinage en Australie entrepris en sa mémoire. Quel sens donner à sa souffrance ? Comment pourrait-il aimer à nouveau ?
Puissant et pudique à la fois, le roman de Kyoichi Katayama est devenu au Japon un véritable phénomène de société, le plus grand best-seller de tous les temps, adapté au cinéma, et sous forme de manga.




Critique

Le quatrième de couverture nous en dit beaucoup et il n'est pas utile de s'étendre sur l'histoire mais plutôt sur les sensations éprouvées à la lecture.

Ce roman nous parle de 2 choses graves et essentielles dans la vie : l'amour et la mort.

Mais quelle sincérité, quel roman magnifique.  Au Japon ce livre écrite par Monsieur Kyoichi Katayama est devenu un best-seller, il a été adapté sous forme de manga et au cinéma.

Cela faisait longtemps que la lecture d'un livre ne m'avait procuré autant d'émotions.  Sentir au fil des pages que son coeur se serre, les yeux qui deviennent humides et se mettent à pleurer en lisant car c'est tellement beau, tellement vrai, tellement sincère.

C'est une histoire d'amour certes mais ce n'est jamais "nunuche", jamais mièvre, cette sincérité je me répète m'a vraiment bouleversée.

La sensibilité et la finesse de l'écriture sont remarquables.  La retenue typiquement japonaise, la sobriété et la tendresse dans la description de cet amour platonique est magnifique. 

Et la question de la séparation ? la raison de la mort ? Que reste-il de l'amour après?  ... pas une seule réponse mais des pistes de réflexion.

J'ai particulièrement aimé le rapport entre les générations et la similitude entre l'histoire du grand-père et celle de Sakutaro, sa bienveillance et cette tendresse;

Gros coup de coeur qui se lit très très vite, un véritable petit bijou.


Les jolies phrases

Si seulement ce rêve avait été la réalité et la réalité, un rêve. Mais cela était impossible. C'est pour cela que je pleurais chaque fois que j'ouvrais les yeux.  Pas parce que j'étais triste. Lorsqu'il me fallait quitter mon rêve pour la réalité, je devais franchir une faille et ce n'était qu'en versant des larmes que j'y arrivais.  Je ne pouvais pas faire autrement.

Aussi longtemps que je vivrais, je ne voulais pas être plus heureux que maintenant. Je ne voulais aspirer qu'à une chose : tenter de conserver ce bonheur précieusement aussi longtemps que possible.  Car j'étais effrayé par ce que je ressentais.  Si la quantité de bonheur attribuée à chacun d'entre nous est limitée, alors j'étais peut-être en train de dépenser la part de toute ma vie. Un jour viendrait où l'envoyé ramènerait Aki vers la Lune. Il me resterait alors un temps indéterminable à vivre, presque aussi longtemps que l'immortalité.

Je crois que ce qui existe maintenant contient tout ce qui existe, avança-t-elle finalement en paraissant peser chacun de ses mots.  Tout est là ; rien ne fait défaut.  C'est la raison pour laquelle il est inutile de demander à Dieu de combler un manque ou bien de vivre dans l'attente de l'au-delà ou du paradis. C'est important de se rendre compte de cela.  Elle fit une pause puis reprit : - c'est dur à expliquer mais je dirais que les choses qui ne sont pas là maintenant ne seront pas davantage là après la mort. En revanche, les choses qui sont là maintenant continueront d'exister même après.


Il en va peut-être aussi de notre vie, ai-je pensé de longues années après.  Une vie menée dans la solitude est une vie longue et ennuyeuse.  Lorsque nous la menons à deux, le moment de nous séparer survient sans que nous ayons vu le temps passer.

Je n'arrive pas à m'imaginer à quoi ressemblerait le monde sans moi, finit par articuler Aki comme si elle se parlait à elle-même.  Il est difficile de se faire à l'idée que notre existence est limitée. C'est une chose évidente, mais dans la vie normale il y a tant de choses évidentes qu'on a pas besoin de ressentir comme évidente.

Le bonheur était comme  ces nuages qui se transformaient à chaque instant, passant du scintillement de l'argent à la grisaille de la cendre sans jamais se fixer dans un état, quel qu'il fut.  Même les moments les plus lumineux de la vie n'étaient pas moins passagers qu'un caprice, pas moins éphémères qu'un jeu d'enfant.  Ils s'évanouissaient  avec la rapidité de l'éclair.

Ce n'est pas une question de durée, répondit-elle sobrement.  Le temps que j'ai passé avec toi a été très court mais très intense, je ne crois pas qu'il soit possible d'être plus heureux que moi.  Jusqu'à cet instant encore... C'est pourquoi, il ne sert à rien d'en demander plus.  Tu te souviens, nous avions eu une discussion à ce sujet. Je t'avais dit que ce qui est là maintenant continuera d'exister éternellement, même après ma mort.



Aucun commentaire: