mardi 22 août 2023

Le plus court chemin - Antoine Wauters ♥♥♥♥♥

Le plus court chemin   -   Antoine Wauters  ♥♥♥♥♥



 
















Verdier
Collection jaune
Parution : 24 août 2023
Pages : 256
Isbn : 978-2-37856-177-2
Prix : 19.50 €

Présentation de l'éditeur


Que se passe-t-il lorsqu’un auteur, qui a beaucoup écrit sur l’enfance, remonte le fil d’argent de sa propre enfance ?

Le Plus Court Chemin est un hommage aux proches et la tentative de revisiter avec les mots ce vaste monde d’avant les mots : les êtres, les lieux, les sentiments et les sensations propres à cette époque sur le point de disparaître, les années d’avant la cassure, d’avant l’accélération générale qui suivra la chute du mur de Berlin.

Raconter l’existence dans les paysages infinis de la campagne wallonne, dire l’amour et le manque. Car écrire, c’est poursuivre un dialogue avec tout ce qui a cessé d’être visible. Par-delà la nostalgie.


Mon avis

C'est un livre très personnel que nous propose Antoine Wauters qui revient sur son enfance mais il est tout autant universel en nous ramenant à la nôtre, à ce qui est perdu, ce qui a été, ce qui nous constitue mais n'existe plus qu'en souvenir.

Antoine se souvient de son enfance dans un petit village des Ardennes belges, il nous parle de ses terrains de jeux avec son frère Charles, de la ferme, de la connexion très forte à la nature qui le nourrit.

C'était rigueur et sobriété, amour mais aussi silences, silence du grand-père, silence du père , silence qui lui ressemble.

Il nous parle d'amour, de manque, de ses doutes, de sa nostalgie , de la recherche du bonheur par l'écriture qui le lie à la vie.

Il décrit sa peur viscérale de la mort de sa maman mais aussi son mal être qui l'en approchait, de ce qui l'a tenu en vie, ce fil ténu qui est l'écriture.  L'écriture est le plus court chemin qui mène aux autres, celui qui permet depuis tout petit, d'être "plusieurs dans sa tête", de le relier à son enfance, à ce qui n'est pas mort de l'enfance.  Le pouvoir de l'écriture qui lui permet de dépasser ce mal-être, à ne pas être soi et l'être à la fois avec certains personnages.

Ces souvenirs, comme des polaroïds de l'époque nous ramènent avec nostalgie à ce qui n'est plus, à une ère révolue, aux années 80.

Avec beaucoup de sensibilité, une écriture poétique, magnifique, on retrouve  avec bonheur ces temps oubliés, ce qu'il a été, ce qui l'a construit et fait ce qu'il est aujourd'hui.

A découvrir !

Ma note : 9.5/10

Les jolies phrases

Questions : poursuit-on par nos propres silences des silences entamés plus tôt ? Y a-t-il une communication invisible des silences ? Dans quelle mesure sommes-nous, ou non, l'amplification des fatigues, blessures et "noeuds" de nos ancêtres ? 

En écrivant ces lignes, je ne fais que poursuivre cette création-là, comme un funambule sur le fil de ces voix emmêlées remontant du passé, à moitié effacées et pourtant toujours là.  L'écriture est ce fil posé sur l'oubli.  Et le risque, je crois, est peut-être moins de chuter dans l'oubli que dans la mémoire. De ne plus en revenir.  Ce serait alors une autre forme d'oubli.  Echouer dans le souvenir par refus d'oublier.  Descendre dans l'écriture sans pouvoir en remonter.  Être piégé.

J'ai longtemps vécu, et vis encore, avec le sentiment que les mots sont la seule vraie présence en moi. (...) C'est un pays, un lieu qui me devance et vers lequel je tends.  Le seul endroit où l'on peut me trouver - et le seul où je me trouve.  Partout ailleurs, je n'y suis pas.  Je n'ai lieu que là.

On marche pour entendre de qu'il y a avant soi.

L'art se pratique au dos du monde, toujours.  Et que l'envers est l'endroit le plus précieux.

Nous ne sommes pas nés heureux, nous avons appris à l'être.

L'écriture m'a beaucoup donné et elle m'a beaucoup pris.  Ce qu'elle m'a donné de meilleur ? Une voie parallèle.  Ce qu'elle m'a pris de plus précieux ?  La voie principale, celle qui menait aux autres.

Parfois, j'en veux aussi à mes livres, au fait que, une fois imprimés, je deviens otage de ce qui devait me rendre si libre, otage de la parole, alors que je tente seulement de cultiver un peu de silence. 

L'idée folle de tout type qui écrit ?  Être heureux sans le secours des mots.

Je sais qu'écrire, c'est se traverser de part en part en acceptant tout ce que l'on croisera, tout ce que l'on touchera du doigt et que l'on entendra.  Même ce qu'il y a de plus terrible.  Car cela, il faudra parvenir à l'aimer.

Avant d'être un acte d'expression, écrire est un acte d'écoute.  Il faut longtemps se taire et apprendre à entendre, puis seulement parler.

Je regarde le mur, je respire la glycine et je comprends, à cette seule impossibilité de me détruire, que je suis tenu à moi comme un chien à une laisse, et que cette servitude s'appelle vivre. J'ai cessé d'être un enfant ce jour-là.

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