Entre toutes - Franck Bouysse
Albin Michel
Parution : 20 août 25
Pages : 288
EAN : 9782226465740Prix : 21.90 €
Présentation de l'éditeur
Franck Bouysse, une fois n’est pas coutume, livre avec une pudeur saisissante l’histoire de sa famille et prouve ici qu’il est aussi talentueux dans le récit de l’intime que dans la fresque romanesque. C’est beau et déchirant, c’est plein d’allégresse et de tragique : c’est la vie comme elle va. saisissante parmi cette " bande d'humains " dont personne n'avait raconté sans clichés le travail au jour le jour, " les pieds dans la merde et la tête dans les étoiles ".
Franck Bouysse
Franck Bouysse est né et vit en Corrèze. Il a publié une quinzaine de romans couronnés par de nombreux prix, dont Grossir le ciel (La Manufacture de livres, 2014 ; Prix SNCF du polar, Prix Michel Lebrun, Prix Lire en poche…), Plateau (La Manufacture de livres, 2016), Glaise (La Manufacture de livres, 2017 ; Prix des lecteurs de la Foire du livre de Brive), Né d’aucune femme (La Manufacture de livres, 2019 ; Prix des libraires, Prix Babelio, Grand prix des lectrices de Elle…), Buveurs de vent (Albin Michel, 2020 ; Prix Giono) et Fenêtre sur terre (Phébus, 2021).En 2022, avec Été brûlant à Saint-Allaire, il écrit son premier scénario original de bande dessinée pour le dessinateur Daniel Casanave. Source : Albin Michel
Mon avis
"Entre toutes" c'est l'histoire de Marie, la grand-mère de Franck Bouysse née en 1912 et ayant quitté ce monde la veille de ses 88 ans. C'est une traversée du siècle passionnante qui rend ce roman universel. À travers l'histoire de Marie, ce sont nos aïeuls que l'on retrouve, nos racines.
Marie a vécu sa vie entière dans une petite ferme du Sud-Ouest. Elle a reçu l'amour de sa mère, Anna, une femme forte, aimante, taiseuse, travailleuse, attachée à la terre, devant comme Marie plus tard, faire face à l'absence des hommes. Marie a traversé deux guerres, l'absence du père très tôt, parti à la guerre lorsqu'elle est âgée de deux ans. Elle devra faire face au silence du père, se construire et plus tard devenant mère transmettre à son tour sa force, son amour.
C'est un livre d'ambiance, d'atmosphère, une épopée, la traversée d'un siècle à travers le regard des femmes, c'est leur vie à la campagne, l'attachement à la terre, une vie de labeur où elles doivent faire face à l'absence des hommes, être fortes. C'est aussi les joies, les drames et la vie qui continue coûte que coûte, le poids de la religion, l'avènement du progrès mais c'est aussi l'amour, celui qui arrive par une voix, celle de Clément. Un amour qui construira la vie de Marie, un amour qu'elle transmettra à ses enfants, toujours dans la dignité.
L'écriture est fluide, poétique, pudique et puissante. Elle est d'une grande justesse, d'une grande humanité. Ce roman est sublime, on ne le lâche pas car il est universel.
Magnifique récit, je n'ai pas envie de vous en dire plus, pour vous laisser découvrir cette petite merveille que je ne suis pas prête d'oublier.
Immense coup de ♥
Les jolies phrases
Seuls les pères pouvaient abandonner leur famille sans raison valable, les mères, jamais.
Il était aussi absent de sa vie. La seule parade qu'il avait trouvée pour préserver sa famille de son propre effondrement.
Je ne sais pas où va ce monde, s'il retiendra la leçon. Je ne suis pas bien confiant, tu sais. Le passé ne plaide pas en faveur de la paix. Quand il s'agit de tuer son prochain, l'homme est sacrément inventif. Il en a fait une industrie. Y a aucune raison que ça change. C'est terrible de constater que la mort fait vivre des gens, que ces gens-là font tout pour qu'une guerre revienne les engraisser.
Ils pensaient que le progrès et le changement étaient deux choses différentes, qu'ils parviendraient à maîtriser le premier afin qu'il ne modifie en rien les fondations millénaires. Pensaient être capables d'en prendre les bienfaits et d'en rejeter les dommages. Ils se trompaient, évidemment.
Les parents sont des rochers sur lesquels les enfants s'accrochent jusqu'au bout, même devenus vieux à leur tour.
Satanée vie ! Il faut perdre ce qu'on aime pour l'aimer encore davantage, si c'est possible.
Tu sais, quand je me retourne, je me dis que ce n'est pas le travail, ni ce qu'on fait, qui donne du sens à la vie ... c'est les gens qu'on aime et qui nous aiment...le restant, c'est que de l'occupation, du remplissage, du pas vraiment important, qu'on met en avant parce qu'on nous a éduqués ainsi...


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