vendredi 30 décembre 2022

L'homme qui veille dans la pierre - Alain Cadéo ♥♥♥♥♥

 L'homme qui veille dans la pierre    -    Alain Cadéo ♥♥♥♥♥















Editions la Trace
Parution : 13/09/2022
Pages : 240
EAN : 9791097515713
Prix : 20 €






Présentation de l'éditeur



Plus qu’un roman, ceci est un journal tenu par un artiste peintre casanier tiré de son cocon pour retrouver, il l’a promis, traces de son frère Théo disparu dans une coulée de lave à l’autre bout du Monde, vingt ans auparavant.

Ce journal, entièrement dédié à une petite fille vivant dans ce hameau d’âmes perdues sous la tutelle d’un volcan, est le récit d’un être qui se découvre un amour fou pour l’innocence et la beauté, l’universel de tout instant vécu loin de la glu des peurs, du bruit et de la convoitise

L'auteur : Alain Cadéo




Un passionné sans concession de la vie, des hommes et des rencontres.

Avide de vérité et de sens,

sens des mots, des êtres et des actes…

Ses romans ou plus précisément ses textes

sont des témoignages de sincérité et d’altruisme.

A partager avec des inconnus qui comme lui…

Pas si inconnu, Alain Cadéo est l’auteur de nombreux romans dont les magnifiques textes « Zoé » et « Chaque seconde est un murmure ».



Chez La Trace il a publié "Des mots de contrebande" et "Comme un enfant qui joue tout seul"


Source : éditions la Trace


Mon avis

Retour à Mayacumbra !   Cela fait vingt ans que Théo a disparu sans trop donner de nouvelles.  Théo c'était l'aîné de 4 ans d'Augustin.  Il avait tout quitté du jour au lendemain posant ses maigres bagages dans un coin perdu du monde, dans un village fait de brics et de brocs au milieu de nulle part.  Mayacumbra, au pied du volcan "La Corne de Dieu".  Théo avait bâti sa maison au pied du cratère.  Là dans la montagne, il avait trouvé la paix avec Lita et la nature.  Aujourd'hui, il veille dans la pierre, dans ce rocher de lave dressé comme un colosse au pied du volcan.

Augustin, son frère est si différent, c'est un "frôleur", un pied dedans, un pied dehors, un casanier, une bonne pâte, toujours à l'écoute mais il ne retient rien, les sons glissent et deviennent des couleurs, c'est un artiste solitaire, un peintre.

Il a 38 ans lorsque sa mère quitte ce monde en lui ayant fait promettre d'aller là-bas sur les traces de son frère.

Alors, tel un pélerin, il s'en va. Il arrive à Mayacumbra et découvre 20 ans après Théo, Solstice la garagiste, Balthazart le Crapahuteur, Eusebio un ancien vétérinaire faisant office de médecin.  il découvre le Kokinos - l'épicerie-quincaillerie-bar - de Cyrus et la mère Talloche.   Il rencontre les âmes cabossées, perdues, oubliées,  ayant élu domicile, là, au milieu du néant, dans la boue, la gange, là où le capitan souffle et où la terre tremble aux hocquets de la Corne de Dieu.  

Mais surtout il va y rencontrer Maria, la fille de Théo et la petite Lina.  Une rencontre qui va changer sa vie. 

C'est sous forme d'un journal qu'il écrit à Lina, sa nièce, celle qui le nomme Grand-père.  Avec elle, il va découvrir le sens de la vie et de l'amour.


"Tout l'amour que j'ai si mal ou si peu distribué jusque là, s'est niché tout entier dans ta seule existence"

Cet amour, il le traduit dans une caverne.  À l'intérieur, ses peintures rupestres, signe d'amour, lui permettent de renouer avec ses intuitions, il quitte le monde civilisé pour le sacré et retrouve ses peurs ancestrales, et il ressent le monde comme jamais avec Lina.  

Partage de la beauté du monde par l'art, la peinture, la littérature, la création.

Un très beau voyage au plus profond des éléments et des sentiments.  Un voyage qui peut se faire indépendamment de "Mayacumbra" mais qui le complète bien.  Un voyage avec des mots choisis, ciselés, modelés comme jamais par l'orfèvre des mots. 

C'est beau, touchant, émouvant.

Ma note : 9.5/10



Les jolies phrases

J'avais enfin charge d'âmes et ma relative indifférence native se mua d'un seul coup en un amour dont jamais je ne me serais cru capable. Comme quoi... déplace ton centre de gravité et tu découvriras, ailleurs, bien loin de ta quiétude, sur les franges de l'inconnu, des tonnes d'or dont jamais tu n'aurais soupçonné l'existence si tu n'étais pas sorti, hébété, de ta mine de plomb.

Tout l'amour que j'ai si mal ou si peu distribué jusque là, s'est niché tout entier dans ta seule existence.

Tout est cadeau mais seulement pour ceux qui n'attendaient plus rien.

Il y a de la lumière dans le regard de certains hommes. Plus que de la lumière, il y a de la chaleur. Ceux-là seuls sont bons et généreux, qui vous transmettent, sans calcul ni méfiance, la récolte fruitée de leurs vies. Ils vous en font cadeau, sans en avoir même conscience. Et c’est à prendre, aussi sec, sans chichis, sans réserve, au goulot, comme une rasade d’alcool pur.

Parce que tu es absente, là-bas, dans ton beau collège blanc, je ne peux m'empêcher de tricoter des mots, pour ne pas rompre le fil de nos voix aimant tellement se faire des confidences. 

Je me demande aussi souvent, dans ce lieu moussu et maternel, ce que peignent et dessinent les embryons et les foetus dans le ventre sucré de leurs mères.  L'oeuvre en gestation, l'esquisse première de ces étranges cosmonautes, tournant, ruant, dansant, dans le liquide amniotique est peut-être une formidable synthèse de tout l'univers.  Et si nous ne faisions, une fois nés, que vaguement nous souvenir d'une perfection perdue ?  Il n'est pas si facile de passer du royaume de l'apesanteur, de la grâce d'une danse liquide à la grotesque lourdeur de bipèdes soumis à la loi de gravitation.

Et puis tu sais, je ne m'ennuie jamais.  J'ai mes plantes, mes liqueurs que vous aimez bien, mes livres, ma vie, tous les voyages que j'ai faits avec mon cher époux.  Ma tête est une mappemonde qui tourne, tourne, pleines d'images.

L'habitude est un poison.  Les souvenirs sont des pièges.  Mayacumbra, à ce titre, est une vraie toile d'araignées, un bol boueux qui ne mérite d'être habité que par des fantômes.  Ce qui est neuf pour moi, c'est ce que tu m'as révélé.

Le seul vrai cadeau que nous offrent l'isolement et la solitude est un puissant imaginiaire draguant les gouffres de l'esprit.  Ce sont des vagues lourdes, déposant sur les plages de nos consciences neuves, toutes sortes de monstres remontés des grands fonds.  À nous ensuite d'en faire des colliers fantaisie, comme la joie d'un zoo ayant brisé ses cages, une nouvelle espèce créant sa liberté.

L'amour est un cadeau tombé du ciel qui fait fuir toutes les ombres.  Et on se sent tout neuf et plein de force.  L'amour ne s'apprivoise pas, ne se confine pas.  Il est une surprise éternelle, l'équation parfaite entre le temps réel et le temps rêvé.

Rien n'est plus revigorant enfin, que de omprendre d'où on vient, où l'on va et pourquoi.  Rien n'est pire que de ne pouvoir accéder en conscience à la clarté de son destin.  


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