Psychopompe - Amélie Nothomb
Parution : 23/08/23
Pages : 162
EAN : 9782226485618
Prix : 18.90 €
Présentation de l'éditeur
"Ecrire, c'est voler."
Amélie Nothomb
Mon avis
Déroutant ! c'est le premier mot qui me vient !
J'ai écrit une chronique et elle ne me plaisait pas, c'est sous forme de lettre adressée à Amélie que j'ai envie de vous parler de ce dernier opus d'Amélie Nothomb.
Chère Amélie,
Envie de vous écrire pour partager mon ressenti au sujet de votre dernier roman. Sachez que vous m'avez complètement déroutée.
Ce conte qui ouvre le roman, une espèce de "Barbe Bleue" à l'envers m'a enchantée et je me suis dit que c'était très prometteur, et puis, comment dire j'ai eu l'impression que le soufflé était retombé, je n'ai pas compris de suite où vous vouliez nous emmener. Je vous avoue que cela m'a même un peu ennuyé toutes ces descriptions aviaires mais en même temps votre style si particulier m'a donné envie de continuer. Je sentais que vous vous dévoiliez, que votre manque du père m'émouvait.
J'ai suivi vos voyages, d'ambassade en ambassade - Chine, Bangladesh, Birmanie, ... - et puis soudain j'ai compris le cheminement de l'écriture, la difficulté de trouver votre voie, votre place en littérature, la difficulté réelle tout comme le vol d'un oiseau.
Votre récit, c'est un peu votre testament littéraire, la naissance d'une écrivaine mais aussi et surtout la recherche de sa légitimité.
Psychopompe, ce lien vers les âmes disparues qui a conduit à l'écriture de deux romans - "Soif" en 2019 et "Premier sang" 2021 - cette force c'est le chemin.
Le dernier tiers du roman m'a émue, ce lien, cet amour profond au père, dire "je t'aime" aux gens qu'on aime est difficile surtout pour la génération de nos parents.. C'est ce geste fort qui a ouvert une porte où s'est engouffré votre amour mutuel.
Au fil de vos romans, vous prenez de l'épaisseur, votre plume devient pour notre bonheur plus philosophique. Ne changez rien Amélie, on vous aime et vos mots nous touchent.
Bien cordialement.
Nathalie
Les jolies phrases
Désormais, écrire, ce serait voler.
Le rossignol du Japon est un oiseau somptueux. Vêtu d'un kimono multicolore, il chante comme une diva. On se doute que je ne parvins pas à lui ressembler. Je tiens davantage du merle, de par la noirceur de mon plumage mais aussi au côté expérimental de mon chant. Singulier artiste que le merle, capable du meilleur comme du pire.
pp106 et 107
Je voulais vivre au présent, comme lui. Je lui empruntai sa stratégie : effectuer au quotidien ce qui vous semble aussi improbable qu'impossible. Plusieurs heures par jour, il me fallait aller au-delà de mes forces, atteindre cette allure où l'écriture s'évade de tout ancrage, se déploie et renouvelle à chaque seconde le miracle qui lui permet de tenir un instant supplémentaire. Celui qui vit un danger aussi permanent connaît le présent absolu.
Le chant du matin d'hiver échappait à l'invitation amoureuse, il était chant de survie. Ce merle transi de froid inventait une beauté plus haute pour détourner ses sens de la souffrance. Chanter pour apprivoiser le gel, quel héroïsme !
Si l'oiseau symbolisait la liberté, ce devait être une erreur. Il ne devait pas être si libre qu'on se le représentait. Et surtout, ce n'était pas la cause de ma métamorphose. Celle-ci resterait inconnue. La liberté, je la convoitais, certes. Mais j'avais l'instinct qu'elle n'était pas ce que l'on croyait. L'oiseau en vol donne une puissante image de liberté, mais cette liberté, il devait la conquérir au prix d'efforts terribles.
Qu'est-ce que voler sinon s'adonner à l'ivresse du vide ?
Les aspirants écrivains ont tous connu cela : relire le lendemain ce que la veille on avait tracé en proie à l'extase et s'apercevoir que le sillon de la charrue ne porte aucune marque de l'élévation vécue. Pire : que ce n'est pas l'utile sillon d'une charrue, que ce n'est rien, littéralement rien.
Pouvoir différencier le détail qui compte de celui qui leste, le mot puissant du mot encombrant : un art qui prend des années.
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