mercredi 9 avril 2014

La solitude du papillon Laurence Bertels *****



La solitude du papillon        


Laurence Bertels




Pendant qu’Isabelle lit Madame Bovary pour la quatrième fois, se languit et s’interroge sur sa vie de couple, un accident survenu en montagne bouleverse l’existence de sa fille, Clara. Chrysa­lide appelée à devenir papillon, la jeune fille va surmonter de nombreux obstacles pour attirer enfin les regards vers elle… Elle passera ensuite sans transition de l’enfance à l’âge adulte, celui où les amours se déchirent, où les solitudes s’installent.
De Paris à Gérone, en passant par la petite ville côtière de Veules-les-Roses en Normandie, se tissent les destins de personnages intimement liés sans le savoir par des secrets de famille.

Laurence Bertels



Journaliste culture à "La Libre Belgique"

MON AVIS


Laurence Bertels est journaliste culture à La Libre Belgique.  Elle est belge et lorsqu’elle avait 20 ans s’était dit qu’à 40 ans elle écrirait un roman. 40 ans se passent, 41, 42, 43  et ce roman ?  Elle a essayé et voici le résultat un très beau roman à quatre voix ayant pour thème les rapports mère-fille, quatre destins très intimement liés par un secret de famille.

Isabelle, la quarantaine relit pour la quatrième fois Madame Bovary. Elle est mariée à Philippe, maman de trois enfants Maxime, Clara et Ben le dernier « le ciment et la faille de son mariage » - Ben est handicapé .  Elle fait le bilan de sa vie.

Clara, 17 ans, a pour amies Margaux et Camille.  Elle partage tout avec elles.  Malheureusement, un drame survient et transforme la vie de Clara.  Camille perd la vie dans une avalanche et laisse un vide immense autour d’elle.
Clara perd pied, elle s’enfonce, s’accroche à son amie Margaux et à l’écriture.  Celle-ci sera salutaire : un blog dans un premier temps, des mails ensuite échangés avec Margaux.

A ce moment important de sa vie, entre en lice Matteo, l’ami de son frère Maxime, à qui Clara s’accrochera comme à une bouée salvatrice.  Et puis il y a aussi le théâtre qui jouera un rôle déterminant, elle reprend le rôle d’Iphigénie que jouait Camille, s’investira corps et âme malgré ses doutes qu'elle veut dépasser en mémoire de son amie disparue.

Autres personnages clés du roman : Catherine, la maman de Camille, amie d’Isabelle à la fac et Philippe, le père de Clara. 

Isabelle perd pied à son tour.  40 ans au service de sa famille, toujours présente pour tous, décide de prendre du recul, un peu de solitude dans la maison de famille à Veules-les-Roses ne lui fera pas de mal.  Elle doit faire le point, lâcher prise. Elle veut comprendre ce qui la dérange dans sa vie et réapprendre à voir celle-ci en face, reprendre contact avec elle-même, avec la vie.

Ces quatre destins sont intimement liés par un secret de famille qui les unit.  Ecrit de manière cinématographique avec une écriture contemporaine très touchante qui vibre de sensibilité et de tendresse.  Ce premier roman est très touchant.  Les phrases sont courtes. Il y a beaucoup de dialogues.  J’ai eu envie de faire un parallèle avec « Les choses de la vie » de Claude Sautet.

Un livre qui explore également d’autres chemins de Paris à Veules-les-Roses, en passant par Géronne.  Un Matteo à la recherche de son passé, obsédé par le franquisme et les liens qui pourraient y avoir entre lui, cette horreur et son ascendance.

Un très beau récit empreint d’émotions qui nous montrera comme son nom l’indique comment la chrysalide devient papillon avec l’éclosion à la vie pour Isabelle qui renaîtra et Clara qui prendra son envol quittant l’adolescence vers la vie d’adulte.  Ceci par le chemin de la littérature (Flaubert, Racine, Sweig) et de l’écriture.

Une très belle découverte que je vous conseille vivement.


Ma note  9/10


Les jolies Phrases


Pourquoi faut-il souffrir pour comprendre l'essentiel ?


C’est un ensemble de choses, des doutes, des questionnements, des frustrations.  Comme si j’étais à la croisée des chemins.  Rien d’important en somme.
Oui et non.  Je te comprends.  L’horloge tourne c’est pour cela qu’il faut savourer chaque instant, sans penser à demain.   


Le noir occulte la vie.  Un tourbillon plane au-dessus de leurs têtes.  Le néant arrive à pas de géant, juste avant le retour à la réalité qui toujours succède à la petite mort.

Isa est troublée certes, mais pas comme l'était Emma.  Elle a retrouvé les plaisirs de la chair, c'est vrai, mais elle n'a pas le coeur à l'envers. Juste les idées.

Cependant, pour pardonner, il faut savoir, comprendre, excuser.  Ex causa : expliquer les causes.
Qu'est-ce qui a poussé les gens à dénoncer leurs voisins ou parfois les membres de leur famille, sachant qu'ils seraient torturés, voire garrottés, par les policiers ?  Qu'est-ce qui peut justifier tant de lâcheté?

On dit parfois que les larmes guérissent.

Tout a été si vite.  La vague est montée puissante, aucune digue n'aurait pu l'arrêter.  Elle n'a pas eu besoin de courage.  Aujourd'hui, elle se sent soulagée.  Elle a l'impression d'avoir enfin traversé le gué et ne mesure pas encore les conséquences de son acte.  Précieux entre-deux.

Les roses sont floues, teintées de douceur et de non-dits, ceux qui justement révèlent tout.

Elle prend conscience de son pouvoir et de son charisme : une certaine justesse et une sincérité désarmante, malgré les maladresses.  La chrysalide devient papillon. La douleur la grandit et surtout l'embellit, même si la petite fille résiste en elle.  Ce soir, elle va tout donner.  Elle veut toucher le ciel de ses ailes fragiles, frôler Camille, rire avec elle, l'embrasser avant de la quitter.


2 commentaires:

Anne a dit…

Peut-être me laisserai-je tenter, plus tard... La couverture est très belle aussi.

Mina a dit…

Comme Anne, je verrai plus tard. Le sujet me tente, mais l'écriture beaucoup moins... Je le feuilletterai pour me faire une idée plus précise.