samedi 3 février 2018

Les loyautés - Delphine de Vigan

Les loyautés    -   Delphine de Vigan




























   JC Lattès
   Parution le 03 janvier 2018
   Pages 208
   EAN  9782709661584
   Prix : 17 €

Présentation de l'éditeur


« Chacun de nous abrite-t-il quelque chose d'innommable susceptible de se révéler un jour, comme une encre sale, antipathique, se révelerait sous la chaleur de la flamme ? Chacun de nous dissimule-t-il en lui-même ce démon silencieux capable de mener, pendant des années, une existence de dupe ?"

L'auteure nous en parle








Mon avis


C'est un magnifique roman choral que nous propose Delphine de Vigan. Un roman à quatre voix; deux adultes et deux enfants.


Il y a Hélène (prof) meurtri dans son enfance qui sent que quelque chose ne tourne pas rond chez Théo. Elle s'inquiète jusqu'à l'obsession.


Il y a Cécile, la mère de Matthis qui elle aussi s'interroge sur son couple, la relation avec son mari, les souffrances de sa jeunesse; un père alcoolique.

Les enfants :

- Théo qui partage son temps en garde alternée, tantôt chez son père - qui n'est plus que l'ombre de lui-même , qui ne s'assume pas, et a atteint un niveau de déchéance et de pauvreté  extrême - et sa mère aveuglée par la haine contre son père.

-  Matthis son ami qui lui sera loyal.

Les loyautés, que le titre est bien choisi!  Difficile pour un enfant de s'exprimer, de décrire ce qui se passe.  Théo veut rester loyal envers son père et sa mère.  Matthis envers son ami.  Cécile envers elle-même et Hélène vis-à-vis de ses élèves.

Ce livre m'a glacé les os à certains moments de la lecture, ému aux larmes, bouleversé.  On le lit la gorge nouée, la tension est croissante.  Les personnages sont touchants, remplis d'humanité.

Delphine de Vigan a une plume magnifique, l'angoisse monte, elle nous communique l'empathie et développe avec beaucoup de sincérité et de vérité la psychologie des personnages.  Énormément de sensibilité ressentie, d'émotions.

Ce livre secoue, remue.  Il parle de la maltraitance psychologique, permet de comprendre ce qu'un enfant peut ressentir suite aux attitudes des adultes, des dégâts provoqués suite à un divorce.

C'est un gros coup de coeur.


Les jolies phrases

Je les observe par la fenêtre quand ils sont dans la cour, ils forment un seul corps, farouche, une sorte de méduse qui se rétracte d'un coup lorsqu'on l'approche, puis s'étire de nouveau une fois le danger passé.

Un jour, il aimerait perdre conscience, totalement. S'enfoncer dans le tissu épais de l'ivresse, se laisser recouvrir, ensevelir, pour quelques heures ou pour toujours, il sait que cela arrive.
Théo encaisse, corps malingre criblé de mots, mais elle ne le voit pas.  Les mots l'abîment, c'est un ultrason insupportable, un effet Larsen que lui seul semble entendre, une fréquence inaudible qui déchire son cerveau.

C'est étrange, d'ailleurs, cette sensation d'apaisement lorsque enfin émerge ce que l'on refusait de voir mais que l'on savait là, enseveli pas très loin, cette sensation de soulagement quand se confirme le pire.

Il voudrait attendre ce stade où le cerveau se met en veille.  Cet état d'inconscience.  Que cesse enfin ce bruit aigu que lui seul entend, qui surgit la nuite et parfois au  milieu du jour.  Pour cela, il faut quatre grammes d'alcool dans le sang.

Je sais que les enfants protègent leurs parents et quel pacte de silence les conduit parfois jusqu'à la mort.
 Aujourd'hui je sais quelque chose que d'autres ignorent.  Et je ne dois pas fermer les yeux.
 Parfois je me dis que devenir adulte ne sert à rien d'autre qu'à ça : réparer les pertes et les dommages du commencement.  Et tenir les promesses de l'enfant que nous avons été.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Ces loyautés « qui sont nos ailes et nos carcans »
La loyauté de l’enfant envers ses parents, la loyauté dans le couple, la loyauté du professeur envers son élève. Magnifique roman à plusieurs voix. On n’en sort pas indemne.