La Trace
Collection : Textes
Parution : 26 mai 2021
Pages : 144
Isbn : 9791097515416
Prix : 16 €
Présentation de l'éditeur
Qui souhaiterait recevoir les mails délirants d’un parfait inconnu prétendant être une âme perdue entre Ciel et Terre ?Comment et pourquoi ces satanés messages ne s’effacent qu’une fois lus ?Qui répondrait à cette farce inquiétante et macabre d’un étranger dérangeant, un fantôme, devenant objet de haine, de sarcasmes ou d’amour ?
« L’écriture inclassable d’Alain Cadéo,alchimiste des mots est d’une profondeur inestimable »
L'auteur : Alain Cadéo
Un passionné sans concession de la vie, des hommes et des rencontres.
Avide de vérité et de sens,
sens des mots, des êtres et des actes…
Ses romans ou plus précisément ses textes
sont des témoignages de sincérité et d’altruisme.
A partager avec des inconnus qui comme lui…
Pas si inconnu, Alain Cadéo est l’auteur de nombreux romans dont les magnifiques textes « Zoé » et « Chaque seconde est un murmure ».
Chez La Trace il a publié "Des mots de contrebande" et "Comme un enfant qui joue tout seul"
Source : éditions la Trace
Mon avis
Alain Cadéo est incontestablement un "orfèvre des mots". Sa langue se mérite, elle est juste "inclassable", "magnifique".
Dans ce récit, il partage avec nous ses pensées et réflexions par le biais de Gaspard Staccato, une âme errante entre deux mondes, errant à l'infini entre deux rives : la vie et la mort.
Si techniquement il n'est plus, son âme elle, ne peut s'empêcher de penser et de partager celles-ci avec des inconnus...
Impossible en effet d'arrêter de communiquer c'est essentiel pour lui, (j'aurais même envie de dire vital !), il va le faire de façon originale..; En effet, ses pensées et réflexions parfois complexes et indigestes du premier abord car elles nécessitent un temps d'infusion... vont se concrétiser par des SPAMS dans les boîtes mail d'inconnus.
Singularité, il est impossible de les supprimer sans les avoir lus, ils vont donc interpeller, irriter, fâcher, pousser à la réflexion, mûrir pour percuter et pousser certains quidams à y répondre... A attendre de nouveaux messages afin de partager encore...
Partager des états d'âme, des réflexions sur la vie, son sens, sur l'après.. et ricocher en miroir sur nos propres vies à nous lecteurs.. ou aux destinataires des messages...
Noirceur de l'âme, du monde, solitude à combler avec une écoute et une ouverture au dialogue.
On lit et se laisse emporter par cette prose poétique, hors du commun que j'affectionne beaucoup. Les pensées de Staccato ont leurs détracteurs, leurs suiveurs, suscitent compassion, pitié, sympathie ou exaspération mais ne laissent pas indifférents. Cette âme continue à être sans exister, reconnaissance des mots qui touchent, qui libèrent.
Les jolies phrases
Une idée passe, elle s'inscrit, une fois lue elle s'évapore, disparait.
L'actif est à lui seul un monde en furie, dévastant le silence avec mille alibis. Il est utile lui !
Qui n'a pas eu envie d'entendre son voisin gueuler comme un porcelet que l'on va trucider, après s'être coupé deux doigts avec sa saleté de scie sauteuse? Le bon calme qui suit est un baume, une douceur nous permettant d'accéder à une certaine compassion. On lui pardonne enfin tandis qu'une ambulance conduit le malheureux estropié vers l'hôpital, deux doigts dans le sachet.
Je ne sais pas qui c'est, ni où il veut en venir, mais au fond j'aime bien ces petits mots du matin. C'est comme des confidences sussurrées d'un vieil amant qu'on avait oublié... Il a raison pour les regrets. On en est plein. On n'ose même pas en parler. J'aurais voulu avoir dix vies. Ah oui, je les aurais toutes bien remplies. Qu'est-ce que j'aurais pas fait !
Les mots sont chiens en liberté qui ont tôt fait, si on lâche la bride de devenir sauvages, enragés.
Ce ne sont pas nos actes qui nous suivent, ce sont les mots qui les dessinent.
Et moi, petit tireur d'épines, chaque mot prononcé me délivre d'une aigreur, d'une joie, d'une honte, d'un plaisir, d'une peur, et je suis chaque fois soulagé, plus léger, neuf , lavé, comme un enfant qui vient de naître.
Bienheureux les absents, les en-dehors de tout, les étrangers du Monde, les beaux indifférents qui passent nez en l'air, badauds et promeneurs qui s'amusent d'un rien et que le drame effleure sans jamais les toucher.
L'inconnu est le nid de nos terreurs, le mal de mer de nos attentes, le rhum et le roulis de nos joies les plus entières. Comme une ivresse et nausée permanentes.
A contrario, les mots vivants, petits ou grands, capsules d'oxygène, vont, viennent, grouillent, bourdonnent et finissent le soir par former un essaim bien tiède et ventilé autour de cet ultime "moi" qui en est tout à la fois la reine et sa pondeuse d'ouvriers. "Les mots vivants..."
Faut-il l'éternité pour découvrir qu'une seconde peut contenir tous les sentiers, toutes les joies, d'un seul coup révélés ? C'est nous qui sommes nos propres geöliers.
Cette poésie, votre chant d'âme en peine, c'est comme de l'amour. Vous nous donnez à voir un paysage, un rêve, un mouvement, comme une expression de la vie intérieure, proche et inacessible... Si nous pouvions tout voir, il n'y aurait sans doute plus rien à dire.
Chaque humain est un Monde, une carcasse maigre et chancelante habitée par un géant heureusement anesthésié, qui somnole, s'étire, ouvre un oeil, se rendort.
Au fond Gaspard, ce qui nous retient, c'est le doute. Et l'éternité n'appartient qu'à ceux et à celles qui osent encore l'affronter, le réduire à néant. Les inventeurs, les audacieux, les découvreurs, sont les seuls procréateurs d'un autre Monde enfoui sous le fumier des certitudes.
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