samedi 24 août 2019

De pierre et d'os - Bérengère Cournut ♥♥♥♥♥

De pierre et d'os     -   Bérengère Cournut  ♥♥♥♥♥


couverture du livre De pierre et d'os

Le Tripode
Parution : 29 août 2019
Pages : 219
Isbn : 9782370552129
Prix: 19,00 €

Présentation de l'éditeur

« Les Inuit sont un peuple de chasseurs nomades se déployant dans l’Arctique depuis un millier d’années. Jusqu’à très récemment, ils n’avaient d’autres ressources à leur survie que les animaux qu’ils chassaient, les pierres laissées libres par la terre gelée, les plantes et les baies poussant au soleil de minuit. Ils partagent leur territoire immense avec nombre d’animaux plus ou moins migrateurs, mais aussi avec les esprits et les éléments. L’eau sous toutes ses formes est leur univers constant, le vent entre dans leurs oreilles et ressort de leurs gorges en souffles rauques. Pour toutes les occasions, ils ont des chants, qu’accompagne parfois le battement des tambours chamaniques. » (note liminaire du roman)

Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n’a d’autre solution pour survivre que d’avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d’une quête qui, au-delà des vastitudes de l’espace arctique, va lui révéler son monde intérieur.

Deux ans après son roman Née contente à Oraibi, qui nous faisait découvrir la culture des indiens hopis, Bérengère Cournut poursuit sa recherche d’une vision alternative du monde avec un roman qui nous amène cette fois-ci dans le monde inuit. Empreint à la fois de douceur, d’écologie et de spiritualité, De pierre et d’os nous plonge dans le destin solaire d’une jeune femme eskimo.

Édition augmentée d'un cahier de photographies.

L'auteure

Bérengère Cournut



Bérengère Cournut est née en 1979. Ses premiers livres exploraient essentiellement des territoires oniriques, où l'eau se mêle à la terre (L'Écorcobaliseur, Attila, 2008), où la plaine fabrique des otaries et des renards (Nanoushkaïa, L'Oie de Cravan, 2009), où la glace se pique à la chaleur du désert (Wendy Ratherfight, L'Oie de Cravan, 2013). En 2017, elle a publié Née contente à Oraibi (Le Tripode), roman d'immersion sur les plateaux arides d'Arizona, au sein du peuple hopi. Dans la même veine, paraîtra en août 2019 De pierre et d'os, un roman sur le peuple inuit, pour lequel elle a bénéficié d'une résidence d'écriture de dix mois au sein des bibliothèques du Muséum national d'histoire naturelle, financée par la région Île-de-France. Entretemps, un court roman épistolaire lui est venu, Par-delà nos corps, paru en février 2019.

Mon avis

Attention pépite ♥

Une très très belle double découverte pour moi - merci Antony - les éditions Tripode  (voir Vigile) et cette pépite "De pierre et d'os".

Son écrin est superbe, une couverture qui invite au rêve, à l'évasion réalisée par Juliette Maroni.  A l'intérieur de cet écrin une plume enchanteresse, poétique qui nous emmène en Arctique à la découverte des Inuits et de leur mode de vie.

Bérengère Cournut nous propose de suivre le destin d'Uqsuralik, une jeune inuit qui suite à de fortes douleurs au ventre, sort de l'igloo en pleine nuit pour découvrir qu'elle est devenue femme.  C'est un bouleversement qui se déroule en elle, une étape.

Tout à coup, un immense craquement et la banquise se fendille en deux laissant d'un côté l'igloo familial, ses affaires, ses attaches.

Son père sort rapidement et lui lance une amulette - une dent d'ours pour la protéger - une peau d'ours et un harpon qui malheureusement se cassera en arrivant à proximité d'Uqsuralik.  C'est tout ce dont elle disposera pour survivre, enfin presque car trois chiots la regardent en grognant ainsi que sa chienne Iksaluk.

Commence alors une longue marche vers la survie, son apprentissage à la vie, sa quête d'identité.  Un magnifique roman d'initiation.

L'écriture est poétique, les différents chapitres entrecoupés de chansons, de complaintes magnifiques.  C'est beau, original, touchant, ce sont des respirations dans ce monde souvent hostile.

C'est l'Arctique, les conditions de vie  difficiles du peuple Inuit qui nous sont contées avec beaucoup de pudeur et de délicatesse.  L'écriture est superbe.

Ce voyage initiatique qui aborde la vie de tous les jours, la chasse, l'errance, la cueillette, les réserves, les constructions des maisons d'été et de glace, la vie communautaire mais aussi la difficulté d'être femme, de trouver sa place, la nécessité de la maternité, l'amour, la mort, la vie et ses traditions.

On vit au rythme des saisons, du temps qui passe, à la rencontre des gens, des tribus.  On découvre la beauté de la nature mais aussi les conditions extrêmes lorsque les éléments se déchaînent, ses dangers.

Un autre aspect très important et non des moindres est mis en avant, c'est le pouvoir des esprits, le monde obscur des chamanes.  C'est fascinant, éblouissant.

Un récit qui sort de l'ordinaire, que je n'ai pu quitter.  Une très belle découverte que je vous recommande vivement.

Un immense coup de coeur

Les jolies phrases

Un iceberg est un monde qui peut basculer à tout moment.

Nous allons loin parfois.  Au-delà de la baie, au pied des icebergs qui passent au large.  Ces géants de glace sont comme des montagnes posées sur l'eau.  Aux heures où le soleil monte dans le ciel, ils sont éblouissants, on ne peut pas les regarder sans se blesser les yeux.  Ils parlent une langue étrange - de succion, d'écoulements et de craquements.  Ils sont plus imprévisibles encore que la banquise.

Nous avons atteint la montagne.  L'homme guidait ses chiens entre les monticules, les crevasses.  La pente glissait sous leurs pattes comme un saumon bien gras dans la gueule d'un ours.  Des larmes de froid coulaient sur mes joues et la lumière s'intensifiait à mesure que nous montions.  D'où nous étions, le rivage apparaissait parfaitement blanc.  Il étincelait même, plus lumineux que la banquise encore grise par endroits.  Au loin, la mer était sombre.  Je ne me souvenais pas d'avoir déjà vu l'eau libre en cette saison.  Sans doute parce que je ne suis jamais montée si haut dans la montagne en hiver.

Ma vieille mère a d'ailleurs décrété qu'elle ne s'approcherait plus de l'eau ni de la glace lisse.  Elle ne veut plus voir son visage. "Quand on a une fille qui s'apprête à avoir des petits-enfants on ne doit plus essayer de regarder ses rides, assure-t-elle.  Ce sont des crevasses profondes dans lesquelles on tombe trop facilement."

Durant ma longue vie d'Inuit, j'ai appris que le pouvoir est quelque chose de silencieux.  Quelque chose que l'on reçoit et qui - comme les chants, les enfants - nous traverse .  Et qu'on doit ensuite laisser courir.



5 commentaires:

Philippe D a dit…

Il y a beaucoup de livres inconnus qui mériteraient de l'être plus !
J'aime la couverture !

nathalie vanhauwaert a dit…

En effet. Ici un éblouissement, une petite merveille comme on aime en découvrir. Il semble que ce soit souvent le cas dans cette maison d'édition. A suivre

Itzamna a dit…

D'accord, je le note : c'est tout ce que j'aime !!!

nathalie vanhauwaert a dit…

Itzamma une pépite

De mot brigitte a dit…

Je le termine. La couverture est superbe, l'écriture est poétique et magnifique en effet.
Pas mécontente de l’avoir découvert mais ça n’est pas vraiment le genre de lecture qui me passionne 😉