Rue de la grande truanderie - Une enfance au familistère
JD Morvan - Rousseaux Perin
Parution : 02/04/25
Scénario : Jean-David Morvan
Dessin : Romain Rousseaux Perin
Couleurs : Hiroyuki Ooshima
Pages : 64
ISBN 978 2 8189 6901 4Prix : 15.90 €
Présentation de l'éditeur
Il voulait fournir l’équivalent de la richesse à la classe ouvrière.
Elle voulait une utopie durable.
Jeune indigente parisienne, Glannes a été adoptée par Jean-Baptiste Godin à Guise, dans son Familistère, un établissement dans lequel les ouvriers de son usine et leurs
familles vivent en communauté dans un confort qui leur était jusqu’alors inaccessible.
Mais en grandissant, la jeune femme pressent que la fin de cette utopie réalisée est inévitable, car le progrès technique finira par rendre les poêles obsolètes, et les profits
en baisse marqueront la fin de ce formidable modèle de société.
En butte avec les intégristes du lieu, elle est renvoyée à Paris, où elle retrouve ses compagnons d’infortune : prostituées, mendiants, voleurs, travailleurs journaliers... Pour aider les habitants de l’ancienne cour des miracles, Glannes décide de mettre en pratique les idées que son mentor, Godin, lui a inculquées, en utilisant les “métiers”
de ces rebuts de la bonne société. Car leurs activités à eux sont éternelles.
Romain Rousseaux Perin
Dessinateur de bande dessinée autodidacte, Romain Rousseaux Perin est né et a grandi à Charleville-Mézières, dans les Ardennes. A l'âge de 11 ans, les médecins lui diagnostiquent une maladie de Sever, qui se double d'une algodystrophie. Il passera au total cinq ans en fauteuil roulant et en béquilles. Très limité dans ses déplacements, il tue alors le temps en se plongeant dans le dessin. Plus tard, il se forme au contact d'auteurs professionnels rencontrés lors de salons. C'est à l'occasion d'une séance de dédicaces à Reims, en 2017, qu'il croise la route de Jean-David Morvan. Avec lui et d'autres créateurs de bande dessinée, il cofonde l'atelier The Tribe. Dans la foulée, il participe à l'album collectif Reims, qui sort aux éditions Petit à petit. A cette époque, Romain n'envisage pas encore de faire de sa passion un métier. Ce qui ne l’empêche pas de vouloir tout de même réaliser ses propres histoires en bande dessinée... Pour assurer ses arrières, il suit des études d'architecture, avant de décrocher un doctorat en sociologie. Il est aujourd'hui maître de conférences en sciences sociales à l’école d’architecture de Nancy, et enseigne le dessin à l’université populaire européenne de Strasbourg. Installé à Niederbronn-les-Bains, en Alsace, il n'en a pas pour autant oublié son amour de jeunesse. Et en 2025, il publie sa première bande dessinée professionnelle : Rue de la Grande-Truanderie. Scénarisé par Jean-David Morvan, le diptyque paraît chez Grand Angle.
JD Morvan
Né en 1969, Jean-David Morvan est l’un des scénaristes de BD les plus prolifiques de sa génération. Il s’est d’abord essayé au dessin mais abandonne les études pour devenir scénariste. Il publie ses premiers textes dans un fanzine où il rencontre Yann Le Gall avec qui il écrira en 2001 la série Zorn et Dirna. Il entre dans le catalogue Glénat en 1994 en publiant Nomad avec Sylvain Savoia. En 1998 la série Sillage, avec Buchet au dessin, remporte un succès immédiat. Il est l’auteur des séries Troll, HK, Al Togo, Reality Show et Je suis morte. En 2009 il remporte un Silver Award au Prix international du manga pour l’album Zaya. Chez Glénat également, il scénarise : Sherlock Fox (dessin de Du Yu), SpyGames (dessin de Jung-Gi Kim), les albums de la collection « Ils ont fait l'Histoire » consacrés à Jaurès et Louis XIV, un titre de la série Conan le Cimmérien et toutes les adaptations des ouvrages de Vernon Sullivan (alias Boris Vian). En 2021, il scénarise Le moine mort T1 et La Geste des princes Démons T2. Entre 2017 et 2020, il retrace chez Glénat, le combat humaniste d'une héroïne oubliée pendant l'Holocauste à travers Iréna, une série très remarquée. A l’occasion de la sortie de Madeleine, résistante chez Dupuis en 2022, Jean-David Morvan est récompensé par le prestigieux Prix René-Goscinny. La même année il publie Simone, un biopic bouleversant avec David Evrard récompensé par le Prix des collèges au Festival d’Angoulême en 2023.
Mon avis
Paris 1864, Jean-Baptiste Godin est en visite à Paris. Glannes, âgée de 8 ans est interceptée, elle vient de voler la montre de cet industriel qui va la prendre sous son aile et l'emmener à Guise au Familistère où elle passera son enfance.
Jean-Baptiste Godin a fait fortune dans la fabrication de poêles en fonte. En 1842 il avait découvert les théories de Charles Fourier, un penseur social utopique qui avait imaginé un projet de vie communautaire : le phalanstère. Ce projet fut un échec mais Godin à partir de 1859 a décidé de construire le familistère à Guise près de son usine. Objectif, penser au bien-être de ses travailleurs, partager de cette manière les bénéfices de son industrie. Il a conçu des logements confortables avec chauffage et eau courante, un dispensaire, une crèche, école, buanderie et même une piscine et un théâtre.
Glannes en profitera durant son enfance et cela ne plaira pas vraiment à Emile, le fils de Jean-Baptiste Godin.
On se retrouve à Paris en 1883, une certaine Madame Fourier essaie elle aussi de rendre une justice sociale pour ses travailleuses, rue de la Grande Truanderie. Mais un certain Caïus ne l'entend pas de cette oreille.
J'ai mis un peu de temps à rentrer dans le scénario et à faire les liens entre les deux époques mais le dessin magnifique m'a séduit en particulier pour le côté architectural, les traits sont fins, très réalistes. C'est expressif et joliment mis en couleur par Hiroyuki Ooshima.
J'avais très envie d'en savoir plus sur ce familistère utilisé jusqu'en 1968, un endroit que j'aimerais visiter à l'occasion. Magnifique récit construit sur une utopie sociale.
Ma note : 8.5/10




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